Réalisé par Tom Hooper
Avec
Dafne Keen, Amir Wilson et Ruth Wilson
Édité par HBO
Dans un monde dominé par le Magisterium, un organisme gouvernemental régi par l’Eglise, chaque être humain possède un Daemon, sorte de créature représentant notre âme et conscience sous forme animale. Lyra, une jeune orpheline rebelle, vit à Jordan College, un des établissements de l’Université d’Oxford. Lorsque son meilleur ami disparait, Lyra décide de partir à sa recherche. Sa quête la mènera dans les Royaumes du Nord où elle découvrira un complot impliquant des enlèvements d’enfants et des expériences scientifiques secrètes liées à une mystérieuse particule : la Poussière.
DAEMONS ET MERVEILLES
Best-seller absolu en Angleterre de 1995 à 2000, la trilogie littéraire « À la croisée des mondes » (« His Dark Materials ») signée Philip Pullman et visant plutôt au départ les jeunes adultes, a vite attiré les envies d’adaptations, d’autant plus que ses thèmes fantasy et son ton très sérieux ont vite attiré un public plus adulte, tout comme pour la saga Harry Potter.
Radio dès 2003 puis théâtre l’année suivante, le cinéma a vite emboîté le pas avec À la croisée des mondes - La Boussole d’Or qui devait être le premier film d’une trilogie suivant assez strictement l’intrigue des livres, à la demande de son auteur. D’une grande qualité esthétique (il recevra plusieurs récompenses techniques dont l’Oscar 2008 des effets spéciaux) et servi par un casting de choix (Nicole Kidman, Eva Green, Daniel Craig, Sam Elliott, Christopher Lee) le film de Chris Weitz (Twilight - Chapitre 2 : Tentation) est pourtant un échec commercial pour New Line Cinema, ce qui précipitera sa banqueroute et son rachat par la Warner. Et pourtant, c’est bien New Line Cinema que l’on retrouve au rang des producteurs de la nouvelle adaptation, pour le petit écran cette fois, His Dark Materials (À la croisée des mondes) dont la saison 2 vient de démarrer.
Plus respectueuse de la critique religieuse que le film qui en était presque totalement expurgé, cette série co-produite par HBO et la BBC, prend un ton bien plus sérieux et sombre que l’adaptation pour le grand écran en respectant au plus près le matériau littéraire, sans éviter quelques interprétations ici et là. Fait extrêmement rare dans le monde des séries, le scénario de toute la saison est écrit par une seule et même personne, Jack Thorne (Skins), fan des romans. Il en résulte une série très cohérente qui s’adresse, comme les livres, à un large public en abordant des questions existentielles, spirituelles, idéologiques, le tout ancré dans un univers d’aventures fantastiques qui répond à des lois bien précises que l’on se délecte de découvrir au fil des épisodes.
Très soignée, la série n’est pas avare de décors somptueux, de costumes et accessoires magnifiques, et de véhicules d’un autre monde, dont l’existence est rendu possible par les effets spéciaux incontournables et omniprésents, notamment pour les Daemons, ces âme-nimaux très réalistes à l’animation impeccable.
La qualité de la série doit également évidemment à son casting qui aligne des acteurs intenses et instantanément captivants : James McAvoy (Wanted, X-Men (Films)), Ruth Wilson (révélée par Jane Eyre et confirmée par Luther ou The Affair), ou encore Andrew Scott (le génial Moriarty de Sherlock), sans oublier Dafne Keen (étonnante dans Logan) dont l’adolescence aura imposé que les deux saisons actuellement en boîte soient tournées dans la foulée.
Couvrant chacune un livre de la trilogie, les deux saisons seront donc suivies d’une troisième, déjà en développement mais dont les nécessités techniques couplées à la crise sanitaire risquent d’accoucher d’un délai bien plus important que celui entre les deux premières.
Mais avant d’en arriver là, cette première saison de His Dark Materials - À la croisée des mondes est bel et bien là, avec son univers envoutant et ses personnages troublants, à découvrir sans attendre en cas de goût prononcé pour la Fantasy.
C’est un étui carton à la finition mat et au léger embossage sur le titre et sur la silhouette de l’ours Iorek Byrnison qui abrite le boîtier Blu-ray standard dont la jaquette propose un visuel alternatif avec le casting principal de la saison. Jaquette qui propose à son verso, la liste des épisodes et des bonus agrémentée de quelques photos. Les deux disques à la sérigraphie austère sont logés dans les parois du boitier, un de chaque côté. Les menus des disques sont basiques, fixes et non sonorisés, comme souvent chez Warner.
On peut voir deux parties dans les bonus de cette saison. D’un côté 8 featurettes qui couvrent rapidement mais toujours de façon intéressante divers aspects de la fabrication de la série ou donnent la parole aux acteurs. On y sent, sans véritable langue de bois, une passion, un enthousiasme et un dévouement qui débordent de l’écran. Ces featurettes sont toutes réunies sur le premier Blu-ray, elles sont sous-titrées et totalisent déjà 30 minutes de coulisses dont l’excellente intégration des Daemons. Pas de spoilers ici il est donc possible de les visionner avant les épisodes.
Sur le second Blu-ray se trouve un unique bonus de 33 minutes Réaliser His Dark Materials qui, comme son nom l’évoque, s’attarde plus longuement et surtout plus tranquillement sur le processus de création de la série, avec d’inévitables et nombreuses redondances avec les featurettes, mais qui renforce encore le côté fans dévoués de toute l’équipe et même de l’auteur Philip Pullman. À choisir, on peut préférer visionner ces informations sous cette forme moins saucissonnée et plus riche que les featurettes, notamment pour les décors, les costumes et les effets spéciaux dont les animaux en images de synthèse.
Tournées avec des caméras Arri Alexa et Sony CineAlta Venice, avec une définition oscillant entre 4.5 et 6K, les images de His Dark Materials - À la croisée des mondes sont à tomber de précision. L’immersion dans cet univers fantastiques est amplement facilitée par la richesse des décors, costumes et accessoires dont la caméra s’approche parfois vraiment très près (notamment pour l’aléthiomètre) et en donne une parfaite retranscription à l’écran. L’encodage AVC des Blu-ray ne trahit jamais ce fabuleux travail.
Plus que jamais, il est largement préférable d’apprécier cette série en VOST, non seulement parce que les acteurs ont presque tous des accents incroyables, mais aussi parce que l’encodage est en DTS-HD Master Audio 5.1, avec des effets et ambiances riches et bien mesurées, ainsi que des dialogues impeccablement mixés, sans oublier quelques coups de basses bien placés. La VF, est non seulement en simple Dolby Digital 5.1 avec une scène sonore forcément plus maigre que la VOST, mais propose également un doublage qui a beaucoup moins de panache.
Crédits images : © Bad Wolf, BBC, HBO, New Line Cinema, Scholastic