Le Violent (1950) : le test complet du Blu-ray

In a Lonely Place

Réalisé par Nicholas Ray
Avec Humphrey Bogart, Gloria Grahame et Frank Lovejoy

Édité par Sidonis Calysta

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Le 07/10/2020
Critique

Un film noir oppressant, ambigu, un des chefs-d’oeuvre de Nicholas Ray et une des meilleures performances de Humphrey Bogart.

Le Violent

Le scénariste Dixon Steele rencontre un soir une jeune femme, Mildred Atkinson, qu’il invite chez lui pour qu’elle lui résume le roman qu’il doit adapter pour l’écran. On découvre le lendemain le corps de Mildred : elle a été étranglée, peu après avoir quitté Dixon, entre 1h et 2h du matin. On soupçonne aussitôt Dixon, connu pour ses accès de violence, d’être l’auteur du meurtre. Mais sa voisine, Laurel Gray, confirme à la police qu’elle a vu Mildred quitter seule l’appartement de Dixon, à minuit et demi. Cette première rencontre entre Laurel et Dixon marque le début d’une romance… qu’assombrira le doute.

Le Violent (In a Lonely Place), sorti en 1950, se situe au début de la carrière de réalisateur de Nicholas Ray : c’est son quatrième film, après un premier essai réussi, deux ans plus tôt, Les Amants de la nuit (They Live by Night), avec Farley Granger, auréolé par le succès de La Corde (Rope, Alfred Hitchcock, 1948). Une réussite que confirmera Les Ruelles du malheur (Knock on Any Door, 1949), avec Humphrey Bogart qui, convaincu par son talent, lui confiera la réalisation de Le Violent dont il est le coproducteur.

Le Violent est l’adaptation très libre, par Andrew Solt et Edmund H. North, d’un roman publié en 1947 par Dorothy B. Hughes, édité en France en 1951 sous le titre Tuer ma solitude (Presses de la Cité). À partir de Nid d’espions (The Fallen Sparrow, Richard Wallace, 1943), ses écrits furent adaptés une dizaine de fois pour le grand et le petit écran, notamment pour Et tournent les chevaux de bois (Ride the Pink Horse, Robert Montgomery, 1947).

Le Violent

Film noir et amour impossible

Le Violent, s’il a mis du temps à mériter une juste appréciation, tient une place de choix parmi la trentaine de films réalisés par Nicholas Ray, particulièrement dans le genre Film noir auquel il s’intéressera au long de six films, jusqu’à La Maison dans l’ombre (On Dangerous Ground, 1951).

Avec un scénario subtil, très équivoque, et sa fin remarquable, le film bénéficie du talent du chef-opérateur Burnett Guffey qui sera oscarisé en 1956 pour Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity, Fred Zinnemann, 1953) et pour Bonnie & Clyde (Arthur Penn, 1967).

S’ajoute à ces atouts la présence d’un Humphrey Bogart dans la peau d’un homme impossible à cerner, capable de délicates attentions, mais glaçant quand le trahissent des bouffées de violence qu’il ne peut contenir. Laurel est interprétée par Gloria Grahame, dont l’image du visage, à moitié brûlé par du café bouillant projeté par Lee Marvin, restera gravée dans le cortex des cinéphiles après Règlement de comptes (The Big Heat, Fritz Lang, 1953 ; l’exceptionnelle édition Wild Side Video de 2014 est épuisée, mais ce film essentiel est encore disponible dans le Coffret Fritz Lang sorti par le même éditeur en 2016).

Le Violent, un des grands films de la Collection Film noir, lancée par Sidonis Calysta en 2016, a également été édité dans le Coffret Films Noirs Vol. 3, en compagnie de L’Inéxorable enquête (Scandal Sheet, Phil Karlson, 1952), Nuit de terreur (So Dark the Night, Joseph H. Lewis, 1946) et Le Gang Anderson (The Anderson Tapes, Sidney Lumet, 1971).

Le Violent

Présentation - 4,0 / 5

Le Violent (93 minutes) et ses suppléments (54 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier bleu standard, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

C’est une ressortie de l’édition de 2017, sur Blu-ray et sur DVD, par Sidonis Calysta.

Bonus - 4,0 / 5

Présentation du film par Bertrand Tavernier (28’). Le Violent est « un des grands aboutissements (…) intense, personnel », avec deux autres films noirs, Les Amants de la nuit et La Maison dans l’ombre, de Nicholas Ray, un homme « autodestructeur (…) ravagé par la culpabilité » et aussi par la drogue et l’alcool, dont le personnage de Dixon est peut-être le double. Nicholas Ray formait alors avec Gloria Grahame un couple étrange, désagrégé avant la fin du tournage. C’était un homme énigmatique avec lequel il était difficile de travailler. Il décida, après le tournage, d’écrire une autre fin, poignante, « une des plus grandes fins de l’histoire du cinéma américain ».

Présentation du film par Patrick Brion (15’). Le personnage de Dixon correspond à la personnalité de Nicholas Ray : il s’implique dans le film en choisissant des décors inspirés d’une ancienne résidence et en exigeant que le second rôle soit attribué à son épouse. La dégradation de ses relations avec Gloria Grahame suit celle des deux personnages principaux. « Un huis-clos cauchemardesque » dans lequel aucun des personnages ne peut faire confiance aux autres.

Présentation du film par François Guérif (9’). Comme l’avait souligné Bernard Eisenschitz dans Roman américain : les vies de Nicholas Ray (Christian Bourgois, 1990), Le Violent est un film remarquable, avec de magnifiques dialogues, un Bogart impressionnant et un regard sans concessions sur Hollywood. « Un des meilleurs films de Nicholas Ray et de Humphrey Bogart. »

Trois intéressantes vues sur le film, avec assez peu de redites.

Galerie de photos : 16, dont 14 affiches.

Bande-annonce (2’).

Tous ces suppléments sont repris de l’édition Sidonis Calysta sortie en 2017.

Le Violent

Image - 5,0 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC), celle du master utilisé pour l’édition Criterion sortie en 2016, restaurée après numérisation 2K du négatif original, offre des blancs lumineux, des noirs profonds et un fin dégradé de gris. Stable, sans la moindre trace de détérioration de la pellicule, avec un contrôle du bruit respectueux de la texture argentique, elle atteint la perfection.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, débarrassé lui aussi de toutes marques du temps, y compris du souffle, restitue avec clarté les dialogues et l’accompagnement musical, nécessairement contenu dans le medium.

Le doublage en français, apparemment restauré, a laissé subsister un souffle, parfois gênant, et place trop en avant les dialogues, occasionnellement crachotants. L’accompagnement musical est souvent aigrelet. Le doublage n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Droits réservés

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 8 octobre 2020
Un des premiers films de Nicholas Ray, sur un scénario habilement équivoque, magnifiquement photographié, donne à Humphrey Bogart un de ses meilleurs rôles. Une réédition attendue d’un des grands titres de la Collection Film noir, lancée par Sidonis Calysta en 2016.

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Le Violent
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