Ju Dou (1990) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Zhang Yimou
Avec Gong Li, Li Wei (I) et Zhang Yi

Édité par BQHL Éditions

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Le 10/09/2020
Critique

Zhang Yimou, pour son second film majeur, choisit de nous raconter une vie de famille qui tourne au cauchemar.

Ju Dou

Un village de Chine, pendant les années 20. Après avoir vendu des soieries dans la ville voisine, Yang Tianqing rejoint la teinturerie de Yang Jinshan, son oncle adoptif. Sans enfants, le vieil homme vient d’acheter une jeune femme, Ju Dou, pour qu’elle lui donne un héritier. Subjugué par sa beauté, Yang Tianqing épie la jeune femme pendant sa toilette. Ju Dou, lassée de subir la violence de son mari, une compensation à son impuissance, cède aux avances du neveu et mettra au monde un fils. À la suite d’une chute accidentelle, Yang Jinshan devient paraplégique. Les jeunes amants, qui auraient pu le laisser mourir, décident que sa punition sera d’être le témoin de leur bonheur. Ils étaient loin d’imaginer ce que le sort allait leur réserver.

Ju Dou, une coproduction sino-japonaise, est le troisième long métrage réalisé par Zhang Yimou, avec l’assistance de Yang Fengliang, deux ans après son premier film, Le Sorgho rouge (Hong gao liang), salué par l’Ours d’or à Berlin en 1988.

Ju Dou

Ju Dou a été la première oeuvre chinoise à obtenir une nomination pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Mais les autorités chinoises sont intervenues, avant la cérémonie, pour demander le retrait du film de la compétition, ce que l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences a refusé. Le film a été banni en Chine continentale jusqu’en 1992, probablement parce que l’épouse n’était pas assez soumise pour servir de modèle au bon peuple. Le ministre chargé du cinéma et de la télévision, Ai Zhisheng, justifia aisément la décision en affirmant que « la Chine était le meilleur juge des mérites d’un film chinois. » Cela n’empêcha pas Ju Dou d’être sélectionné en 1990 pour la récompense suprême, la Palme d’or, qui sera, cette année-là, attribué à Sailor et Lula (Wild at Heart) de David Lynch.

Ju Dou est l’adaptation d’un roman de Liu Heng, qui avait été condamné aux travaux forcés à la campagne pendant la révolution culturelle. Le scénario, par prudence, fit de Yang Tianqing, neveu par le sang du teinturier… un neveu « adoptif » en gommant le thème de l’inceste.

Ju Dou

Ju Dou est le troisième film que Zhang Yimou tourna avec Gong Li, qui fut sa compagne jusqu’en 1995 et, sans aucun doute, sa muse. Dans les dix films qu’ils tournèrent ensemble, on ne compte pas moins de sept films remarquables : outre Le Sorgho rouge, Épouses et concubines (Dà hóng denglong gaogao guà, 1991), Lion d’argent et Prix FIPRESCI à Venise, Qiu Ju, une femme chinoise (Qiu Ju da guan si, 1992), Oscar du meilleur film en langue étrangère, Lion d’or à Venise et Prix du meilleur film étranger du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, Vivre ! (Huo zhe, 1994), Shanghai Triad (Yao a yao, yao dao wai po qiao, 1995), La Cité interdite (Man cheng jin dai huang jin jia, 2006) et Coming Home (Gui lai, 2014).

Le neveu, Yang Tianqing, est interprété par Baotian Li qu’on a revu en tête d’affiche du beau film réalisé en 2013 par Philippe Muyl, Le Promeneur d’oiseau. Le rôle de Yang Jin-shan, le mari brutal, est tenu avec une remarquable intensité par Li Wei, pour sa dernière apparition sur les écrans.

Ju Dou est un oppressant huis-clos dans un environnement étrange, où le temps est rythmé par le choc de pilons mus par un complexe mécanisme en bois actionné par un âne, où pendent du plafond étonnamment élevé les longues pièces de tissus sorties des bains de teinture, dont les délicates couleurs ont été obtenues par un procédé particulier de tirage Technicolor, une dizaine d’années après son abandon aux USA et en Europe.

Ju Dou

Présentation - 2,5 / 5

Ju Dou (91 minutes) tient sur un Blu-ray BD-25 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en mandarin, avec sous-titres optionnels (qui auraient pu être placés beaucoup plus bas sur l’image), au format audio LPCM 2.0 mono.

Bonus - 0,0 / 5

Rien, pas même une bande-annonce.

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080i, AVC) est exempte de taches ou rayures, très stable, avec un contrôle du bruit respectueux de la texture argentique. Lumineuse, avec des noirs denses, elle déploie une délicate palette de couleurs et souligne le talent du chef-opérateur Gu Changwei, salué pour cette prestation par l’Oscar de la meilleure photo en 1993.

Son - 4,0 / 5

Le son non compressé LPCM 2.0 mono de la version originale, débarrassé de tout signe de dégradation de la piste, bénéficie d’une bonne dynamique et d’une large ouverture de la bande passante, avec des aigus cristallins. La seule petite ombre au tableau est un souffle, toutefois suffisamment discret et régulier pour se faire presque oublier.

Crédits images : © BQHL

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 10 septembre 2020
Cet oppressant huis-clos dans un environnement étrange, un des premiers chefs-d’œuvre de Zhang Yimou, est enfin disponible en haute définition après une restauration qui restitue fidèlement un des atouts du film, sa délicate palette de couleurs.

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