Ariane (1957) : le test complet du Blu-ray

Love in the Afternoon

Édition Coffret Ultra Collector - Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Billy Wilder
Avec Gary Cooper, Audrey Hepburn et Maurice Chevalier

Édité par Carlotta Films

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Le 07/01/2021
Critique

La jeune Ariane réussira-t-elle à faire rentrer dans le droit chemin le richissime Flannagan, un incorrigible coureur de jupons ?

Ariane

À Paris, le détective privé Claude Chavasse est spécialisé dans les affaires d’adultère. Sa fille, Ariane, est fascinée par son travail et plus particulièrement par le cas du playboy Frank Flannagan. Lorsqu’Ariane surprend un client de son père menaçant de tuer Flannagan, elle court prévenir ce dernier du danger qui l’attend. Quand le client jaloux débarque à l’hôtel, il trouve le millionnaire en compagnie d’Ariane et non de sa femme infidèle. Intrigué, Flannagan organise un rendez-vous avec elle le lendemain après-midi…

Ariane (Love in the Afternoon), le 15ème des 27 films réalisés par Billy Wilder, sorti en 1957, est inspiré d’Ariane, jeune fille russe, publié en 1920 par Claude Anet, auteur d’une vingtaine de romans, dont Mayerling qui fut adapté deux fois pour l’écran, par Anatole Litvak en 1936 et par Terence Young en 1958. Le roman Ariane avait déjà été porté à l’écran par Paul Czinner en 1931, en trois versions, sous les titres Ariane, pour la version allemande, The Loves of Ariane, pour l’anglaise et Ariane, jeune fille russe, pour la française, avec Gaby Morlay et Victor Francen.

L’adaptation est l’oeuvre commune du réalisateur et de I.A.L. Diamond, qui sera le coscénariste de onze autres films de Billy Wilder, dont Certains l’aiment chaud (Some Like It Hot, 1959), La Garçonnière (The Apartment, 1960), Irma la Douce (1963), Embrasse moi, idiot (Kiss Me, Stupid, 1964), La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock Holmes, 1970).

Ariane donne le ton dès le plan d’ouverture : « À Paris, on mange mieux et on fait l’amour plus souvent et partout, sur la rive droite, sur la rive gauche et entre les deux, le jour et la nuit » dit en anglais, avec l’accent français de Maurice Chevalier, Claude Chavasse, juché au sommet de la colonne Vendôme, un téléobjectif braqué sur les fenêtres du Ritz. Pas de doute : le sexe est le thème du film, avec des ellipses laissant les moments d’intimité entre les deux personnages à l’imagination du spectateur, dans un jeu subtil, qu’affectionnait particulièrement Billy Wilder, avec les réminiscences du code Hays.

Ariane exploite délicatement le thème scabreux de la relation entre un homme d’âge mur et une grande adolescente. Flannagan doit avoir l’âge de son interprète, Gary Cooper, autour de la soixantaine, alors qu’Ariane, encore élève du Conservatoire de musique, pourrait être sa petite-fille, ce qu’accrédite l’apparence juvénile d’Audrey Hepburn, pourtant alors âgée de 27 ans. Le film laisse peu de doutes sur l’aboutissement de la relation entre les deux, à tel point que Billy Wilder, pour éviter une interdiction aux mineurs, dut ajouter in extremis, au dernier plan du film, un propos rassurant de Claude Chavasse en voice over : Flannagan et Ariane allaient s’empresser de convoler en justes noces et mener une vie tranquille à New York.

Ariane, tourné à Paris, avec une mise en scène inspirée et rythmée, truffée de pétillants petits gags, profite aussi de la photographie de William C. Mellor, oscarisé pour Une Place au soleil (A Place in the Sun, George Stevens, 1951) et des décors d’Alexandre Trauner qui recevra, trois ans plus tard, un Oscar pour La Garçonnière.

En prime, le charme du duo Gary Cooper-Audrey Hepburn et la musique, avec l’ouverture du Tristan und Isolde de Richard Wagner et la valse Fascination, un tube de la Belle Époque et le leitmotiv du film.

Tous les films de Billy Wilder ont été édités sur disque optique et presque tous sont encore disponibles, sauf quelques-uns, et pas des moindres, notamment Boulevard du crépuscule (Sunset Blvd., 1950) et Sabrina (1954), dont on espère la réédition prochaine.

Ariane est le 18ème volume de la magnifique Collection Coffrets Ultra Collectors, à tirage limité et numéroté, lancée par Carlotta Films en 2015 avec le Body Double de Brian De Palma, aujourd’hui épuisé, comme trois autres volumes.

Ariane

Présentation - 5,0 / 5

Ariane (130 minutes) et ses suppléments (120 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9 dans les couvertures d’un mediabook glissé dans un épais cartonnage.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Le livre de 160 pages s’ouvre sur un avant-propos de Michel Ciment, C’était Wilder, « un artiste à la recherche de la vérité, dénonçant les faux-semblants, démasquant les comportements hypocrites », suivi de Mi-temps à propos d’Ariane de Billy Wilder, par Frédéric Mercier, d’Ariane : le pouvoir du romanesque, par Alain Masson, d’Ingénue, mais pas trop, par Gérard Legrand, d’Audrey Hepburn ou la politique des actrices, par Yann Tobin. Le chapitre suivant, Qui êtes-vous Billy Wilder, est complété par Une tête vaut mieux que deux, un article publié en 1957 après la sortie d’Ariane, dans lequel Billy Wilder précise sa vision du métier de scénariste et de réalisateur ; il dit : « je suis parfois surpris que mes films soient aussi bons » et ajoute : « mon meilleur film, j’entends par là celui qui contient le moins d’erreurs de scénario et de mise en scène, est Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1944) ». Après un petit dictionnaire wilderien, allant d’Accent, à Vraisemblance, en passant par Onomastique, paru dans Positif en mai 1971, Michel Ciment, dans Billy Wilder urbi et orbi, évoque ses rencontres avec le réalisateur en 1979 qui ont alimenté le documentaire Portrait d’un homme à 60% parfait : Billy Wilder. Suivent, un Entretien avec Alexandre Trauner, directeur artistique et décorateur de huit films de Billy Wilder, Black Billy, par Cristian Viviani, sur le noir et blanc dans son oeuvre, Les femmes dans les comédies de Wilder : fantaisie et tendresse, par Gérard Legrand, Billy Wilder 1906-2002 : et maintenant petit homme, par Jean-Loup Bourget. Une revue de sa filmographie en guise d’adieu (Billy Wilder est disparu en mars 2002), publiée juste après sa mort dans le Positif de mai 2002, clôture ce judicieux recueil de textes sur le réalisateur.

Ariane

Bonus - 5,0 / 5

Sur le Blu-ray et sur le DVD, sont repris des bonus de l’édition Carlotta Films de 2009 :

Ariane, rapports de tournage (26’). N.T Binh, critique à Positif, consulte, avec Régis Robert, responsable des archives de la Cinémathèque Française, les cahiers de la script girl Lucie Lichtig sur lesquels sont collées ou agrafées des photographies et des bandes de pellicule. Tout est précisément décrit : décors, accessoires, costumes, angles et mouvements de caméra, modifications des dialogues, mouvements des personnages, raisons de l’écart de plans. Avec les souvenirs des régisseurs et de la fille de Guyla Kokas, le premier violon du quatuor des Tziganes.

Au fil d’Ariane (26’). N.T. Binh rappelle les adaptations, « plus crues », du roman par Paul Czinner. Billy Wilder, « un auteur complet à l’intérieur du système hollywoodien », influencé par Ersnt Lubitsch (il avait collé au mur de son bureau une affiche disant « How would Lubitsch have done it? »), s’est toujours efforcé « de suggérer le maximum et de montrer le moins possible », de laisser le spectateur imaginer ce qui se passe « derrière la porte ». Le retour au noir et blanc pour Ariane marque probablement le souvenir nostalgique des années 30, du cinéma européen et du Paris où Billy Wilder a vécu pendant un an et réalisé, en 1934, son tout premier film, Mauvaise graine.

La complicité magnifique (9’). Hubert de Givenchy se souvient de sa première rencontre avec Audrey Hepburn, marquée par une déception : il s’attendait à recevoir Katharine Hepburn. La jeune actrice a réussi à le convaincre de l’habiller pour Ariane et il est devenu son couturier pour tous les films suivants.

Bande-annonce originale.

Sur le seul Blu-ray :

Portrait d’un homme à 60% parfait : Billy Wilder (56’, un documentaire d’Annie Tresgot et de Michel Ciment, 1980, en anglais, sous-titré, avec les témoignages de Jack Lemmon, Walter Matthau, I.A.L. Diamond). Dans son bureau, une cage à oiseaux vide accrochée au mur, symbole de sa libération des studios, Billy Wilder se souvient de son enfance à Vienne, de ses débuts dans le journalisme pour Die Stunde, de sa contribution en 1930 à Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag), de l’exil à l’arrivée de Hitler, de l’année passée à Paris, de l’apprentissage de l’anglais, de l’écriture avec Charles Brackett de scénarios pour Lubitsch, « un dur labeur », un travail frustrant, de la réalisation en 1942 de Uniformes et jupon court (The Major and the Minor), son premier film américain, « une version chaste de Lolita ». Il a pu alléger l’intervention des studios en obtenant, parce qu’il tournait vite, le contrôle du montage de ses films. Entouré par une collection de tableaux, certains par terre, faute de place libre sur les murs, il dit son admiration pour Alexandre Trauner, « le maître des perspectives ». L’écriture du scénario et des dialogues doit s’adapter aux acteurs et il ne cache pas son inclination à s’attaquer aux tabous. « Je déteste de n’être pas pris au sérieux, mais plus encore d’être pris trop au sérieux », conclut-il.

Ariane

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), après restauration 2K (probablement celle opérée pour l’édition US par Warner en 2017), débarrassée de toute marque de dégradation de la pellicule, dans le respect de la texture du 35 mm, est stable, avec des blancs lumineux, des noirs denses et un fin dégradé de gris, soigneusement étalonné.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 de la version originale, très propre lui aussi, assure la clarté des dialogues dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical qui souffre de quelques saturations passagères.

Le doublage en français, artistiquement médiocre, avec des dialogues placés trop en avant et, surtout, affectés d’une réverbération rappelant l’ambiance sonore d’une piscine, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Billy Wilder Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 7 janvier 2021
Magnifiquement photographié, Ariane exploite délicatement le thème scabreux de la relation entre un homme d’âge mûr et une grande adolescente, avec une mise en scène inspirée et rythmée, truffée de pétillants petits gags. Un film un peu méconnu de Billy Wilder proposé dans une remarquable édition.

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