L'Homme qui voulut être roi (1975) : le test complet du Blu-ray

The Man Who Would Be King

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par John Huston
Avec Sean Connery, Michael Caine et Christopher Plummer

Édité par Wild Side Video

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Le 11/12/2020
Critique

Un des grands films de John Huston, depuis longtemps introuvable, nous revient restauré, dans une des éditions majeures de l’année.

L'Homme qui voulut être roi

Les Indes en 1880. Les anciens sergents de l’armée britannique Daniel Dravot et Peachy Carnehan partent pour la mystérieuse province du Kafiristan, où aucun homme blanc ne s’est aventuré depuis Alexandre le Grand, afin d’en devenir les souverains. Après un périple dans des contrées inhospitalières, les deux amis atteignent la Terre promise. Ils conquièrent et unifient les peuplades locales. Au cours des combats, Daniel est touché d’une flèche, miraculeusement arrêtée par sa cartouchière. Mais aux yeux du peuple, il passe pour un dieu. Daniel va connaître les affres de la déification…

L’Homme qui voulut être roi (The Man Who Would Be King), sorti en 1975, est le trentième de la petite quarantaine de longs métrages réalisés par John Huston après une entrée remarquée, en 1941, avec Le Faucon maltais (The Maltese Falcon).

L’Homme qui voulut être roi paraît tiré de la seule imagination déployée par Rudyard Kipling pour sa nouvelle publiée en 1888. Pourtant, la réalité a parfois dépassé la fiction : certains aventuriers audacieux ont tenté l’aventure, tel le Français Orllie-Antoine de Tounens, dont Rey : L’histoire du Français qui voulait devenir roi de Patagonie (Niles Atallah, 2017) raconte l’incroyable équipée.

L'Homme qui voulut être roi

L’Homme qui voulut être roi, une réussite dans le registre de l’aventure à grand spectacle, compte aussi pour ses deux personnages hauts en couleurs, deux escrocs entreprenants, mais aussi deux losers comme on en rencontre dans plusieurs films de John Huston. Plus complexe que celui de Peachy, le personnage de Daniel finit par se prendre à son propre jeu de mystification et par vouloir assumer sérieusement son rôle de roi. Les deux sont brillamment interprétés par Sean Connery et Michael Caine, avec une extraordinaire connivence. On remarque aussi Christopher Plummer dans le rôle de Rudyard Kipling et, dans celui de Billy Fish, l’ex-Gurkha qui prête main forte aux deux aventuriers et leur sert d’interprète, Saeed Jaffrey, une figure familière du cinéma britannique, avec plus de 200 rôles sur les grands et petits écrans. Roxane, la femme que Daniel a choisi d’épouser, est jouée par Shakira Caine, l’épouse de Michael, pour sa dernière apparition devant les caméras.

Le tournage, au Maroc, en partie à Ouarzazate (comme Lawrence d’Arabie, treize ans plus tôt), et à Chamonix pour les scènes dans la montagne enneigée, donne à l’aventure un aspect assez réaliste, bien qu’elle soit censée se passer sur les contreforts de l’Himalaya, dans le Kafiristan, un ancien état au nord de l’Afghanistan.

L’Homme qui voulut être roi a bénéficié d’un budget plutôt généreux (les 8 millions de dollars de 1975 feraient 40 millions de dollars en 2020) qui a permis le recrutement d’une armée de figurants et la construction en plein air d’un fantastique décor imaginé par un des grands directeurs artistiques, notre compatriote Alexandre Trauner, oscarisé en 1961 pour La Garçonnière (The Apartment, Billy Wilder).

On se souviendra aussi de l’apport de la partition de Maurice Jarre, salué par trois Oscars, pour trois films de David Lean, Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia, 1960), Le Docteur Jivago (Doctor Zhivago, 1965) et La Route des Indes (A Passage to India, 1984).

L'Homme qui voulut être roi

Présentation - 5,0 / 5

L’Homme qui voulut être roi (129 minutes) et ses suppléments (95 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un coffret non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, mais idéalement placés à cheval sur la bande noire, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

À l’intérieur du coffret, un livre de 200 pages, abondamment illustré, écrit par Samuel Blumenfeld, intitulé La Matière dont les rêves sont faits, rappelle l’intérêt de John Huston pour Rudyard Kipling et pour L’Homme qui voulut être roi qu’il avait envisagé d’adapter dès 1952, le long chemin qu’emprunta le projet, mis en sommeil à deux reprises, réveillé en 1973, les quelques différences entre la nouvelle et le scénario, coécrit avec Gladys Hill, le choix des deux acteurs principaux, la décision de tourner du Maroc, infiniment plus sûr que l’Inde ou l’Afghanistan, le recrutement comme chef-opérateur d’Oswald Morris (oscarisé pour Le Violon sur le toit / Fiddler on the Roof, Norman Jewison, 1971), les ambitieux décors d’Alexandre Trauner, le tournage, la direction des acteurs, le bon accueil du film par la critique et le public.

Un livre passionnant, fruit d’un long travail.

L'Homme qui voulut être roi

Bonus - 4,0 / 5

Quand l’aventure tutoie les sommets, un entretien avec Angela Allen, scripte attitrée de Huston (43’, Fiction Factory, 2019). En tant que script girl, elle devait être à côté du réalisateur pendant tout le tournage. Elle voit Le Trésor de la Sierra Madre, Odyssée de l’African Queen, et L’Homme qui voulut être roi comme les meilleures réalisations de John Huston, avec lequel elle a travaillé pour 14 films. John Huston faisait très peu de prises et les premiers montages ne dépassaient jamais la longueur projetée de plus d’une vingtaine de minutes.

La cité magique : le tournage du film (12’, 1.33:1, 1975). Un documentaire sur le tournage dans la cité des prêtres, le décor construit au pied de l’Atlas, les milliers de figurants marocains… Michael Caine et Sean Connery parlent de leur personnage. John Huston, souvent l’oeil dans le viseur de la caméra, dit avoir attendu vingt ans pour réaliser ce film dans lequel il avait imaginé, à l’origine, confier les deux rôles principaux à Humphrey Bogart et Clark Gable.

L'Homme qui voulut être roi

Le gentil géant : un entretien avec Danny Huston, fils du réalisateur (8’, Fiction Factory, 2019). Danny Huston, acteur et réalisateur, parle de son père. De son enfance, il garde de lui l’image d’un « pirate revenant d’expéditions lointaines ». Il confie ses souvenirs du tournage de L’Homme qui voulut être roi.

John, Sean & Michael : Jean-Jacques Annaud évoque ces 3 légendes (21’, Wild Bunch, 2020). Il avait envisagé de proposer le rôle du moine aveugle dans Le Nom de la rose à John Huston, « un metteur en scène inspirant (…) un aventurier casse-cou » et rappelle les circonstances du recrutement de Sean Connery dans le rôle de William von Baskerville. Une demande faramineuse de dommages-intérêts de Michael Caine pour n’avoir pas été choisi dans Le Nom de la rose a gelé les recettes du film et retardé le paiement du cachet de Sean Connery pendant deux ans. Ce qui n’empêche par Jean-Jacques Annaud de louer le professionnalisme des acteurs britanniques.

Loin de Hollywood : John Huston roi du Kafiristan, un entretien avec le cinéaste Jean-Jacques Annaud (17’, Wild Bunch, 2020). Il se souvient du film pour la qualité de la mise en scène, pour la « connivence » entre Sean Connery et Michael Caine et pour l’intérêt du thème. L’Himalaya, bien qu’inventé par Hollywood, est assez réaliste.

Bande-annonce de 1975.

L'Homme qui voulut être roi

Image - 5,0 / 5

L’image (2.39:1, 1080p, AVC), probablement celle restaurée pour l’édition sortie par Warner Bros. aux USA en 2011, est parfaite. Lumineuse, agréablement contrastée, avec des noirs denses, elle propose des couleurs ravivées, bien étalonnées, dans une palette chaude. Le contrôle du grain s’est arrêté juste à temps pour ne pas dénaturer la texture du 35 mm. Une résolution poussée détaille les plans larges sur toute la profondeur du champ.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 n’est pas à la hauteur du son original 4 pistes stéréo. L’image sonore issue de la seule voie centrale paraît bien étriquée dans les plans larges où évoluent des milliers de figurants ou dans les scènes de bataille. La qualité du film aurait largement justifié un remixage 5.1 respectueux de l’original. Cela dit, le son, propre, presque sans souffle, avec une dynamique correcte, restitue clairement et dans un bon équilibre les dialogues, l’ambiance et l’accompagnement musical.

Ces remarques valent pour le doublage en français qui tend à placer les dialogues trop en avant et, surtout, fait perdre l’accent cockney de Peachy Carnehan.

Crédits images : © Columbia Pictures

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 11 décembre 2020
L’histoire rocambolesque imaginée par Rudyard Kipling a manifestement inspiré John Huston et stimulé le duo Sean Connery-Michael Caine. Un excellent film d’aventure, dans une des plus belles éditions de l’année !
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Pascal
Le 11 juin 2005
Pas de commentaire.
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Jocelyn
Le 6 juin 2004
Pas de commentaire.

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