La Vengeance d'un acteur (1963) : le test complet du Blu-ray

Yukinojo henge

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Kon Ichikawa
Avec Kazuo Hasegawa, Fujiko Yamamoto et Ayako Wakao

Édité par Rimini Editions

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Le 11/01/2021
Critique

Yukinojô, un acteur de kabuki, retrouve les hommes responsables du suicide de ses parents. Il n’avait sept ans, mais était résolu à se venger.

La Vengeance d'un acteur

Au cours d’une de ses représentations, l’acteur Yukinojô Nakamura reconnaît dans le public le seigneur Dobé et deux de ses complices. Ce sont les hommes qui ont ruiné ses parents et les ont poussés au suicide. Yukinojô s’est promis de les venger.

La Vengeance d’un acteur (Yukinojô henge, littéralement « le fantôme de Yukinojô »), sorti en 1963 (dans nos salles en 1979), est le 47ème des quelques 80 longs métrages réalisés, entre 1946 et 2006, par Kon Ichikawa. Plusieurs avaient assuré sa renommée planétaire dès le milieu des années 50, tels La Harpe de Birmanie (Biruma no tategoto, 1956), sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger, Le Pavillon d’or (Enjô, 1958, toujours dans l’attente d’une édition vidéo), sélectionné pour le Lion d’or, Feux dans la plaine (Nobi, 1959), primé à Locarno, Seul sur l’océan Pacifique (Taiheiyô hitoribotchi, 1963), sélectionné pour la Palme d’or.

La Vengeance d'un acteur

La Vengeance d’un acteur est l’adaptation par la scénariste Natto Wada, l’épouse du réalisateur, d’un feuilleton publié au début des années 30 par Otokichi Mikami. Il avait déjà été adapté plusieurs fois au cinéma, en 1934 par Tatsuo Ôsonen dans un diptyque, Gênzaburô ihen kenrân shibô no maki, en 1954 par Toshikazu Kôno dans une trilogie, Yukinojô henge et, en 1959, par Masahiro Makino, sous le même titre, Yukinojô henge.

Le personnage principal est interprété par Kazuo Hasegawa, qui tient également le rôle d’un vide-gousset. Très célèbre dans l’archipel nippon pour sa beauté et son talent, avec 300 films à son actif, il tenait déjà en 1934, à l’âge de 26 ans, le rôle de Yukinojô, un onnagata, acteur du théâtre kabuki tenant des rôles féminins. Si sa beauté est fanée en 1963, il a conservé une indiscutable maîtrise du kabuki.

La Vengeance d’un acteur fascine, dès les premières séquences, par la beauté de la composition rigoureuse des cadres au format 2.35:1 et des éclairages créant de magnifiques clairs-obscurs grâce à la contribution de Setsuo Kobayashi, chef opérateur de La Harpe de Birmanie et de Les Feux dans la plaine.

La Vengeance d’un acteur, un titre important dans la filmographie de Kon Ichikawa, précédemment édité en 2002 par Opening dans la collection Les Films de ma vie, était depuis longtemps indisponible. Il nous revient, grâce à Rimini Éditions, pour la première fois en haute définition, après une soigneuse restauration et complété par un intéressant bonus exclusif.

La Vengeance d'un acteur

Présentation - 3,0 / 5

La Vengeance d’un acteur (113 minutes) et ses suppléments (84 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, pour cette édition combo, avec un DVD-9, dans un digipack glissé dans un étui.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en japonais, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0, avec sous-titres optionnels.

Bonus - 4,0 / 5

Le film décrypté par Bastian Meiresonne (32’, Rimini Éditions, 2020)). Bastian Meiresonne, coauteur du Dictionnaire du cinéma asiatique (Nouveau Monde Éditions, 2008) et directeur artistique du Festival international des cinémas d’Asie de Vesoul, après une revue de la carrière de Kon Ichikawa, analyse La Vengeance d’un acteur, le remake d’une première adaptation avec Kazuo Hasegawa dans le rôle principal (il eut le visage lacéré à coups de rasoir pour avoir rompu le contrat qui le liait au studio Shôchiku et dut abandonner son nom d’artiste, Chôjirô Hayashi). Le film fut imposé à Kon Ichikawa, une « punition », le genre kabuki et les films de sabre étant alors passés de mode. La mise en scène respecte les codes du kabuki, mais en modernise la forme en l’imprégnant d’influences américaines, par le choix du format Cinemascope, du jazz au lieu de la musique traditionnelle, par un découpage rapide…

Un siècle de cinéma japonais, film de Nagisa Ôshima (52’, 1994, en anglais, sous-titré). Il passe en revue l’évolution du cinéma nippon né en 1899, les premiers films influencés par le kabuki, les mélodrames après le séisme qui frappa Tokyo en 1923, les films engagés reflétant la dureté de la vie, l’âge d’or des années d’après-guerre avec, entre beaucoup d’autres chefs-d’oeuvre, Rashomon d’Akira Kurosawa, Lion d’or en 1951, Été précoce de Yasujirô Ozu, La Vie d’O’Haru, femme galante (Kenji Mizoguchi, 1952), etc. qui sonnèrent l’éveil d’un cinéma indépendant que représenteront Shohei Imamura (La Ballade de Narayama), Masaki Kobayashi (La Condition de l’homme), Kaneto Shindo (L’Île nue) et d’autres. Le tabou du sexe fut brisé dans les années 60 par les « pink films » (pinku eiga), puis par le genre « roman porno ». Vinrent ensuite les documentaires sociaux ou politiques, les films de yakuzas, ouvrant un nouvel âge d’or. L’arrivée d’une nouvelle génération de réalisateurs qui n’ont jamais subi l’influence des studios illustre le désarroi d’une jeunesse en mal de communication, à la recherche d’une place dans la société. Nagisa Ôshima ne s’oublie pas dans ce rapide panorama en mettant en avant plusieurs de ses films, dont L’Empire des sens.

La Vengeance d'un acteur

Image - 5,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), très propre, après un contrôle du grain respectant la texture du 35 mm, lumineuse, avec un étalonnage soigneux, met en valeur le travail sur les éclairages et les magnifiques clairs-obscurs, valorisés par des noirs parfaitement denses.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, très propre lui aussi, sans souffle, avec une dynamique et une ouverture du spectre assez étonnantes, restitue clairement les dialogues et avec finesse le timbre des instruments traditionnels de la scène introductive et le jazz qui accompagne le reste du film.

Crédits images : © Daiei Studios

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 12 janvier 2021
Ce film important de Kon Ichikawa, depuis longtemps introuvable, nous revient, grâce à Rimini Éditions, pour la première fois en haute définition, après une soigneuse restauration et complété par un intéressant bonus exclusif.

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