Réalisé par Alberto Lattuada
Avec
Jacqueline Sassard, Raffaele Mattioli et Sylva Koscina
Édité par Tamasa Diffusion
L’été tire à sa fin dans la station balnéaire de Viareggio sur la côte ligure. Guendalina, une lycéenne, la fille unique et gâtée d’un couple aisé au bord d’une séparation, tombe amoureuse d’Oberdan, étudiant en architecture, issu d’une modeste famille d’anarchistes. Une fréquentation jugée peu convenable par Francesca, la mère de Guendalina…
Guendalina, sorti en 1957, est le treizième de la grosse trentaine de longs métrages d’Alberto Lattuada et son premier portrait d’une adolescente découvrant l’amour, un thème qu’il explorera plusieurs fois avec sensibilité et sensualité, notamment avec Les Adolescentes (Dolci inganni, 1960) qui sortira trois ans plus tard et aura maille à partir avec la censure.
Guendalina, film naturaliste, à la mise en scène conventionnelle, sans mouvements de caméra recherchés, se distingue formellement par la beauté de la photographie d’Otello Martelli, le chef opérateur de cinq films de Federico Fellini, dont La Strada (1954) et La Dolce vita (1960). La caméra semble être sous le charme de Jacqueline Sassard, âgée de 16 ans au moment du tournage, la première des jeunes actrices découvertes par Alberto Lattuada, un maître en la matière. Il révèlera Catherine Spaak dans Les Adolescentes, Teresa Ann Savoy dans La Bambina (Le farò da padre, 1974) et Nastassja Kinski dans La Fille (Così come sei, 1978).
Guendalina traite avec une pudeur délicieusement teintée d’érotisme, de la sortie de l’enfance d’une gamine capricieuse qui découvre le flou de la frontière entre l’amitié et le flirt, ce qui va l’aider à grandir, tout comme le petit drame de la séparation, pourtant sans éclats, de ses parents, interprétés par Ral Vallone er Sylvia Koscina.
Une réédition par Tamasa et TF1 Studio bienvenue, la première en haute définition, après restauration 4K, pour combler un vide : le DVD sorti en 2009 par LCJ Éditions était épuisé.
Guendalina sort simultanément avec Les Adolescentes (Dolci inganni), les deux films pouvant être vus comme un diptyque sur la fin de l’adolescence.
Guendalina (100 minutes) et ses suppléments (17 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un digipack.
Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en italien, avec sous-titres optionnels, au format Linear PCM 2.0 mono, et dans un doublage en français Dolby Digital 2.0 mono.
Piste d’audiodescription LPCM 2.0 mono et sous-titres pour malentendants.
À l’intérieur du digipack, un livret de 24 pages par Aldo Tassone, critique et historien du cinéma, auteur de nombreux ouvrages, dont Fellini 23 ½, Antonioni, Akira Kurosawa… Après une formation à l’architecture et une expérience de journaliste, Alberto Lattuada, à partir de 1933, contribue à la réalisation de courts métrages et tourne, en 1942, son premier long métrage, Giacomo l’idealista (aujourd’hui perdu) et, en 1946, son premier film important, Le Bandit (Il Bandito). Suivront Le Moulin du Pô (Il Mulino del Po, 1949), une fresque paysanne coécrite par Federico Fellini et Tullio Pinelli, Les Feux du music-hall (Luci del varietà, 1950), coréalisé avec Federico Fellini, puis Le Manteau (Il Capotto, 1952), une adaptation du roman de Gogol. « L’amour et la sexualité » deviennent, à partir de 1953, ses thèmes de prédilection, avec, notamment, Guendalina, « son premier portrait d’adolescente, au seuil de l’éveil des sens », puis Les Adolescentes (Dolci inganni, 1960). Le livret fait une rapide, mais dense, revue de la filmographie de Lattuada, donne le thème et une appréciation critique de chaque film avant de tenter une synthèse : « Trois lignes parcourent l’oeuvre de Lattuada - l’indignation devant l’injustice, la solitude et l’érotisme - un narrateur élégant, doté d’un métier solide et d’une culture raffinée (…) un observateur ironique, voire polémique des moeurs ».
Premier amour, par Jean-François Rauger (10’, 2020), critique de cinéma. Guendalina, produit par Carlo Ponti, inaugure une nouvelle période de la filmographie de Lattuada caractérisée par son intérêt pour les jeunes filles, avec une teinture érotique. Il a d’abord tenté une « hybridation du néoréalisme et du film noir, Le Bandit, ou avec le mélodrame, Le Moulin du Pô ». Guendalina, sur un scénario de Valerio Zurlini, « le scénariste de la mélancolie », est « un roman d’apprentissage (…) et la peinture d’un monde désenchanté (…) où l’érotisme se situe dans l’innocence », ce qu’illustre la scène emblématique dans laquelle la jeune fille danse devant Oberdan dans un collant noir. Jean-François Rauger souligne la beauté de la photo « qui réussit à capter une certaine lumière ». Guendalina, sur le passage de l’enfance à l’amour romantique, sera suivi par Les Adolescentes, sur le passage de l’amour romantique à la sexualité.
Bandes-annonces de 1957, italienne et française (7’).
Bande-annonce de Les Adolescentes.
L’image (1.37:1, 1080p, AVC) a été débarrassée de toute marque de détérioration de la pellicule par une soigneuse restauration, avec un contrôle du bruit respectant la texture argentique, sans lissage excessif. Un fin dégradé de gris, entre des blancs lumineux et des noirs denses.
Le son Linear PCM 2.0 mono sans compression de la version originale, lui aussi très propre, sans souffle, assure un bon équilibre entre l’ambiance, l’accompagnement musical et les dialogues,
très clairement restitués.
Ces observations valent, dans l’ensemble, pour le doublage en français, également restauré, mais qui place légèrement trop en avant les dialogues manquant de naturel. Le gain en finesse de l’encodage LPCM de la version originale est sensible.
Crédits images : © 1957 CARLO PONTI S.P.A. - CEI INCOM - LES FILMS MARCEAU - TF1 DROITS AUDIOVISUELS