Michel-Ange (2019) : le test complet du Blu-ray

Il peccato

Réalisé par Andrei Konchalovsky
Avec Alberto Testone, Jacob Diehl et Francesco Gaudiello

Édité par UFO Distribution

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Le 20/04/2022
Critique

Un portrait inattendu du sculpteur et peintre Michel-Ange et un chef-d’oeuvre d’une envoûtante beauté !

Michel-Ange

Michelangelo Buonarotti, sculpteur, peintre, architecte et poète, un des génies de la Renaissance italienne avec Leonardo Da Vinci et Raffaello Sanzio (Raphaël), est pressé par le pape Jules II, membre de la famille Della Rovere, de terminer les fresques de la Chapelle Sixtine pour lui édifier un mausolée à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre, dont il avait ordonné la reconstruction. À la mort de Jules II, son successeur, Giovanni di Lorenzo de’ Medici, élu pape sous le nom de Léon X, urge Michel-Ange d’achever la façade de la basilique San Lorenzo. L’artiste, soucieux de tenir la promesse faite à la famille Della Rovere d’édifier le tombeau de Jules II, peut-il résister aux injonctions des Medici, les nouveaux « maîtres » de Florence ?

Michel-Ange (Il Peccato) est le vingtième long métrage d’Andreï Konchalovsky, sur un scénario coécrit avec Elena Kiseleva qui, depuis 2014, l’a assisté pour quatre films, dont Chers camarades !. Après s’être minutieusement documenté sur la vie de l’artiste, le cinéaste a choisi d’éviter toute représentation idéalisée. Le film donne une épaisseur inédite à un Michel-Ange illuminé, torturé, sale, dépenaillé, brutal, menteur et servile.

Revendiquant l’influence du néoréalisme, Andreï Konchalovsky s’est attaché à une reconstitution aussi vraisemblable que possible de la Renaissance à Florence. L’extraction d’un bloc de marbre a été tournée dans une vraie carrière dont il a fallu maquiller la surface trop lisse de pans entiers trahissant l’utilisation de techniques modernes. Des rues de Florence ont été construites dans lesquelles déambulent des citadins en haillons, sur lesquels pleuvent accidentellement des immondices jetées par les fenêtres, pour faire « sentir » au spectateur les odeurs de la ville. Une manière de souligner le contraste entre la beauté raffinée des arts de La Renaissance et la crasse ambiante.

Michel-Ange

Michel-Ange est soumis à cette exigence de vérité dans chacun de ses plans, notamment ceux de la longue scène de l’extraction et de la descente des carrières de Carrare d’un bloc de marbre de plusieurs tonnes, un défi de l’impossible qui rappelle la fabrication de la cloche dans Andreï Roublev (Andrey Rublyov, 1969) dont Andreï Konchalovsky a coécrit le scénario avec Andreï Tarkovski, et aussi le défi de Fitzcarraldo (Werner Herzog, 1972) de faire franchir à un navire l’obstacle d’une montagne.

Cette obsession de réalisme se traduit également dans la distribution. Konchalovsky a choisi, pour sa ressemblance avec le sculpteur, Alberto Testone, à la fois acteur et… dentiste (!). Il avait incarné Pier Paolo Pasolini dans Pasolini, la verità nascosta (Federico Bruno, 2013), documentaire-fiction sur l’assassinat du cinéaste, et un mafioso dans Suburra (Stefano Sollima, 2015). L’acteur, présent dans tous les plans, livre une inoubliable performance. Dans le reste de la distribution, apparaissent plusieurs acteurs non professionnels et les ouvriers de Carrare sont de vrais carriers « qui ne jouent pas, mais vivent devant la caméra », souligne le réalisateur dans un des suppléments.

Michel-Ange séduit aussi pour l’envoûtante beauté, dans tous les plans, apparemment pris en lumière naturelle, de la photographie d’Aleksandr Simonov pour sa troisième collaboration avec Andreï Konchalovsky.

Michel-Ange

Présentation - 3,0 / 5

Michel-Ange (136 minutes) et ses suppléments (63 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en italien, avec sous-titres imposés placés trop haut dans le cadre, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou stéréo.

Le film est aussi disponible dans une édition DVD, avec le même contenu.

Bonus - 4,5 / 5

Présentation du film et du réalisateur par Joël Chapron (21’), spécialiste du cinéma soviétique, il a aussi présenté le film suivant d’Andreï Konchalovsky, Chers camarades ! (Dorogie tovarishchi, 2020), récemment édité. Andreï Konchalovsky, frère aîné de Nikita Mikhalkov, né huit ans après lui en 1945, après avoir envisagé une carrière de pianiste, intègre le VGIK, l’école de cinéma de Moscou, où il se lie d’amitié avec Andreï Tarkovski, au moment du « dégel » qui, de 1956 à 1964, favorisa la floraison du cinéma soviétique, illustrée par Quand passent les cigognes (Letyat zhuravli, Mikhail Kalatozov, 1957), La Ballade du soldat (Ballada o soldate, Grigori Tchoukhraï, 1959), L’Enfance d’Ivan (Ivanovo detstvo, Andrei Tarkovski, 1962)… Konchalovsky réalise en 1985 Le Premier maître (Pervyy uchitel), inaugurant une série de six longs métrages tournés en URSS, jusqu’à Sibériade (Sibiriad), une ambitieuse fresque de 4h30 saluée en 1979 par le Grand prix du jury à Cannes. Invité aux USA, il y réalise en 1984 Maria’s Lovers, le premier des six films qu’il y tournera, avec Runaway Train en 1986 et Le Bayou (Shy People) en 1987, les autres, dont Tango and Cash pouvant être oubliés. Il revient en Russie pour Le Cercle des intimes (The Inner Circle, 1991), coproduit avec les USA et l’Italie, sur le projectionniste de Staline, puis Riaba ma poule (Kurochka Ryaba, 1994) sélectionné à Cannes. Attaché au respect de la vérité historique, soutenu par une allocation de 14 millions d’euros par l’oligarque russe Alicher Ousmanov, il a travaillé près de dix ans sur le projet Michel-Ange, « miroir d’un portrait d’artiste » que fut, 53 ans auparavant, Andreï Roublev. Ces moyens lui ont notamment permis de reconstituer, grandeur nature, la chapelle Sixtine, trois intérieurs, des rues de Florence… Il y a probablement un rapprochement à faire entre le personnage de Michel-Ange et Konchalovsky, deux artistes qui furent en butte à des difficultés financières, à des pouvoirs et contraints à des compromissions.

Michel-Ange, les coulisses (37’). Les équipes hissent tout le matériel sur les flancs escarpés du Monte Altissimo jusqu’à une carrière de marbre. Konchalovsky, à leur tête, s’exprime en italien avec aisance. Il dit aimer Michel-Ange, en dépit de ses trahisons, de ses mensonges, de ses vols. Il a voulu centrer le scénario sur ses rêves, ses difficultés, ses souffrances. Dans les séances de casting, défilent des inconnus, parmi lesquels des carriers. La réplique en résine de 1 800 kilos d’un énorme bloc de marbre, « il mostro », est placée sur un chariot tiré par un attelage de sept paires de boeufs. Un intéressant documentaire sur le tournage, commenté par le réalisateur et les principaux membres de l’équipe.

Décors et lieux de tournage : diaporama (5’), une belle collection de quelques 70 photos ou dessins.

Michel-Ange

Image - 5,0 / 5

L’image numérique (1.33:1, 1080p, AVC), avec une résolution pointue détaillant les arrière-plans, y compris dans les nombreuses prises en basse lumière, agréablement contrastée avec des noirs denses, déploie une palette de couleurs délicatement saturées.

Michel-Ange

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (une alternative stéréo est proposée), avec une large ouverture de la bande passante et une bonne dynamique, assure une restitution claire et fine des dialogues, de l’ambiance et des rares passages de musique de la Renaissance intégrés au récit. La localisation dans le plan frontal limite l’effet immersif et la différence entre les deux formats disponibles.

Crédits images : © Jean Vigo Italia, The Andrei Konchalovsky Foundation, RAI

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 21 avril 2022
Andreï Konchalovsky réalise son chef-d’œuvre en nous invitant à suivre Michel-Ange à Florence, minutieusement reconstituée au temps de la Renaissance. Un film remarquable, d’une envoûtante beauté !

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