La Chartreuse de Parme (1948) : le test complet du Blu-ray

Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Christian-Jaque
Avec Gérard Philipe, Renée Faure et Maria Casarès

Édité par Coin de Mire Cinéma

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Le 18/12/2020
Critique

Adaptation luxueuse du roman de Stendhal, valant davantage par sa beauté plastique que par sa fidélité littéraire.

La Chartreuse de Parme

La Chartreuse de Parme (Fr.-Ital. 1947) de Christian-Jaque (1904-1994), sorti au cinéma à Paris le 21 mai 1948, est une adaptation par Pierre Véry, Pierre Jarry et Christian-Jaque du roman homonyme de Stendhal (1783-1842). Tourné à Rome, Milan et Côme, le film fut, en raison de sa longueur (pas loin de trois heures de projection), exploité en deux parties en Italie, dotée d’un titre distinct. Le scénario fait pourtant l’économie du début du roman de Stendhal, laissant hors écran non seulement la jeunesse de Fabrice mais encore sa participation à la bataille de Waterloo. L’histoire filmique commence à son arrivée chez sa tante Gina, comtesse de Sanseverina à la cour italienne de Parme. Des sections du roman sont amputées et d’autres considérablement modifiées (l’assassinat du prince de Parme se fait par le poison dans le roman, au poignard dans le film). La fin originale (bien plus tragique que dans le film) manque aussi à l’appel. Ce n’est, en réalité, pas tant du côté littéraire que du côté cinématographique que cette adaptation présente un intérêt.

Christian-Jaque (dont le nom est orthographié au générique d’ouverture avec ou sans trait d’union entre son prénom et son nom selon qu’il est crédité au poste de scénariste ou bien à celui de réalisateur) donna au genre historique des titres assez variés (au budget oscillant entre série A luxueuses et série B, selon les cas) entre 1935 et 1965. Il se plaisait à déclarer : « J’ai un style propre à chaque sujet, je n’ai donc pas de style et je m’en flatte. » Il en a ici pourtant un, assez nerveux, baroque, privilégiant des brefs mouvements de caméras afin de vivifier une scène pouvant, grâce à la précision et à l’intelligence de la mise en scène, se passer de dialogue pour être comprise. En revanche - c’est l’aspect populaire de son style - il n’hésite pas à souligner trois fois ce que chacun avait compris du premier coup d’oeil. Louis Seigner compose ainsi un gardien de prison doucereux mais dangereux qui relève parfois autant de la Comedia dell’Arte italienne que de la Comédie française dont il était sociétaire. La filmographie de Christian-Jaque est celle d’un artisan honorant soigneusement et parfois brillamment les commandes des producteurs mais, au fil des titres, elle révèle une assez relative richesse puisqu’il a touché à la comédie surréaliste (François 1er, 1937 au scénario totalement délirant et digne d’une comédie dadaïste de la période muette de René Clair), au néo-réalisme social (L’Enfer des anges, 1941), au fantastique angoissant (Sortilèges, 1945), à l’aventure historique teintée d’érotisme (Lucrèce Borgia, 1953), à l’aventure contemporaine avec message humaniste universaliste (Si tous les gars du monde…, 1956). Elle est cependant foncièrement inégale car Christian-Jaque est capable du meilleur comme du pire.

Cette version 1947 de La Chartreuse de Parme vaut bien davantage pour ses éléments plastiques (la direction photo baroque de Nicolas Hayer, la musique d’une ample puissance symphonique de Renzo Rossellini) et certaines séquences isolées que par sa fidélité à Stendhal dont la matière est souvent réduite au schématisme d’un roman-photos (d’ailleurs ainsi transcrit par un certain Henri Saint-Fort dans le dossier de presse de l’époque) mais un roman-photos de luxe en raison d’un confortable budget. Si l’ensemble est, certes, infidèle à Stendhal, il arrive cependant que Christian-Jaque en transcrive cinématographiquement assez fidèlement des passages : le bonheur de Fabrice (bien joué par Gérard Philipe) en prison lorsqu’il observe, matin après matin, Clélia par la fenêtre de son cachot, est ainsi très bien mis en scène.

La Chartreuse de Parme

Présentation - 5,0 / 5

1 digibook combo contenant 1 Blu-ray BD50 + 1 DVD9 + 1 livret, 1 affiche et 10 photos, édité par Coin de Mire (avec la participation de SND groupe M6) le 04 décembre 2020. Image 1.37 N&B en Full HD 1080p compatible 16/9 sur Blu-ray, compatible 4/3 sur DVD. Son DTS-HD Master Audio 2.0 mono (sur Blu-ray) et Dolby mono (sur DVD) en VF d’époque + VFSTF sourds et malentendants. Durée du film sur Blu-ray: 173 min, sur DVD : 166 min. environ. Suppléments : 1 affiche + 10 photos française N&B d’exploitation réparties dans deux étuis du digibook, livret reproduisant intégralement le dossier presse 1948 (textes et illustrations), reproductions d’affiches diverses, couvertures de magazines, filmographie de Christian-Jaque, actualités françaises de 1948, publicités françaises de 1948, bandes-annonces de titres édités dans la même collection, y compris celle de ce film.

Livret et documents imprimés joints : le dossier presse 1948 intégralement reproduit en miniature, ses illustrations complètes, filmographie de Christian-Jaque, une dizaine de photos françaises d’exploitation N&B de 1948 (14,5 x 11,5 cm) réparties dans deux étuis, une affiche d’époque (23 x 29 cm) et plusieurs affiches alternatives (dont une très belle sur double page du livret), couvertures des revues Mon film et Nous deux, filmographie de la collection Coin de mire comprenant déjà une trentaine de titres et mentionnant la trentaine d’autres titres prévus. On le voit, cette section mentionne des documents d’histoire du cinéma dont l’intérêt et la qualité de reproduction méritent la note maximale.

La Chartreuse de Parme

Bonus - 2,0 / 5

Séance cinéma de 1948 : (optionnelle au menu, 1.37 N&B) : actualités Pathé (première visite de la reine Elisabeth d’Angleterre à Paris et à Versailles en compagnie de Pierre de Gaule, visite de Winston Churchill à Oslo, numéros de cirque et manifestations sportives notamment un concours automobile dont le vainqueur a réussi à tenir la moyenne de 96 km/H, un sympathique et amusant concours de beauté de bébés et de très jeunes enfants chinois à San Francisco où la tenue traditionnelle est un élément non négligeable de la notation finale, etc.) + publicités de 1948 (margarine Astra montrant comment elle est fabriquée ; meubles aux qualités fonctionnelles des Galeries Barbès, publicité pour un hôtel « avec garage », etc.).

Bandes-annonces de la collection, y compris celle du film de référence de 1947 (durée 3 min. 30 sec. environ) en assez bon état argentique en dépit de son âge mais trop longue, comme on les aimait à l’époque. Les bandes-annonces (VF) des titres récemment édités sont en état argentique variable, en général assez bon ou bon, en formats originaux variés mais compatibles 16/9 sur Blu-ray. Je recommande la vision de celle de Le Soleil des voyous (Fr.-Ital. 1967) de Jean Delannoy, plastiquement inventive et au commentaire dit (en français avec l’accent américain) par l’acteur Robert Stack.

La Chartreuse de Parme

Image - 4,0 / 5

Format original 1.37 N.&B. compatible 16/9 (sur Blu-ray en Full HD 1920x1080p 24 images / secondes) ou 4/3 (sur DVD en 720x576p 25 images / secondes). Image argentique très bien restaurée sauf une séquence (l’arrivée de Fabrice dans la tour-prison, à l’émulsion instable et un peu sous-exposée). Sur les 173 minutes que dure le titre en Blu-ray, c’est honorable sinon parfait, compte tenu de l’âge déjà certain du matériel. Direction photo signée Nicolas Hayer. Parfait équilibre entre préservation du grain et lissage numérique sur certaines séquences, un peu inégal sur d’autres. Dorénavant l’édition de référence en Full HD, assurément.

La Chartreuse de Parme

Son - 5,0 / 5

VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0. mono (sur Blu-ray) et Dolby mono (sur DVD) + VFSTF sous-titrage français pour sourd et malentendants. Offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Son net, piste techniquement bien nettoyée, sans effet de souffle particulier mais le niveau du rapport dialogue/effets sonores/musiques varie parfois légèrement d’une séquence à l’autre. Durant le tournage, les acteurs italiens disaient leur texte en français : ils furent ensuite post-synchronisés en italien pour la version italienne. Musique symphonique ample signée par le compositeur Renzo Rossellini (1908-1982) qui était le frère du cinéaste néo-réaliste italien Roberto Rossellini et qui composa aussi de belles partitions pour certains titres très importants de Riccardo Freda.

Crédits images : © Productions André Paulvé, Scalera Film

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 19 décembre 2020
Adaptation luxueuse du roman de Stendhal mais valant davantage par sa beauté plastique que par sa médiocre fidélité littéraire.

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