Réalisé par Richard Attenborough
Avec
Anthony Hopkins, Ann-Margret et Burgess Meredith
Édité par Rimini Editions
Il vient à Corky Withers, un illusionniste timide et introverti, une bonne idée pour capter l’attention du public : ventriloque, il va désormais présenter ses tours avec Fats, une marionnette à son image, mais vulgaire et agressive. Le succès du nouveau spectacle est remarqué par Ben Greene, un agent, qui propose à Corky un contrat en or sur une chaîne nationale de télévision. Refusant de se soumettre à un examen médical de routine, Corky s’enfuit de New York avec Fats…
Magic, sorti en 1978, est le quatrième des douze films réalisés par l’acteur Richard Attenborough, parmi lesquels Gandhi, salué en 1983 par huit Oscars, dont celui du Meilleur film. Magic est l’adaptation faite par William Goldman (disparu en 2018) du roman éponyme qu’il avait publié en 1976. Il fut aussi l’auteur du scénario de films majeurs, tels Butch Cassidy et le Kid (Butch Cassidy and the Sundance Kid, George Roy Hill, 1969), Les Hommes du Président (All the President’s Men, Alan J. Pakula, 1976), Marathon Man (John Schlesinger, 1976), Princess Bride (The Princess Bride, Rob Reiner, 1987) et Chaplin (Richard Attenborough, 1999).
Anthony Hopkins, après de solides débuts sur les planches dans la mouvance de Laurence Olivier, avait commencé à se faire un nom au cinéma avec une dizaine de longs métrages, parmi lesquels Le Lion en hiver (The Lion in Winter, Anthony Harvey, 1968) et Un Pont trop loin (A Bridge Too Far, Richard Attenborough, 1977). Il est désormais en tête de l’affiche de Magic. Pour la première fois dans la peau d’un inquiétant schizophrène, il laisse paraître de sérieuses dispositions pour commencer à incarner, treize ans plus tard, le dangereux Hannibal Lecter dans le premier chapitre d’une saga, Le Silence des agneaux (The Silence of the Lambs, Jonathan Demme, 1991).
Magic lui permet de donner toute la mesure de son talent en donnant vie aux deux personnages principaux, Corky et Fats, tout autant son double que son contraire. « Fan-fucking-tastic! We gonna be a staaar! », la fameuse réplique de Fats, dès sa première apparition sur la scène, eut pour résultat de priver le film de diffusion sur la plupart des chaînes télévision !
Les trois autres personnages secondaires sont Peggy Ann Snow, une ancienne camarade d’études à laquelle Corky n’avait jamais osé déclarer son amour, interprétée par Ann-Margret, révélée en 1965 par Le Kid de Cincinnati (The Cincinnati Kid, Norman Jewison) puis par Tommy (Ken Russell, 1975). Ben Greene, l’agent, c’est Burgess Meredith, une figure familière du cinéma américain avec 180 rôles, lancé en 1939 par Des souris et des hommes (Of Mice and Men, Lewis Milestone). Le troisième est le mari de Peggy, Duke, incarné par Ed Lauter, un abonné aux rôles de vilains.
Magic, en évitant la facilité des jump scares, grâce à de bons dialogues, à l’apport de la composition originale de Jerry Goldsmith et, surtout, à l’investissement d’Anthony Hopkins, réussit à faire lentement monter l’anxiété, à rendre inquiétant Fats, toujours judicieusement cadré par Victor J. Kemper, le chef-opérateur de films majeurs, Husbands (John Cassavetes, 1970), Votez McKay (The Candidate, Michael Ritchie, 1972), Un Après-midi de chien (Dog Day Afternoon, Sidney Lumet, 1975), Les Yeux de Laura Mars (Eyes of Laura Mars, Irvin Kershner, 1978)…
Magic surpasse facilement les autres variations sur le thème de la marionnette ou de la poupée maléfique : La Poupée diabolique (Devil Doll, Lindsay Shonteff, 1964), la saga Puppet Master ou, plus récemment, dans la saga Chucky…
Magic (107 minutes) et ses suppléments (67 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9 logés dans les couvertures d’un digipack à trois volets, glissé dans un étui.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.
Dans un livret de 24 pages, intitulé Maudit pantin, Marc Toullec passe en revue les marionnettes du cinéma, évoque les scénarios de William Goldman, la genèse du film produit par Joseph E. Levine, son choix de Richard Attenborough après avoir envisagé Steven Spielberg, d’Anthony Hopkins après Gene Wilder. Puis l’apprentissage par Anthony Hopkins de tours de prestidigitation, de la ventriloquie, de l’animation de la marionnette et de l’accent américain, un investissement total qui aboutira à la « fusion » de Corky et de Fats. Le livret rend hommage à « la muse », Ann-Margret, avant de se refermer sur le succès du film aux USA où il rapporta 29 millions de dollars, presque dix fois la mise, et sur un passage fantomatique en France, avec seulement 77 000 entrées.
Les suppléments sont repris de l’édition sortie aux USA par MPI Media Group en 2010. Il manque, malheureusement, l’entretien de 16 minutes avec William Goldman, auteur du roman et scénariste.
Interview d’Anthony Hopkins (6’, en espagnol et en anglais sous-titré, 1978). Interrogé pour la télévision espagnole, Anthony Hopkins évoque la personnalité de Corky, en faisant rouler une pièce de monnaie d’un doigt à l’autre de sa main droite, un tour que lui a appris Dennis Alwood pendant six semaines avant le tournage, lors de son apprentissage de ventriloque.
Interview radio d’Anthony Hopkins (3’, 1978), accompagné par des extraits du film. Après avoir rappelé que son don pour les imitations et pour le piano et sa montée sur la scène au collège l’ont aidé à surmonter sa timidité et à nourrir sa passion pour le métier d’acteur, il dit les bons moments passés à sa longue préparation au rôle et pendant le tournage.
Interview de Victor Kemper, directeur de la photographie (11’, 2006). Il met l’accent sur la contribution du chef-opérateur, souligne l’impact de la photographie sur l’émotion du spectateur, sur l’atmosphère dégagée par le film, à l’aide des éclairages, du jeu avec l’ombre des personnages. Richard Attenborough, concentré sur les acteurs, lui a laissé une grande liberté.
Test de maquillage d’Ann-Margret (1’20”, 1978).
Bande-annonce, spots TV et radio (8’).
Sur le seul Blu-ray :
Fats et compagnie : une histoire du ventriloquisme (27’). Dennis Alwood, ventriloque, créateur de Fats et consultant pour Magic, fait remonter la pratique de son art aux nécromanciens qui gagnaient leur vie en faisant parler les morts. Il cite l’ouvrage publié en 1772 par l’Abbé Jean-Baptiste de La Chapelle, Le Ventriloque, ou L’Engastrimythe, établissant que cette pratique n’avait rien de diabolique. L’Anglais Fred Russel fut le premier à paraître sur scène, en 1886, avec une marionnette sur les genoux, nommée Coster Joe. Le plus célèbre duo est celui formé en 1922 par Ed Bergen et la marionnette Charlie McCarthy, vus dans une douzaine de films. La pratique peut parfois engendrer une « schizophrénie spontanée », une confusion mentale entre le ventriloque et son double. Comme tous ses collègues, Dennis Alwood a appris seul la ventriloquie, dès l’adolescence, avant la mue de sa voix. Des acteurs célèbres ont interprété des ventriloques : Lon Chaney dans sa dernière apparition sur les écrans dans Le Club des trois (The Unholy Three, Jack Conway, 1930), Erich von Stroheim dans son film Gabbo le ventriloque (The Great Gabbo, 1929) et Michael Redgrave dans le magnifique film collectif Au coeur de la nuit (Dead of Night, 1945). Dennis Alwood fait raconter par Fats sa contribution à Magic qui devait, initialement, être réalisé par Norman Jewison avec Jack Nicholson et Laurence Olivier. Ils chantent ensuite tous les deux les louanges de Richard Attenborough, acteur et réalisateur.
L’image (1.78:1, 1080p, AVC), après une exemplaire restauration (probablement celle effectuée après numérisation 2K pour l’édition MPI Media Group de 2010), exempte de toute marque de détérioration de la pellicule, stable, affiche des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées, avec un contrôle du grain respectueux de la texture du 35 mm.
Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, très propre lui aussi, sans souffle, avec une large ouverture de la bande passante et une bonne dynamique, assure une parfaite clarté des dialogues et met finement en valeur le bel accompagnement musical de Jerry Goldsmith.
Ces remarques valent pour le doublage en français.
Crédits images : © 20th Century Fox, Joseph E. Levine Productions