Lovecraft Country - Saison 1 (2020) : le test complet du Blu-ray

Lovecraft Country

Réalisé par Yann Demange
Avec Jurnee Smollett, Jonathan Majors et Aunjanue Ellis

Édité par HBO

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Le 12/03/2021
Critique

Un conte inspiré de l’univers fantastique et horrifique de H.P. Lovecraft avec, pour toile de fond, le racisme ambiant de l’Amérique des années 50.

Lovecraft Country - Saison 1

Dans l’Amérique raciste des années 1950, Atticus Black, un jeune homme de 25 ans, embarque avec son amie Letitia et son oncle George dans un road trip à la recherche de son père disparu. Sur la route, ils rencontrent des monstres fantastiques et d’autres, bien réels…

Lovecraft Country est l’adaptation du roman éponyme publié par Matt Ruff en 2016, lui-même librement inspiré de l’univers fantastique imaginé par H.P. Lovecraft (1890-1937) qui situait ses histoires dans des lieux fictifs de la Nouvelle Angleterre, pas loin de Salem. Il fut lui-même influencé par Edgar Allan Poe (1809-1849).

Lovecraft Country, coproduite par J.J. Abrams et Jordan Peele, est une création de la jeune scénariste Misha Green qui avait fait ses gammes en participant, en 2009, à l’écriture de la saison 2 de Sons of Anarchy.

La série, en prenant ses distances avec le roman de Matt Ruff, dans un mélange des genres, fantastique, horreur, drame social, nous confronte à des sorciers, à des monstres aux dents acérées, inspirés des shoggoths, imaginés par Lovecraft pour sa nouvelle, At the Mountains of Madness, publiée en 1931. Elle nous invite au voyage. Dans l’espace, vers des univers parallèles, en Corée pendant la guerre et, même, sur une planète d’une autre galaxie. Et aussi dans le temps, avec des sauts dans le passé et dans le futur, où Atticus voit le fils qu’il aura s’il sort vivant des périls auxquels le scénario l’expose.

Lovecraft Country - Saison 1

Lovecraft Country choisit pour toile de fond à son scénario foisonnant, 90 ans après l’abolition de l’esclavage, le sort que l’Amérique des années 50 réservait aux « gens de couleur » dont les droits constitutionnels étaient restreints, dans le Sud, par les lois Jim Crow qui ne seront abolies qu’en 1964. On y voit le couvre-feu encore imposé aux Noirs, la ségrégation avec des places réservées aux Blancs dans les transports publics et les salles de cinéma, le guide de voyage destiné aux Noirs, The Safe Negro Tourist Guide, un livre vert qui a donné le titre du film Green Book : Sur les routes du Sud réalisé en 2018 par Peter Farrelly, salué par trois Oscars, dont celui du meilleur film et du meilleur scénario.

La scène de la jeune femme étranglée par un policier insensible à ses gémissements, « I can’t breathe », surfe sur l’actualité récente de la mort de George Floyd en 2020. Un appel paradoxal au soutien de la cause des Afro-américains des créateurs de la série à H.P. Lovecraft, raciste notoire et admirateur d’Adolf Hitler !

Dans la distribution de la série, se distingue surtout Jurnee Smollett qu’on avait remarquée dans les deux dernières saisons des inoubliables séries Friday Night Lights et True Blood. On a aussi apprécié la prestation de Michael Kenneth Williams, vu dans la minisérie The Night Of et celle de Jamie Chung dans son incarnation de Ji-Ah, aussi belle que dangereuse. Jonathan Majors peine à créer l’empathie pour Atticus Black, le personnage principal.

Lovecraft Country fait la valse-hésitation entre feuilleton et anthologie en nous invitant, d’un épisode à l’autre, à vivre des aventures disparates : un road trip, une immersion dans une secte, un séjour dans une maison hantée, les menées du Ku Klux Klan, une réunion de speed dating en Corée, une équipée intersidérale… une représentation de « La Revue nègre » sur la scène des Folies Bergères avec Josephine Baker.

Ce mélange des genres, l’hétérogénéité et la profusion du scénario affaiblissent l’atout majeur de la série, la qualité de la mise en scène et de la photographie, avec une reconstitution réussie des années 50 et des décors impressionnants, notamment ceux du manoir d’Ardham à l’épisode 2 et de la résidence Winthrop à l’épisode 3. Une bonne occasion de rappeler un conseil de Chris Marler : « Il ne faut pas croire que plus, c’est mieux ». Certains effets spéciaux sont convaincants, d’autres un peu faiblards.

Lovecraft Country - Saison 1

Présentation - 2,5 / 5

Lovecraft Country, saison 1 (10 épisodes d’une durée cumulée de 610 minutes) et ses suppléments (64 minutes) tiennent sur trois Blu-ray BD-50 logés dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un étui.

Le menu fixe et muet propose la série dans sa version originale, en anglais, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1, ou dans un doublage en français et en allemand au format Dolby Digital 5.1.

Sous-titres français et dans sept autres langues, dont l’anglais et l’allemand pour malentendants. Dans l’épisode 6, des sous-titres en anglais incrustés dans l’image se superposent aux sous-titres en français, la plupart des dialogues étant en coréen.

Bonus - 3,0 / 5

Orithyia Blue et l’imagination de Diana Freeman (11’). Misha Green, showrunner, et Afua Richardson, la dessinatrice des BD de Diana Freeman, soulignent que le thème principal de la série, en partie inspirée par les bandes dessinées de l’Afro-américaine Jackie Ormes, est la condition des gens de couleur dans l’Amérique des années 50. Rejetant toute limite, Misha Green s’est autorisée à explorer tous genres et tous lieux. Suit une présentation des personnages par les acteurs.

Lovecraft Country : un recueil des horreurs (12’). Mat Ruff, auteur du roman, met en évidence la combinaison de « l’horreur banale », celle du racisme, et de « l’horreur paranormale », celle des créatures monstrueuses de Lovecraft. Il a appelé « Book of Names » le Necronomicon imaginé par Lovecraft. Les shoggoths, créés par Jerad Marantz « pour faire peur », sont animés en motion capture par des figurants équipés de marqueurs.

Bâtir Lovecraft Country (28’). La série, avec quelques modifications apportées au roman (p. ex., le personnage de Caleb est devenu Christina), brise les codes du genre et s’ancre dans la réalité de la ségrégation aux USA en rappelant, par exemple l’existence des « sundown cities », ces villes qui imposaient un couvre-feu aux Noirs dès le coucher du soleil. Avec les changements de lieux et d’époques, il a fallu 162 plateaux, plusieurs pour les décors du château d’Ardham. La « langue d’Adam » et son alphabet ont été créés à partir des caractères sumériens.

Au coeur de Lovecraft Country (8’). Une suite de brefs aperçus de la série, successivement centrés sur les personnages de Hippolyta, Christina, George, Diana, Atticus, Letitia, Montrose et Ruby.

L’art de Lovecraft Country (5’). Afua Richardson, créatrice des BD, Eric Yamamoto, storyboarder, Carey Jones, maquilleur et J.P. Jones, chef-accessoiriste évoquent leur apport à la série.

Lovecraft Country - Saison 1

Image - 5,0 / 5

L’image (1.78:1, 1080p, AVC) est irréprochable, avec une résolution poussée, des contrastes fermes, des couleurs soigneusement étalonnées.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale ajoute à une claire restitution des dialogues une réelle sensation d’immersion dans l’ambiance grâce à une forte dynamique et une répartition cohérente du signal sur les cinq canaux. Des basses anémiques amoindrissent l’impact des moments spectaculaires comme l’effondrement du manoir d’Ardham à l’épisode 2.

Le doublage en français, moyennement crédible, limité au format standard Dolby Digital 5.1, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Bad Robot, Monkeypaw Productions, Warner Bros. Television

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 13 mars 2021
Cette nouvelle série fantastique a de sérieux atouts : une mise en scène et une photographie soignées, une reconstitution convaincante des années 50, de beaux décors... mais aussi un scénario manquant de cohérence.

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Multimédia
Lovecraft Country - Saison 1
Bande-annonce 1 VOST
Lovecraft Country - Saison 1
Bande-annonce 2 VOST

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