JSA - Joint Security Area (2000) : le test complet du Blu-ray

Gongdong gyeongbi guyeok JSA

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Park Chan-wook
Avec Lee Byung-hun, Lee Young-aeh et Song Kang-ho

Édité par La Rabbia

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Le 02/12/2020
Critique

La mort de deux soldats nord-coréens dans la zone démilitarisée qui sépare la Corée en deux depuis 1953 déclenche une délicate enquête de l’ONU.

JSA - Joint Security Area

Deux soldats nord-coréens ont été tués par balle dans la Zone Démilitarisée de Sécurité (Joint Security Area) séparant la Corée du Nord et la Corée du Sud, établie en 1953 par l’armistice de Panmunjom et placée sous contrôle de l’ONU. Pour éviter que la tension créée par cet incident déclenche un conflit, le major Sophie E. Jean, une jeune Suissesse d’origine coréenne, a été chargée d’éclaircir les circonstances de la mort des deux soldats avec instruction des représentants de l’ONU de n’en faire porter la responsabilité à aucun des deux camps ennemis…

JSA - Joint Security Area (Gongdong gyeongbi guyeok JSA), sorti en 2000, l’adaptation d’un roman à succès publié de Park Sang-yeon, a dû, malgré le bon accueil du public dans plusieurs pays et les prix reçus (dont le Prix du public au Festival du Film Asiatique de Deauville) attendre juin 2018 pour être projeté dans les salles françaises. C’était le troisième long métrage du réalisateur et scénariste coréen Park Chan-wook qui a, depuis, enchaîné les succès, salués par l’Ours d’or à Berlin pour Paranmanjang en 2011, le Prix du jury à Cannes pour Old Boy (Oldeuboi, 2003, formant une trilogie avec Sympathy for Mister Vengeance / Boksuneun naui geo, 2002, et Lady Vengeance / (Chinjeolhan geumjassi, 2005) et pour Thirst (Bakjwi, 2009).

JSA - Joint Security Area

JSA - Joint Security Area, au prix de quelques aménagements du roman, prend les allures d’un thriller. Le spectateur a été, au début du film, le témoin du drame. Il faudra un long flashback pour lui dévoiler les faits qui ont conduit à l’incident, la fraternisation, après une rencontre fortuite dans le no man’s land, des soldats des deux pays divisés depuis près de cinquante ans. Un thème qui va résolument à l’encontre de l’état d’esprit longtemps inculqué en Corée du Sud par les media et par l’éducation, désignant les Coréens du Nord comme des ennemis. Cette attitude s’est progressivement nuancée, mais la sortie du film a déclenché des réactions hostiles chez des seniors et, dix ans plus tôt, il n’aurait pas pu sortir.

JSA - Joint Security Area prend à rebrousse-poil les préjugés : les hommes sont les mêmes des deux côtés de la frontière. Les prétendues différences qui les opposent ne sont fabriquées qu’à des fins politiques et ont, à elles seules, causé la mort des deux soldats.

JSA - Joint Security Area a bénéficié, comme les autres films de Park Chan-wook, d’une minutieuse préparation, avec un storyboard de 300 pages dessiné de sa main, joint dans son intégralité à cette édition.

On doit aussi saluer la belle composition originale de Joh Yeong-wook qui avait signé l’accompagnement musical de cinq autres films de Park Chan-wook, dont Old Boy (Oldeuboi, 2003) et Mademoiselle (Ah-ga-ssi, 2016).

Le cinéma coréen motive La Rabbia qui avait sorti en 2018 Memories of Murder (Salinui chueok, Bong Joon-ho, 2003) dans une magnifique édition, saluée en janvier 2019 par le Prix du meilleur DVD/Blu-ray de patrimoine.

JSA - Joint Security Area

Présentation - 5,0 / 5

JSA - Joint Security Area (109 minutes) et ses suppléments, un documentaire exclusif de 53 minutes et deux commentaires audio, par le réalisateur et par l’équipe du film, tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé, en compagnie d’un DVD-9 avec le film et d’un DVD-9 de bonus, dans les couvertures d’un mediabook.

Le mediabook est glissé dans un épais boîtier cartonné, avec un facsimile du storyboard.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en coréen et en anglais, avec sous-titres optionnels, idéalement placés à cheval sur la bande noire, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.

À l’intérieur du mediabook, un livret de 40 pages, abondamment illustré, écrit par Thomas Baurez (critique à France Inter et Première) rappelle les incidents survenus à la frontière, auxquels le cinéma donne « son pouvoir sur le réel, son expressivité la plus folle et sa fonction première : le questionnement du regard ». Suit une analyse du film avec les vues de Park Chan-wook : « Mon film traite de la tension, du sentiment d’instabilité psychologique extrême juste avant qu’une guerre n’éclate. » Le succès inattendu du film tient, pour lui, « au travail des acteurs ». Thomas Baurez conclut : « JSA est la matrice de l’oeuvre d’un cinéaste qui va continuer à explorer la douleur de vivre dans un monde violent et bipolaire contaminé de l’intérieur. » Le livret, après un article de Juliette Morillot sur la DMZ (la zone démilitarisée), se referme sur la filmographie de Park Chan-wook et la fiche artistique du film.

Cette édition offre un document exceptionnel, la reproduction, sur 300 pages, du storyboard dessiné par le réalisateur, avec environ 2 500 cadres et les plans des plateaux.

Une des remarquables éditions de l’année !

JSA - Joint Security Area

Bonus - 5,0 / 5

Sur le Blu-ray :

JSA : au-delà de la frontière (53’, La Rabbia/Grab The Cat, 2019, en coréen, sous-titré). Un entretien avec Park Chan-wook, enregistré à Londres en décembre 2018. La situation de la péninsule coréenne n’a pas changé et la tension, stimulée par une éducation anticommuniste, est toujours aussi forte : JSA est donc resté d’actualité. L’idée d’un film militant a été écartée au profit d’un thriller : l’intrigue du roman a été maintenue, mais avec quelques aménagements et les dialogues ont été réécrits. Le choix des acteurs et la direction du jeu ont été faits avec le souci d’éviter les stéréotypes sur la Corée du Nord, « un pays étranger pour nous ». La mise en scène visait à faire un « thriller palpitant » sur le thème d’un « conflit entre le système et l’individu ». L’armée sud-coréenne y est désacralisée, montrée comme une société « normale », dans laquelle tout peut se passer. Le choix de la fin montre que le système peut écraser l’individu. Difficile, pour le réalisateur, de prédire l’avenir des relations entre les deux Corée dans lesquelles interviennent de grandes puissances étrangères.

Commentaire audio du réalisateur (en coréen, sous-titré). Il porte sur les choix scénaristiques, les autorisations de tournage dans la zone démilitarisée qui ont dû être obtenues, les solutions improvisées quand elles ont été refusées, la direction d’acteurs, les lieux de tournage, les techniques utilisées, les scènes qu’il aime, celles dont il a honte…

Commentaire audio de l’équipe du film (en coréen, sous-titré). On ne nous dit pas qui intervient dans ce commentaire, en général pertinent. S’il recoupe parfois celui du réalisateur, il apporte, le plus souvent, d’utiles informations complémentaires, par exemple sur la postproduction.

Bande-annonce de 2018 (2’, VOST).

JSA - Joint Security Area

Sur le DVD du film :

Les deux commentaires audio.

La bande-annonce de 2018.

Sur le DVD de bonus :

JSA : au-delà de la frontière, déjà sur le Blu-ray du film.

Histoire d’un tournage : le documentaire (55’, 1.33:1, 2000, en coréen, sous-titré). On assiste à la première lecture du scénario avec le storyboard, aux répétitions, à des scènes de tournage, interview du réalisateur, du scénariste et des acteurs, au dessin et construction des décors. On y trouve aussi des informations sur les personnages, sur le calendrier de réalisation, sur la sortie et le très bon accueil par le public (6 millions d’entrées en Corée). Le film a contribué à l’engouement croissant pour le cinéma coréen, mais aussi suscité des réactions hostiles des gens éduqués dans « la peur des rouges » (the red complex) et des vétérans de l’armée qui saccagèrent les locaux de la société de production Myung Film.

Interview de Park Chan-wook et de Song Kong-ho (25’, 1.78:1, 2000, en coréen, sous-titré). Le visionnage de Vertigo (Sueurs froides) de Hitchcock a donné à Park Chan-wook l’envie de devenir réalisateur. Après deux films qui n’avaient pas marché, Myung Film lui a passé commande de JSA, l’adaptation difficile d’un roman qui traitait beaucoup du passé, avec de nombreux chapitres abstraits. Il a choisi Song Kong-ho, formé au théâtre et acteur dans plusieurs films, pour incarner le sergent nord-coréen Oh Kyeong-pil. Sont évoqués, les repérages, les décors du Panmunjom, de l’hôpital militaire nord-coréen, le succès du film lui a permis de réaliser Sympathy for Mr. Vengeance, dont le scénario avait été plusieurs fois rejeté.

Interview de Shin Ha-kyun (6’, 1.33:1, 2000, en coréen, sous-titré). Convaincu par la qualité du scénario, il a accepté le rôle auquel l’avait préparé le service militaire, obligatoire pour les hommes. Il a apprécié que le film aille contre les préjugés sur les Coréens du Nord.

Images de la zone de sécurité (13’, 1.33:1). Un site visité, chaque année, par 75 000 touristes avec une collection d’objets venant de Corée du Nord. Dans le Parc de Imjingak, à 50 km au nord de Séoul, ont été construits un mémorial et le Freedom Bridge où viennent se recueillir les Coréens qui ont laissé leur famille au nord. On peut aussi visiter un des quatre tunnels creusés par les Coréens du Nord pour une éventuelle invasion du sud.

L’ouverture du décor du film au public (3’) en présence des acteurs en costumes qui coupent le ruban, forment le voeu d’une réunification et répondent aux questions des premiers visiteurs.

Bande-annonce d’époque (3’).

Bande-annonce de 2018 (2’).

JSA - Joint Security Area

Image - 5,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), après une remasterisation en 4K du super 35 opérée en 2018, est d’une remarquable qualité. Lumineuse, agréablement contrastée, avec des noirs denses, elle garantit une parfaite lisibilité de tous les plans, y compris des scènes de nuit. Elle offre une palette de couleurs naturelles, soigneusement étalonnées. Le traitement du bruit a été assuré dans le total respect de la texture argentique.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale associe clarté des dialogues et finesse du bel accompagnement musical. Une forte dynamique et une répartition équilibrée du signal sur les cinq canaux créent une convaincante sensation d’immersion dans l’action.

Ces observations valent pour le doublage en français, plutôt réussi.

Crédits images : © CJ Entertainment, Myung Film

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,6
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Aliocha
Le 1 mai 2021
Pas de commentaire.
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Philippe Gautreau
Le 3 décembre 2020
JSA prend à rebrousse-poil les préjugés inculqués dès leur enfance aux Coréens du Nord et du Sud : ce sont les prétendues différences qui les opposent, fabriquées à des fins politiques, qui ont causé la mort de deux soldats sur la zone frontière. Ce film, plusieurs fois primé, nous revient après une restauration exemplaire, accompagné, dans cette édition ultime, par le storyboard intégral dessiné par le réalisateur.
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kedkille
Le 24 septembre 2011
Un bon film du genre mais avec des points faibles dans le scénario et des interprétations un juste !!

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