Réalisé par Abel Ferrara
Avec
Lili Taylor, Christopher Walken et Annabella Sciorra
Édité par Carlotta Films
Kathleen, une brillante étudiante en philosophie à l’Université de New York, prépare activement sa thèse de doctorat. Un soir, elle croise sur son chemin une étrange et séduisante femme qui la conduit de force dans une impasse avant de la mordre au cou. Bientôt, Kathleen va développer un appétit féroce pour le sang humain qu’elle assouvira en attaquant ses proches ou des inconnus…
The Addiction est le neuvième de la vingtaine de longs métrages réalisés par Abel Ferrara, au faîte de sa gloire quand il sort, en 1995, à la suite de The King of New York (1990), Bad Lieutenant (1992), Body Snatchers, l’invasion continue (Body Snatchers, 1993) et Snake Eyes (Dangerous Game) (1993).
The Addiction est l’avant-dernier des neuf films qu’Abel Ferrara réalisa avec la complicité du scénariste Nicholas St. John, auteur du scénario original. Commencée avec les trois premiers films du réalisateur, 9 Lives of a Wet Pussy, complètement oublié mais dont le titre laisse entrevoir le thème, Driller Killer (1979) et L’Ange de la vengeance (Ms .45, 1981), sa collaboration avec Abel Ferrara prendra fin en 1996 avec Nos funérailles (The Funeral).
La dépendance trouble la perception jusqu’à nous faire oublier qui nous sommes
The Addiction, en marge d’une histoire de vampires pareille à nulle autre, encore plus insolite que celle que proposera Jim Jarmusch avec Only Lovers Left Alive en 2013, est une métaphore sur l’addiction aux drogues dures et à l’alcool. Consentantes, au début, les victimes deviennent totalement dépendantes, malgré la souffrance encourue, l’impossibilité d’échapper à l’engrenage qui les porte à la violence. C’est aussi une parabole sur l’affrontement du Bien et du Mal, symbolisé par l’insert de photos d’alignements de cadavres prises dans un camp de concentration et dans le village vietnamien de My Lai.
L’ambiance très particulière du film doit beaucoup à la photo de Ken Kelsch, le chef opérateur attitré d’Abel Ferrara de 1993 à 2011, avec une suite de plans en clair-obscur sur la plus grande partie du métrage, tourné la nuit. La bande-son est très complémentaire de l’image avec des bruitages associés à l’accompagnement musical de Joe Delia qui a signé les partitions de onze autres films d’Abel Ferrera.
Lili Taylor tient là son tout premier grand rôle et, aussi le plus important de toute sa carrière avec son interprétation de Lisa Kimmel dans 22 épisodes de la remarquable série Six Feet Under créée par Alan Ball en 2001. On remarque aussi, dans des apparitions courtes, mais significatives, Annabella Sciorra et Michael Imperioli, tous deux acteurs récurrents de la série créée par David Chase, Les Soprano (The Sopranos, 1999-2007, 86 épisodes) et, surtout, Christopher Walken, acteur principal de quatre autres films d’Abel Ferrara, dont The King of New York.
The Addiction, insolite, envoûtant, était pourtant absent de nos catalogues.
The Addiction (82 minutes) et ses suppléments (65 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans boîtier de 11 mm, glissé dans un fourreau.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ‘ou 2.0 stéréo.
Entretien avec les vampires : documentaire réalisé par Abel Ferrara avec Christopher Walken, Lili Taylor, Joe Delia et Ken Kelsch (31’, Arrow Films, 2018). Un jour où il neigeait sur New York, vingt-trois ans après la sortie du film, les cinq évoquent leurs souvenirs du tournage, leurs vues sur l’addiction, la culpabilité… et les choses de la vie.
Entretien avec Abel Ferrara (16’, Arrow Films, 2018). Le réalisateur justifie son choix du noir et blanc, évocateur des films « qu’on a aimés », prône le tournage avec une seule caméra, se souvient de sa parfaite entente avec Ken Kelsch, de l’accord des acteurs pour n’être payés qu’après la sortie du film…
Analyse de Brad Stevens (9’, Arrow Films, 2018), réalisateur du documentaire Outliving Dracula: Le Fanu’s Carmilla, sorti en 2011. Il établit le parallélisme entre L’Ange de la vengeance, La Nuit des morts vivants (Night of the Living Dead, George A. Romero, 1968) et The Addiction qui, derrière l’apparence, est une vision humaniste du péché et de la rédemption.
Abel Ferrara pendant le montage du film (9’). Accrochés aux murs de la salle de montage, des portraits de Mère Theresa et… d’Orson Welles ! Abel Ferrara dit apprécier la liberté que lui donne New York et se risque à chanter en duo avec Buddy Holly.
Bande-annonce originale.
Ces suppléments sont repris de l’édition Arrow sortie aux USA en juin 2018, sans le commentaire audio par Abel Ferrara.
L’image (1.85:1, 1080p, AVC), après remastérisation 4K d’un négatif original, a bénéficié d’une restauration par Arrow Films approuvée par Abel Ferrara et le chef-opérateur Ken Kelsch. Elle a été débarrassée de toute marque de détérioration de la pellicule avec un contrôle du grain respectueux de la texture du 35 mm. Stable, elle propose le noir et blanc très contrasté voulu par le réalisateur.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (ou, au choix, 2.0 stéréo) de la version originale, très propre et stable lui aussi, restitue clairement les dialogues. Une bonne dynamique et une ouverture raisonnable de la bande passante rendent l’ambiance présente. Le remixage 5.1 se limite à donner un peu plus d’ampleur à l’accompagnement musical.
Crédits images : © Fast Films