L'Île de la terreur (1966) : le test complet du Blu-ray

Island of Terror

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Terence Fisher
Avec Peter Cushing, Edward Judd et Carole Gray

Édité par ESC Editions

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Le 16/06/2021
Critique

Un des films de science-fiction les plus remarquables signés par Fisher.

L'Île de la terreur

1966, Royaume-Uni, Londres et Nord-Est de l’Irlande. Sur une île sauvage peuplée d’une petite communauté d’éleveurs et de pêcheurs, le Dr. Phillips et ses assistants mènent des recherches secrètes sur le cancer en collaboration avec un réseau international aussi réparti à New York, Rome et Tokyo. Leur laboratoire ultra-moderne se trouve dans les souterrains d’un luxueux manoir. Un accident biologique y donne naissance à une nouvelle race de monstres se nourrissant du calcium des os humains et animaux. Deux savants, et une jeune femme venus aider les habitants, constatent bientôt que les monstres existent et qu’ils se divisent, comme certaines cellules cancéreuses, à un rythme exponentiel. Une course contre la montre dont l’enjeu est rien moins que la survie des habitants de l’île, est alors enclenchée dans un climat de franche panique.

L’Île de la terreur (GB 1966) de Terence Fisher fut distribué au cinéma très tardivement à Paris en 1972 (il y avait été présenté en avant-première pendant la seconde Convention du cinéma fantastique de 1972) alors que c’est l’un de ses films majeurs de science-fiction.

L'Île de la terreur

C’est son quatrième de cette catégorie du genre fantastique, puisqu’il fut précédé par Four-Sided Triangle (1953, inédit en France au cinéma, intitulé en Belgique Le Triangle à 4 côtés), Spaceways (1953, inédit en France au cinéma), The Earth Dies Screaming (1964, inédit en France au cinéma) et qu’il sera suivi, l’année suivante, par La Nuit de la grande chaleur (GB 1967) distribué tardivement et mutilé par son distributeur parisien. Les deux titres de 1953 avaient été tournés pour la Hammer Films mais pas ceux de 1964-1966-1967. Ces trois derniers titres forment une sorte de trilogie SF fishérienne assez cohérente thématiquement, consacrée à la lutte d’un groupe humain contre des envahisseurs inhumains.

C’est rétrospectivement avec La Nuit de la grande chaleur que L’île de la terreur entretient sans doute les rapports les plus étroits : même société de production (Planet Film Production), même lieu de l’action (une île), même idée d’une communauté isolée en proie à une agression monstrueuse, même volonté d’équilibrer scènes de terreur diurnes et nocturnes, même progression dramatique (l’agression, une fois révélée, devient l’objet d’un suspense cauchemardesque mené à un rythme haletant), même compositeur musical (certaines mélodies de 1966 sont d’ailleurs brièvement réemployées dans le film de 1967), extérieurs tournés en partie dans la même région anglaise de Buckimghamshire et, enfin, au détour d’un ou deux plans, mêmes décors puisque la petite caverne où est tué le clochard du film de 1967 est la même que celle où était tuée la première victime des monstres en 1966.

L'Île de la terreur

Reste que des différences évidentes subsistent entre ces deux titres. Une première différence essentielle : la violence graphique. Celle de L’île de la terreur est supérieure : on n’oublie plus la terrible amputation de Peter Cushing une fois qu’on l’a visionnée ! Seconde différence : l’érotisme est bien plus discret en 1966 (quelques plans sexy de Carole Gray dans l’appartement londonien du jeune médecin) qu’en 1967 où il sera essentiel. Troisième différence : en 1966, c’est la science elle-même qui accouche, par suite d’une erreur biologique, de terribles monstres alors qu’en 1967 ce seront des monstres extra-terrestres qui utilisent intelligemment la science humaine pour conquérir la Terre. Quatrième différence : le budget plus ample en 1966 bien que Fisher dispose d’un casting plus riche en 1967 (Christopher Lee et Peter Cushing) qu’en 1966 (Cushing sans Lee). Le titre de 1966 présente une variété plus ample de décors d’intérieurs et d’extérieurs naturels que celui de 1967. Cinquième différence, fondamentale : la fin pessimiste et ironique à la fois de L’Île de la terreur qui, d’ailleurs, est assez cruel dans son ensemble. Elle s’oppose à la fin optimiste (il est vrai de justesse) du titre de 1967.

À quand un coffret Blu-ray regroupant chez nous dans des conditions cinéphiliques The Earth Dies Screaming (1964), L’île de la terreur (1966) et La Nuit de la grande chaleur (1967), trilogie SF méconnue en France mais tout à fait passionnante de la filmographie de Terence Fisher (*) ?

(*) Ce serait d’autant plus urgent que le titre de 1964 demeure encore inédit chez nous et que l’édition française Blu-ray Movinside 2017 du titre de 1967 repose sur une copie certes intégrale mais recadrée et dotée d’un étalonnage argentique médiocre qu’il faudrait restaurer. On pourrait songer, non moins sérieusement, à un plus ample coffret SF Terence Fisher qui regrouperait ses 5 films estampillés dans cette catégorie : les 2 plus anciens Hammer Films de 1953 + cette trilogie de 1964-1966-1967.

L'Île de la terreur

Présentation - 4,0 / 5

Edition combo ESC contenant 1 Blu-ray BD50 régions B 1080p AVC + 1 DVD9 zone 2 PAL + 1 livret 24 pages, le 21 avril 2021. Durée du film : 87 min. environ. Image au format original 1.66 respecté, Eastmancolor, compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 Mono en VOSTF + VF d’époque. Suppléments : présentation par Laurent Aknin (15 min. environ). Seul le Blu-ray a été reçu et testé. Livret 24 pages illustrées sur le film, par Marc Toullec, pas reçu.

Bonus - 2,0 / 5

Présentation par Laurent Aknin (Fr. 2021, durée 15 min. environ) : Assez bonne mais quelques remarques cependant correctrices. Fisher a été de 1957 à 1973 presque exclusivement employé comme cinéaste par la Hammer Films. L’intermède Planet Films est… un intermède et la collaboration à la firme allemande d’Arthur Brauner en fut un autre, sans plus. En revanche, oui absolument, et Aknin a raison de le rappeler, il y a du fantastique occasionnel (et de la science-fiction) parfois passionnant dans sa période filmographique pré-1957, qu’elle soit hammerienne ou non. La remarque sur les rochers de l’île comme ayant servi à tous les Hammer Films fantastiques est curieuse puisqu’ils n’ont servi qu’à deux films de SF précisément pas produits par la Hammer : simple détail car le reste de la remarque est par ailleurs exact, y compris la mention de nuits américaines un peu hasardeuses, parfois, mais noyées dans le dynamisme de l’ensemble. Bonne remarque sur les liens très étroits (que j’avais détaillés dès 2017 dans ma critique du film de 1967) existant entre le film de SF de 1966 et celui de 1967. Enfin les illustrations sont agréablement variées mais pourquoi avoir montré une affiche du La Momie (USA 1933) de Karl Freund au lieu d’une affiche de La Malédiction des pharaons (The Mummy, GB 1959) de Fisher ? Et puis surtout, ne pouvait-on pas nous gratifier d’un bonus supplémentaire comprenant une galerie affiches et photos d’exploitation anglaises, américaines et / ou françaises de ce titre si intéressant ?

L'Île de la terreur

Image - 4,0 / 5

Format original 1.66 respecté en Eastmancolor, compatible 16/9, Full HD 1080p AVC. C’est la première édition numérique française respectant correctement le format large original (l’ancienne édition DVD française Aventi incluse dans le « Coffret Peter Cushing » provenait d’un télécinéma recadré au format 1.37 compatible 4/3 et ses couleurs étaient par conséquent délavées). Un curieux mais très fugitif défaut entre 55’ et 55’ 1 » : pendant que les hommes déchargent les caisses de dynamite et les fusils entreposés sur le plateau arrière d’une Land-Rover, l’image s’interrompt une fraction de seconde pour laisser la place à un écran totalement blanc. Peut-être s’agit-il d’une rupture irrécupérable du négatif à cet endroit ? Une dizaine de poussières et de brûlures négatives et positives subsistent en outre mais l’ensemble a par ailleurs été bien restauré par le laboratoire anglais Pinewood. On retrouve enfin la beauté argentique originale et le savant dosage des couleurs, notamment dans les scènes du manoir, du laboratoire et dans les scènes de forêt.

Son - 5,0 / 5

Son VOSTF et VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0 mono : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VOSTF dispose d’un équilibrage meilleur que celui de la VF d’époque entre dialogues-effets sonores et musique. Doublage d’époque honorable : je ne partage pas le mépris de Laurent Aknin à son égard. Certains effets sonores électroniques signalent les monstres. Bonne musique signée Malcolm Lockyer.

Crédits images : © Planet Film Productions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony