Le Pont de Remagen (1969) : le test complet du Blu-ray

The Bridge at Remagen

Réalisé par John Guillermin
Avec George Segal, Robert Vaughn et Ben Gazzara

Édité par Rimini Editions

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Le 16/06/2021
Critique

Film de guerre très spectaculaire, un des meilleurs de son réalisateur.

Le Pont de Remagen

Allemagne, début mars 1945, Seconde guerre mondiale. L’armée américaine lance une offensive sur le Pont Luddendorf qui relie par chemin de fer la ville de Remagen à Erpen afin de neutraliser la 15ème Armée allemande. La compagnie commandée par le lieutenant Hartman, du 27ème Bataillon d’infanterie blindée, est chargée de prendre le pont. L’état-major allemand, conscient que sa prise précipiterait la chute du Troisième Reich, ordonne sa destruction, quitte à bloquer les unités allemandes et les civils se trouvant encore du mauvais côté du Rhin. Le 7 mars 1945, la bataille acharnée pour le pont de Remagen s’enclenche : sa cruauté et sa brutalité sont, de part et d’autre, dévastatrice.

Le Pont de Remagen (The Bridge at Remagen, USA 1969) de John Guillermin (1925-2015) appartient à son âge d’or filmographique qui couvre la période 1960-1972 durant laquelle il tourne en écran large puis très large des films au casting et au budget toujours plus importants jusqu’à La Tour infernale (The Tower Inferno, USA 1972), son titre le plus connu chez nous mais qui avait été très étroitement supervisé par son producteur Irwin Allen.

Le tournage du Pont de Remagen débuta durant l’été 1968 sur le véritable pont tchèque de Davle, à 25 kilomètres au Sud de Prague, et pour l’essentiel à Most, à environ 100 kilomètres au Nord de Prague. C’est dans cette seconde ville que les combats de rues (y compris ceux mettant en scène des chars M24) furent filmés : l’équipe avait reçu l’autorisation de détruire une assez grande partie de la ville pour les besoins du scénario. C’était l’un des rares films américains en partie tournés derrière le « rideau de fer » en Tchécoslovaquie. Sa production fut brutalement interrompue par l’invasion soviétique d’août 1968 : l’équipe du tournage fut évacuée par une trentaine de taxis sauf l’acteur Robert Logan qui profita de l’occasion pour photographier et filmer l’invasion en temps réel. Une réplique, à l’échelle mais moitié plus petite, du pont fut construite en Italie à Castelgandolofo, près de la résidence de vacance du Pape au Sud de Rome, et le restant du film fut pour l’essentiel tourné à Hambourg, en R.F.A.

Le Pont de Remagen

Historiquement, la bataille est bien réelle et son issue, telle qu’elle est montrée (y compris les informations concernant les explosifs installés sur le pont) demeure exacte. Le lieutenant Phil Hartman se nommait en réalité Karl Timmerman et fut un soldat d’élite assez remarquable. Certains détails matériels de direction artistique témoignent d’un sérieux travail de documentation. Le sergent américain Angelo joué par Ben Gazzara utilise, par exemple, un pistolet-mitrailleur allemand MP40 dont la présence s’explique si on songe qu’il fait partie d’une unité de reconnaissance opérant derrière les lignes ennemies allemandes : détenir une arme allemande y est donc un gage de survie car on peut l’approvisionner facilement en chargeurs et en munitions compatibles. Il est cependant le seul de sa section à en être muni, ce qui n’est pas illogique non plus car les simples soldats du rang sont limités à leur dotation réglementaire d’équipements et d’armes, ni plus ni moins. Les pare-chocs avants des Jeep sont munis d’une curieuse et spectaculaire barre métallique verticale centrale : elle servait à protéger les conducteurs, en tranchant les fils fins et autres câblages minces tendus entre deux arbres que les Allemands tendaient afin de les décapiter. Les carabines USM2 munies d’un sélecteur pour le tir automatique, de tenons de baïonnettes et de chargeurs 30 coups sont bien visibles. Selon certains cinéphiles amateurs d’armes, c’est une erreur chronologique mais selon certaines sources historiques, elles commençaient à être distribuées à certaines unités sur le front européen et complétaient les dotations de carabines USM1 fabriquées depuis 1941. Lorsqu’elles n’étaient pas disponibles, on leur substituaient des kits de transformation assez simples à installer par le soldat sur sa USM1 afin de la modifier en USM2, beaucoup plus redoutable. En revanche, certains autres détails détonnent aux yeux de l’historien : en mars 1945 en Allemagne, par exemple, les arbres n’étaient pas encore verdoyants et leur feuillage bien garni comme on le voit ici ; le major Paul Krüger dit au général Von Brocke que l’armée russe se trouverait au bord de la rivière Elbe lorsqu’ils examinent la carte géographique de la situation mais elle n’y arrivera qu’en avril 1945, après la prise du pont. On pourrait en citer d’autres concernant les uniformes, les casques, certains équipements.

Reste que, au total, la mise en scène est d’une constante beauté plastique (amples travellings, fondus au rideau, utilisation de la profondeur de champ) et sert un suspense au rythme sans relâche. Signalons en outre une belle direction photo signée Stanley Cortez, un montage nerveux, une excellente interprétation (y compris féminine), une musique très dynamique signée Elmer Berstein. Le Pont de Remagen demeure un des meilleurs films de guerre de la décennie 1960-1970 : certaines de ses idées plastiques ont probablement influencé des séquences et / ou des plans à venir dans certains grands films de guerre de la période suivante 1970-1980, signés Richard Attenborough, Lewis Gilbert, Sam Peckinpah, John Sturges.

Le Pont de Remagen

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray BD50 régions B 1080p AVC, édition Rimini, le 15 avril 2021. Durée du film : 116 min. 30 sec. environ. Image au format original 2.35 respecté, en couleurs, compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 Mono en VOSTF + VF d’époque. Suppléments : La bataille de Remagen (2021, durée 9 min. environ) de Stéphane Chevalier.

Livret 24 pages illustrées sur le tournage du film, pas reçu.

Bonus - 1,0 / 5

La Bataille de Remagen (Fr. 2021, durée 9 min. environ) de Stéphane Chevalier : documentaire historique bien monté à partir de photos d’archives N&B et de données statistiques soigneusement chiffrées, qui relate le contexte, la bataille et son issue.

Par rapport à l’édition « limitée » américaine Twilight Time de 2017 dont les bonus se résumaient à la musique d’Elmer Bernstein placée sur une piste séparée et à une bande-annonce, cette édition française Rimini comporte assurément davantage d’informations sur la genèse, le tournage et l’exploitation du film. Reste que je m’étonne tout de même que ni les USA ni la France n’aient songé à insérer dans leurs disques respectifs ne serait-ce qu’une simple galerie affiches et photos. Quant à un éventuel commentaire audio du cinéaste, il aurait fallu songer à lui demander avant 2015 pendant qu’il était encore vivant : on aurait sûrement appris beaucoup de choses intéressantes.

Le Pont de Remagen

Image - 5,0 / 5

Format original 2.35 respecté en Panavision couleurs DeLuxe, compatible 16/9, Full HD 1080p AVC. Direction de la photo signée Stanley Cortez (1908-1997) aussi à l’aise en écran très large couleurs qu’en écran large N&B dix ou quinze ans plus tôt pour des cinéastes tels que Samuel Fuller ou Charles Laughton. Le Pont de Remagen est, dans sa filmographie, l’ultime film important (sur le plan budgétaire) dont il ait signé la photographie. Copie argentique en excellent état sauf un plan endommagé à l’émulsion instable survenant à 20’ 23 » : belle performance, compte tenu de la durée du film. Transfert vidéo précis et grain bien respecté, bonne précision et bonne définition des contours lors des scènes nocturnes.

Son - 5,0 / 5

Son VOSTF et VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0 mono : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Piste VO en bon état général, piste sonore VF d’époque enregistrée ici à un niveau plus élevé concernant les dialogues mais en un peu moins bon état technique (quelques légers crissements et chuintements occasionnels mais uniquement pour une oreille attentive : rien qui gêne réellement l’audition). Le doublage est excellent et bien écrit (mieux écrit que les modernes STF). Musique signée Elmer Bernstein (1922-2004) sans lien de parenté avec le chef d’orchestre Leonard Bernstein : Elmer Berstein fut un des plus grands compositeurs de musique de films de la seconde moitié du vingtième siècle, travaillant avec de cinéastes du calibre de John Ford, Richard Fleischer, John Sturges, Douglas Hickcox et bien d’autres. On peut le mettre aisément sur le même plan que Jerry Goldsmith, du point de vue dynamique et mélodique. Il avait débuté comme compositeur pour des documentaires militaires pendant la Seconde guerre mondiale et il était donc, assez logiquement, très à l’aise dans le genre du film de guerre : la preuve ici apportée par cette partition.

Crédits images : © Wolper Pictures

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

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francis moury
Le 17 juin 2021
Film de guerre très spectaculaire et historiquement assez fidèle : un des meilleurs de son réalisateur.

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