Réalisé par Randall Wallace
Avec
Mel Gibson, Madeleine Stowe et Greg Kinnear
Édité par Metropolitan Film & Video
Indochine 1954 : une section française et sud-viêtnamienne est décimée par un assaut communiste nord-viêtnamien dans la Vallée de la Drang. Dix ans plus tard, USA puis Viêt-Nam, 1964 et 1965 : le 7ème de cavalerie, un régiment aéroporté, commandé par le lieutenant-colonel Harold Moore, reçoit l’ordre du général Westmoreland de livrer une offensive dans cette même vallée, près de la frontière cambodgienne, afin de soulager les forces spéciales. Le 14 novembre 1965, les 400 hommes de Moore atterrissent au point X-Ray. Ils vont bientôt comprendre qu’ils sont face à deux bataillons ennemis regroupant des milliers de soldats. Chaque camp considère ce premier engagement comme décisif : aucun ne veut céder. La bataille dure trois jours et trois nuit : la Vallée de Ia Drang sera surnommée « la Vallée de la mort ».
Nous étions soldats (USA 2002) de Randall Wallace est adapté du livre de souvenirs We Were Soldiers Once… And Young écrit par l’officier Harold G. Moore et le journaliste Joseph L.Galloway, alors jeune correspondant de guerre. C’est un grand spectacle reconstituant la première bataille frontale de Ia guerre américaine du Viêt-Nam. D’autres témoins de première main conseillèrent Wallace durant le tournage, ce qui est un gage de fidélité maximale, bien que le film ne soit cependant pas intégralement exact. Tourné aux USA mais les paysages de la vallée asiatique furent très méticuleusement reconstitués. Passée la séquence d’introduction française située en 1954 - certes assez courte, certes un petit peu inexacte historiquement mais cependant déjà très spectaculaire et dotant chaque camp des armes légères qu’il avait alors à sa disposition - puis une première demi-heure de présentation des personnages assez conventionnelle mais néamoins sincère, la bataille débute.
Nous étions soldats acquiert alors, à mesure que les combats s’intensifient durant trois nuits et trois jours, une dimension nouvelle, frôlant parfois l’esthétique fantastique du pur cauchemar. Peut-être le meilleur rôle de Mel Gibson en raison de sa sobriété habitée. Sam Elliott compose un redoutable vétéran aux cheveux argentés (préférant son pistolet semi-automatique Colt 45 au fusil d’assaut M16 lors des combats rapprochés) qui n’est pas sans évoquer, par instants, en raison de son caractère symbolique, celui que jouait Lee Marvin dans Au-delà de la gloire (The Big Red One, USA 1980) de Samuel Fuller. Madeleine Stowe est émouvante et juste : Nous étions soldats présente d’ailleurs cette originalité de montrer attentivement la guerre du côté des épouses, guerre non moins terrible contre la peur de la mort puis contre l’annonce de la mort. La mise en scène de Wallace oscille, tout du long, entre classicisme éprouvé et virtuosité baroque. Un des titres majeurs de la filmographie de la guerre américaine du Viêt-Nam parmi ceux tournés durant la première décennie 2000-2010 de ce siècle.
1 Blu-ray BD50 région B Full HD 1080p AVC édité par Metropolitan Video le 20 mai 2021. Durée du film : 138 min. environ. Image au format original 2.35 respecté, en couleurs, compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 5.1 en VOSTF + VF d’époque. Suppléments : making-of (25 min. environ) + 10 scènes coupées (23 min. env.). Le menu principal est précédé d’une bande-annonce (format 2.35 en couleurs, compatible 16/9, VF) de Tu ne tueras point (Hacksaw Ridge, USA 2016) de Mel Gibson.
Making-of (USA 2002, VOSTF, 4/3, durée 25 min. environ) : excellent car couvrant vraiment les aspects essentiels du film d’une manière claire et précise. Ils débutent par un authentique document 16mm filmant le Lieutenant Colonel Hal Moore le 17 novembre 1965, après les trois jours et trois nuits de bataille de la Drang. Ils couvrent ensuite les choix du directeur photo Dean Semler, les relations entre les témoins de première main et l’équipe de tournage à commencer par celles entre Hal Moore et le cinéaste Randall Wallace, la manière dont les effets spéciaux furent utilisés, dont le paysage fut reconstitué d’une manière quasi-paysagiste à l’aide de 2,5 tonnes d’herbe et d’arbres. Ils permettent de mesurer l’ampleur matérielle du film.
10 scènes coupées (USA 2002, 16/9, VOSTF, durée 23 min. env.) : elles sont compatibles 16/9 (ce qui n’était pas le cas sur l’ancienne édition collector 2 DVD Studio Canal) mais ne sont plus commentées par le cinéaste Randall Wallace (alors que c’était le cas dans l’ancienne édition collector 2 DVD Studio Canal qui comportait une option « avec / sans commentaire audio »). C’est vraiment dommage car Wallace y expliquait en détails ce qu’il avait voulu faire, comment il avait voulu respecter les souvenirs de Moore et Galloway et les raisons précises pour lesquelles il avait finalement renoncé à intégrer chacune de ces séquences au montage final. Je ne regrette certes pas certaines d’entre elles (par exemple la première coupée, intitulée The Lake) mais d’autres me semblent en revanche intéressantes (alternance au montage de la séquence militaire des hélicoptères arrivant au-dessus de la vallée avec une séquence civile des épouses américaines en train de prier à l’église) et certaines, notamment certaines brèves séquences de combat, demeurent remarquables et auraient mérité de figurer au montage final car elles n’auraient pas, de toute évidence, nuit à son rythme général, critère essentiel selon Wallace.
Au total, premier bonus remarquable et second, même amputé de son commentaire audio, qui demeure assurément intéressant et utile mais pourquoi ne pas avoir tout bonnement repris l’ensemble des suppléments de l’ancienne édition collector 2 DVD Studio Canal de 2002 ? Ils comportaient notamment un commentaire audio du réalisateur Randall Wallace et une comparaison précise du story-board avec la première scène filmée, à savoir la fameuse séquence française, d’ailleurs cinématographiquement tout à fait remarquable par sa violence graphique. Cette édition Metropolitan s’avère donc, sur le strict plan des suppléments, une assez bonne édition spéciale mais ne peut plus prétendre au statut d’édition collector comme peuvent encore y prétendre non seulement cette ancienne édition 2 DVD mais encore l’ancienne édition Blu-ray Studio Canal de 2009 qui, elle, comporte bien sur son unique disque l’ensemble des anciens suppléments de l’édition collector 2 DVD.
Format original 2.35 respecté en couleurs, compatible 16/9, Full HD 1080p AVC, région B. Direction de la photographie signée Dean Semler qui avait signé vingt ans plus tôt celle, très remarquée, de ce classique du cinéma fantastique qu’est devenu Razorback (Australie 1984) de Russel Mulcahy. Ceux qui possèdent l’ancienne édition collector 2 DVD Studio Canal de 2002 ou l’ancienne édition Blu-ray Studio Canal de 2009 pourront se reporter, concernant cette section, au story-board dont la précision fut millimétrique et qui nécessita parfois une dizaine de caméras distinctes pour une même séquence. Couleurs vives, définition supérieure qui produit une belle précision graphique : même les plans d’ensemble munis de fumées (très nombreux) sont parfaitement définis. Le logo de la Paramount fêtant ses 90 ans qui précède le générique d’ouverture, concerne l’année 2002 de la première distribution vidéo, à condition de considérer que la Paramount fut fondée en 1912 car on peut estimer qu’elle le fut plutôt en 1914 ou bien encore en 1916, étant donnée la relative complication de son histoire et le fait qu’elle résultait de la fusion de plusieurs sociétés.
Son VOSTF et VF d’époque en DTS-HD Master Audio 5.1. : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone qui privilégiera la piste sonore VOSTF car elle seule restitue vraiment le très ample travail sur les effets sonores : parfois une centaine de pistes sonores distinctes furent enregistrées sur un seul plan, en raison du soin apporté à la reconstitution simultanée du bruit des armes, des détonations, des bombardements. Le dynamisme des effets sonores est intense et constant. Dans la VOSTF comme dans la VF d’époque, durant la première séquence, les soldats français parlent français et les Viêtnamiens parlent tout du long leur propre langue avec STF. La VF d’époque est techniquement et dramaturgiquement correcte mais la voix française de Gibson ne lui convient pas très bien.
Crédits images : © Paramount Pictures, Icon, Wheelhouse Entertainment