La Peau douce (1964) : le test complet du Blu-ray

Édition Prestige limitée - Blu-ray + DVD + goodies

Réalisé par François Truffaut
Avec Jean Desailly, Françoise Dorléac et Nelly Benedetti

Édité par Carlotta Films

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Le 19/08/2021
Critique

Le film le plus sombre de François Truffaut, boudé à sa sortie, a révélé au fil du temps ses mérites et son originalité formelle.

La Peau douce

Pierre Lachenay, âgé d’une quarantaine d’années, directeur de la revue littéraire Ratures, auteur de l’ouvrage Balzac et l’argent, habite le XVIe arrondissement de Paris avec sa femme Franca et leur petite fille Sabine. Au cours d’un voyage à Lisbonne, où il donne une conférence sur Balzac, Pierre rencontre Nicole, une jeune hôtesse de l’air. Il la revoit à Paris et devient son amant. La vie de Pierre bascule, car il ne sait pas mentir. Il annonce à Franca son intention de divorcer. Désormais libre, il va demander à Nicole de l’épouser.

La Peau douce, sorti en 1964, est le quatrième long métrage de François Truffaut, après Les Quatre cents coups (1959), Tirez sur le pianiste (1960) et Jules et Jim (1962). En attendant de boucler le financement de Fahrenheit 451, il décide de réaliser rapidement un autre film et fait appel à Jean-Louis Richard pour contribuer à l’écriture d’un scénario original sur le thème de l’adultère.

La Peau douce, inspiré de personnages connus de François Truffaut et d’un fait divers, raconte avec réalisme la rencontre, due à une suite de hasards, entre deux personnages que presque tout oppose. Nicole, jeune, assez libre sexuellement, mène une vie nomade, partagée entre son petit appartement parisien et des chambres d’hôtel au gré des escales des avions. Pierre, la quarantaine bien sonnée, mène une vie rangée dans un vaste appartement du XVIème. Très coincé, il expérimente avec Nicole sa première incartade conjugale.

La Peau douce

Jean Desailly enfile sans effort le costume trois pièces du bourgeois aisé, tandis que Françoise Dorléac, tout juste sortie du tournage de L’Homme de Rio (Philippe de Broca, 1964), communique aisément l’insouciance naturelle de son personnage.

Le parti pris de réalisme, tranchant avec le romantisme de Jules et Jim, est renforcé par le choix des lieux de tournage : l’appartement du réalisateur et l’Hôtel Lutetia pour les scènes supposées se dérouler à Lisbonne, complétées par quelques plans de coupe. Un petit rôle, celui d’un dragueur de rue, est attribué à Jean-Louis Richard, que François Truffaut réemploiera pour incarner un personnage encore moins sympathique, le journaliste de Je suis partout dans Le Dernier métro.

La Peau douce, dans sa forme, révèle l’influence d’Alfred Hitchcock que François Truffaut avait longuement interviewé en 1962 pour le livre qu’il publiera chez Gallimard en 1966, Hitchcock/Truffaut. Le réalisateur délaisse le ratio 2.35:1 de ses trois premiers longs métrages pour le format plus compact du 1.66:1, proche du VistaVision choisi par le maître du suspense, et opte pour un découpage en plans plus courts, pour la plupart vus par Pierre Lachenay en caméra subjective. La rigoureuse beauté des cadrages doit beaucoup au chef-opérateur attitré de Jean-Luc Godard, Raoul Coutard, déjà derrière la caméra pour les deux films précédents de François Truffaut.

La Peau douce, reçu fraîchement par la critique et le public à sa sortie, est maintenant reconnu comme une de ses oeuvres les plus abouties formellement, soutenue par une belle partition originale de Georges Delerue, une de la douzaine qu’il composa pour François Truffaut.

La Peau douce

Présentation - 4,0 / 5

La Peau douce (117 minutes) et ses suppléments (31 minutes, sans compter le commentaire audio) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 fixés sur la couverture d’un digipack logé, pour cette Édition prestige limitée à 1 000 exemplaires, dans un épais cartonnage en compagnie de memorabilia : une réduction de l’affiche (53,3 x 38,3 cm), cinq photos du film (16 x 12,3), un facsimile du dossier édité par La Cinématographie Française et du dossier de presse d’Athos Films.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 1.0 (Dolby Digital 1.0 sur le DVD).

Sont simultanément sorties deux éditions single, l’une sur Blu-ray, l’autre sur DVD, avec les mêmes bonus vidéo.

Bonus - 4,0 / 5

Repris de l’édition MK2 de 2000 :

Commentaire audio de Serge Toubiana, avec Jean-Louis Richard (Dolby Digital 2.0 mono). Jean-Louis Richard a rencontré François Truffaut lors d’une projection de son premier film, Les 400 coups. L’idée de départ de La Peau douce (qui aurait pu s’appeler L’Amour, le jour) était de raconter une histoire d’adultère dans laquelle chaque personnage est traité sur un pied d’égalité, de réaliser une étude clinique de l’amour dont le dénouement fut inspiré par un fait divers. Une analyse intéressante de l’oeuvre nous est proposée par deux commentateurs bien placés, Jean-Louis Richard pour avoir été proche de Truffaut pendant la genèse du film et en avoir coécrit le scénario, Serge Toubiana, pour avoir, notamment publié avec Antoine de Baecque l’ouvrage François Truffaut (Gallimard, 1996).

Présentation du film par Serge Toubiana (4’). « Écrit et tourné dans l’urgence entre Jules et Jim et Fahrenheit 451 », dont la réalisation avait été retardée par la recherche d’un producteur. François Truffaut a « tiré les leçons » d’Alfred Hitchcock qu’il avait longtemps interrogé deux ans auparavant.

Actualités télévisées (2’, enregistré pour la télévision flamande pendant le festival de Cannes 1964) : sur la Croisette, le lendemain de la projection de La Peau douce en compétition, Françoise Dorléac et Nelly Benedetti confient leurs impressions sur le film.

Première Magazine (3’) : une interview de François Truffaut et Françoise Dorléac enregistrée pendant le festival de Cannes de 1964.

Cinéastes de notre temps (10’, 2 décembre 1965) François Truffaut avait dit à Jean Desailly que La Peau douce raconterait l’histoire d’un homme obligé à mentir, « mais pas fait pour ça » et qu’elle serait faite de 500 plans rapprochés de lui et de 500 plans de ce que verrait Pierre Lachenay.

Bande-annonce originale (4’).

Bonus propre à cette édition :

L’Ancien et le moderne (10’, Carlotta Films, 2021). Une analyse inédite du film par Nicolas Saada, scénariste et réalisateur. Il considère La Peau douce comme le « diamant noir » de François Truffaut, une réussite formelle au « découpage fragmenté », inspiré d’Alfred Hitchcock. Le film, féministe, oppose la « vieille France » à la modernité, la raideur au naturel, le cinéma de Jean Delannoy à la Nouvelle Vague.

La Peau douce

Image - 4,0 / 5

L’image (1.66:1, 1080p, AVC), après une nouvelle restauration respectueuse de la texture du 35 mm, très propre, stable, affiche des contrastes plus fermes que les éditions précédentes, avec des noirs très denses, mais quelques faiblesses occasionnelles dans l’étalonnage.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, très propre lui aussi, sans souffle, dans une bande passante nécessairement concentrée dans le medium, assure la clarté des dialogues et délivre avec finesse l’accompagnement musical de Georges Delerue.

Crédits images : © 1964 LES FILMS DU CARROSSE / SEDIF / SIMAR FILMS. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 20 août 2021
La Peau douce, reçu fraîchement par la critique et le public à sa sortie, maintenant reconnu comme une de ses œuvres les plus abouties de François Truffaut, nous revient, fraîchement restauré, dans une exceptionnelle édition.

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