20.000 lieues sous les mers (1916) : le test complet du Blu-ray

20,000 Leagues Under the Sea

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Stuart Paton
Avec Dan Hanlon, Edna Pendleton et Curtis Benton

Édité par Rimini Editions

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 16/09/2021
Critique

Le premier long métrage adapté du plus célèbre roman de Jules Verne hissa Universal Pictures au rang des majors de Hollywood.

20.000 lieues sous les mers

Un monstre sous-marin ayant été repéré par plusieurs navires, le gouvernement des États-Unis affrète la frégate Abraham Lincoln pour une expédition chargée de le tuer. Un éminent scientifique français, le professeur Aronnax, conservateur du Muséum national d’histoire naturelle, sa fille et Ned Land, un célèbre harponneur, font partie du voyage. Le monstre est en réalité un sous-marin, Le Nautilus, construit par le capitaine Nemo pour être l’instrument d’une secrète vengeance.

20 000 lieues sous les mers (20,000 Leagues Under the Sea) réalisé en 1916 par Stuart Paton, aujourd’hui oublié, auteur de 66 films, dont une douzaine de courts métrages, est une des premières grandes productions de Universal Pictures, le studio créé en 1912 par l’immigré allemand Carl Laemmle.

Ce n’était pas la première adaptation du roman de Jules Verne au cinéma : Georges Méliès s’y était essayé en 1907, dans un court métrage de dix minutes (visible sur YouTube dans une qualité médiocre) avec effets spéciaux bricolés au studio de Montreuil et des scènes « sous-marines » prises à travers un aquarium.

Jules Verne est un des romanciers dont l’oeuvre a été le plus souvent adaptée au cinéma ou à la télévision, autour de 200 fois. Vingt Mille Lieues sous les mers, souvent associé à L’Île mystérieuse, fait la course en tête, talonné par Le Tour du monde en quatre-vingts jours, suivis dans le peloton par Michel Strogoff et Voyage au centre de la Terre.

20.000 lieues sous les mers

Le 20 000 lieues sous les mers de Stuart Paton, le premier film avec prises de vue sous-marines grâce à la Photosphère, une invention des frères Williamson (ils saluent les spectateurs d’un coup de chapeau à la fin du générique), trouve sa principale source d’inspiration dans Vingt Mille Lieues sous les mers, le roman le plus célèbre de Jules Verne, publié en 1869, la plus longue des 68 histoires composant la collection des Voyages extraordinaires. Le scénario, avec certaines libertés, emprunte aussi à L’Île mystérieuse, ce qui permet au cinéaste d’étoffer le contenu essentiellement descriptif « des vastes prairies infestées de tigres des mers » du premier roman en incorporant les aventures du second pour révéler le terrible secret du mystérieux capitaine Nemo. Le scénario ajoute un personnage féminin, une sauvageonne, « l’enfant de la nature », enlevée et abandonnée sur une île déserte.

Tout ce qu’un homme est capable d’imaginer, un autre est capable de le réaliser

Cette citation de Jules Verne, rapportée sur un carton, témoigne des ambitions de Universal, notables, si l’on se replace plus d’un siècle en arrière : certains angles de prise de vue, le rythme du montage, le recours au procédé du flashback tranchaient avec la routine. Si la pieuvre en caoutchouc animée par un scaphandrier peut paraître désuète à l’heure des effets visuels numériques (CGI), elle a certainement effrayé les spectateurs de 1916 : elle est nettement plus impressionnante que celle qu’imagina, 50 ans plus tard, Edward D. Wood Jr dans une scène de La Fiancée du monstre (Bride of the Monster) dont Tim Burton a recréé le tournage dans son film Ed Wood, sorti en 1994.

Cette réédition attendue d’un important témoin des années pendant lesquelles le cinéma, vu à son origine comme une attraction de foire, inventait encore sa syntaxe pour s’ériger en une forme d’art, est la première à nous arriver en France sur Blu-ray, après restauration et accompagnée d’intéressants compléments exclusifs.

20.000 lieues sous les mers

Présentation - 3,5 / 5

20 000 lieues sous les mers (86 minutes) et ses suppléments (128 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé, pour cette édition combo, dans un digipack non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo pour l’accompagnement musical, avec sous-titres français optionnels pour la traduction des intertitres en anglais.

Bonus - 4,0 / 5

Sur le seul Blu-ray :

La version teintée du film (86’) reconstituée à partir d’une copie russe.

Sur le Blu-ray et le DVD :

Mobilis in mobile (23’, Rimini Éditions, 2021). La devise du Nautilus fournit le titre de ce documentaire d’Alexandre Jousse, réalisateur de courts métrages, scénariste de Blood on Méliès’ Moon (Luigi Cozzi, 2016). Il passe en revue 37 adaptations de romans de Jules Verne pour le cinéma ou la télévision, comme 20 000 lieues sous les mers, dont la première version sonore fut réalisée en 1936 par Jacques de Baroncelli (et Richard Eichberg), et la première adaptation en couleurs de Michel Strogoff par Carmine Gallone, en 1956, avec Curd Jürgens dans le rôle-titre. Il cite également la mise en scène en Technicolor bichrome de L’Île mystérieuse (The Mysterious Island, 1929) par Maurice Tourneur et Benjamin Christensen, réalisateur de l’insolite HÄXAN, récemment réédité par Potemkine Films, le « somptueux et fidèle » 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer en 1954, avec James Mason sous la casquette du capitaine Nemo et Kirk Douglas armé du harpon de Ned Land, Le Tour du monde en quatre-vingt jours, une superproduction en Todd-Ao réalisée en 1957 par Michael Anderson, avec David Niven dans le rôle de Phileas Fogg, entouré par une foule de stars, les trois inventives adaptations du Tchèque Karel Zeman, commençant par Aventures fantastiques (Vynález zkázy, 1958), « un hommage aux pionniers du cinéma ». Puis Voyage au centre de la Terre (Journey to the Center of the Earth, Henry Levin, 1959), encore avec James Mason, le magnifique L’Île mystérieuse (Mysterious Island, Cy Enfield, 2959) avec les effets visuels de Ray Harryhausen, Les Enfants du capitaine Grant (In Search of the Castaways, Robert Stevenson, 1962), Cinq semaines en ballon (Five Weeks in a Balloon) réalisé en 1962 par Irwin Allen, « le maître des désastres ». En France, Jules Verne a surtout été adapté pour le petit écran avec Les Indes noires, (Marcel Bluwal, 1964), Le Secret de Wilhelm Storitz (Éric Le Hung, 1967), mais aussi pour le grand écran avec Les Tribulations d’un Chinois en Chine (Philippe de Broca, 1965), « adaptation très libre du roman » avec Jean-Paul Belmondo et Ursula Andress qu’on retrouvera dans L’Étoile du Sud (The Southern Star, Sidney Hayers et Orson Welles, 1969). Est également citée, L’Île mystérieuse, une minisérie en forme de suite du roman réalisée en 1973 par Juan Antonio Bardem et Henri Colpi, avec Omar Sharif, et quelques réalisations plus récentes, fantaisistes à l’aide d’effets spéciaux numériques. Un intéressant panorama illustré par de courts extraits et des affiches des films.

Entretien avec Laurent Aknin (19’, Rimini Éditions, 2021). Vingt mille lieues sous les mers (publié en 1869, pas en 1856) fut adapté une première fois en 1905, l’année de la mort de Jules Verne. C’était alors un thème très moderne. L’univers de Jules Verne avait précédemment inspiré Le Voyage dans la lune en 1902 à Georges Méliès, dont le cinéma tomba vite en désuétude pour n’avoir pas suivi les avancées techniques. La première adaptation en long métrage de Jules Verne est le Michael Strogoff de Lloyd B. Carleton en 1914. La nouveauté du film de Stuart Paton (les sous-marins naviguaient déjà) fut la prise de vue sous-marine réalisée dans les eaux claires des Bahamas à l’aide d’une sorte de « périscope inversé », une invention des frères Williamson. Ce fut la première grande production de Carl Laemmle, le fondateur de Universal Pictures. Un « coup de maître en termes d’image » : il hissera au rang des majors de Hollywood le studio qui accueillera une grande partie des cinéastes européens fuyant le nazisme. Après une phase d’oubli, le film sera reconnu comme une oeuvre novatrice.

Deux utiles bonus, complémentaires l’un de l’autre, sans redites.

20.000 lieues sous les mers

Image - 4,0 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC) est, dans son ensemble, d’une qualité surprenante pour un film vieux de plus d’un siècle, propre, stable, fermement contrastée avec des blancs lumineux et des noirs denses, après une restauration 4K opérée par NBCUniversal StudioPost à partir d’une copie nitrate 35 mm conservée par UCLA Film & Television Archive. Quelques scènes sont parfois affectées par une pluie de fines lignes blanches verticales et, dans certaines séquences sous-marines, nettement moins contrastées, apparaissent parfois deux formes blanches obliques, probablement des taches sur la surface de l’objectif.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo délivre avec clarté le plaisant accompagnement musical original composé par le colombien Orlando Perez Rosso pour orchestre de chambre.

Crédits images : © Williamson Submarine Film Corporation

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 16 septembre 2021
Les premières prises de vue sous-marines, le premier des nombreux longs métrages inspirés par Jules Verne, fraîchement restauré et accompagné de bonus inédits.

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)