Honor Among Lovers (1931) : le test complet du Blu-ray

Restauration haute-définition - Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Dorothy Arzner
Avec Claudette Colbert, Fredric March et Monroe Owsley

Édité par Elephant Films

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Le 16/11/2021
Critique

Pas facile pour une femme sans fortune, quels que soient ses talents, d’accéder à un bon rang social dans l’Amérique des années 30 !

Honor among Lovers

Julia Traynor, secrétaire, n’est pas indifférente aux avances de son patron, Jerry Stafford, un courtier de Wall Street. Mais elle met une condition pour y céder : le mariage, auquel il persiste à préférer le statut de célibataire. Un concours de circonstances va la pousser dans les bras de l’entreprenant Philip Craig, qu’elle épouse juste avant que Jerry ne lui demande sa main…

Honor Among Lovers, sorti en 1931, est le huitième des dix-sept films réalisés par Dorothy Arzner de 1927 à 1943, si l’on oùet les quatre qu’elle a coréalisés avec Robert Milton, Henry Hathaway, Edmund Goulding et Richard Boleslawski sans que son nom apparaisse au générique. Oubliée par la quasi-totalité des histoires du cinéma, elle fut pourtant une pionnière, une des très rares réalisatrices de l’Âge d’or du cinéma hollywoodien. Après une solide expérience de monteuse au sein de Paramount, elle s’est lancée dans la réalisation en tournant quelques scènes additionnelles d’Arènes sanglantes (Blood and Sand, Fred Niblo, 1922), puis son premier film, Fashions for Women en 1927, suivi de deux autres muets avant Manhattan Cocktail, son premier film parlant, aujourd’hui perdu.

Honor Among Lovers met en images un scénario original d’Austin Parker, scénariste ou coscénariste d’une douzaine de films, dont celui de la comédie musicale Hollywood Hollywood (Something to Sing About, Victor Schertzinger, 1937) et de Gertrude Purcell, surtout connue pour l’écriture de Femme ou démon (Destry Rides Again, George Marshall, 1939), un plaisant western avec Marlene Dietrich.

Honor among Lovers

Honor Among Lovers annonce Merrily We Go to Hell, que Dorothy Arzner tournera, un an plus tard, sur le même thème d’une jeune femme confrontée aux difficultés de la vie en couple. Chacun des deux films a pour personnage masculin principal un homme prénommé Jerry, interprété par Fredric March, qui allait rejoindre les acteurs des premiers rangs en décrochant l’Oscar d’interprétation masculine pour le rôle-titre de Docteur Jekyll et Mr. Hyde de Rouben Mamoulian.

Comme dans l’autre film, Dorothy Arzner met en avant le personnage féminin, celui de Julia, l’efficace secrétaire semblant connaître l’entreprise aussi bien que son patron, au point de contrer seule l’hostilité du comité de direction à l’idée de l’audit qu’il a décrété. Julia est interprétée avec une forte assurance par Claudette Colbert qui, à 28 ans et après huit longs métrages, tient ici un de ses premiers rôles importants.

Monroe Owsley, dont la carrière sera interrompue par une mort prématurée à 36 ans, réussit à donner une réelle présence à Philip Graig, le mari de Julia dont le film brosse un tableau très peu flatteur.

Honor Among Lovers accueille aussi des personnages secondaires qui apportent quelques mesures comiques à une partition assez noire sur la dépendance des femmes. Principalement Charles Ruggles, sous le manteau de fourrure de Monty Dunn, un impénitent coureur de jupons qui ne cherche pas à cacher son machisme en disant qu’il est en train de « débourrer » (break in) sa dernière conquête, une blonde superficielle qu’il étiquette ainsi : « a little dumb, but she’s alright ». Laquelle conquête n’est autre qu’une quasi-débutante de 20 ans, Ginger Rogers.

Honor Among Lovers vaut aussi pour la beauté des décors art déco de Charles M. Kirk, révélé dès 1921 par Les Deux orphelines (Orphans of the Storm, D.W. Griffith) et pour la qualité de la photographie de George J. Folsey, treize fois nommé aux Oscars, le chef opérateur de plus de 150 films, parmi lesquels cinq dirigés par Vincente Minnelli, dont Tous en scène (The Band Wagon, 1953) et Planète interdite (Forbidden Planet, Fred M. Wilcox, 1956).

Cette édition, et celle de Merrily We Go to Hell, sortie simultanément, viennent combler en partie un des manques de notre catalogue vidéo qui, jusque-là, ne proposait de l’oeuvre de Dorothy Arzner qu’un extrait de la comédie musicale Dance, Girl, Dance, sortie en 1940.

Honor Among Lovers et Merrily We Go to Hell inaugurent la Collection Les Soeurs Lumière, coéditée par Elephant Films, Splendor Films et Extralucid Films, avec trois autres films annoncés aujourd’hui : Be Natural : l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché (Be Natural: The Untold Story of Alice Guy-Blaché, Pamela B. Green, 2018), Property (Penny Allen, Eric Alan Edwards, 1979) et Old Joy (Kelly Reichardt, 2006), le seul à avoir été préalablement édité en vidéo en France.

Honor among Lovers

Présentation - 2,5 / 5

Honor Among Lovers (75 minutes) et ses suppléments (37 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier Blu-ray (avec, au dos de la jaquette, l’affiche originale) glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Sont sorties simultanément deux éditions single, une sur Blu-ray, l’autre sur DVD, avec le même contenu.

À l’intérieur du boîtier, un livret de 12 pages présente succinctement la Collection Les Soeurs Lumière, avec un court synopsis et la liste des bonus.

Bonus - 3,5 / 5

Portrait de Dorothy Arzner par Véronique Le Bris (14’), fondatrice de ciné-Woman.fr et du Prix Alice Guy. Seule femme réalisatrice de l’Âge d’or du cinéma à Hollywood, Dorothy Arzner réalise, de 1927 à 1943, une bonne vingtaine de films, dont quatre muets. Ambulancière pendant la première guerre mondiale, elle avait rencontré William C. DeMille, le frère aîné de Cecil B. DeMille : il l’invita sur un plateau, ce qui lui donna l’envie de devenir réalisatrice. Entrée par la petite porte comme secrétaire, puis monteuse d’une cinquantaine de films, elle obtint en 1927 de Paramount la production de son premier film, Fashions for Women, puis la signature d’un contrat de réalisatrice. Elle tourne avec une star de l’époque, Clara Bowe, son premier film parlant, Les Endiablées (The Wild Party, 1929), dont le succès booste sa carrière et celle de Fredric March. Elle devient cinéaste indépendante et réalise en 1933 un film important, Christopher Strong (La Phalène d’argent) dans lequel Katherine Hepburn tient son deuxième rôle. Puis, en 1936, Craig’s Wife, vu comme un de ses meilleurs films, avec Dance, Girl, Dance. Elle s’est démarquée par des personnages féminins complexes et forts et par la révélation de son homosexualité, deux caractéristiques pouvant expliquer qu’elle ait été si longtemps oubliée. Un supplément qu’on retrouve dans l’édition de Merrily We Go to Hell.

Entretien avec Laura Tuillier (19’), critique de cinéma à Libération. La même année où elle tourne Working Girls, à l’époque « pré-code », la réalisatrice emploie pour la troisième fois Fredric March, en compagnie cette fois de Claudette Colbert, juste avant qu’Ernst Lubitsch ne fasse d’elle une star avec Le Lieutenant souriant (The Smiling Lieutenant, 1931). Elle campe ici une femme de coeur intelligente, un type de femme que Dorothy Arzner tendra à privilégier. Simple employée, sans fortune personnelle, elle est ici confrontée à la difficulté d’une ascension sociale, notamment au moyen d’un beau mariage, mais sans céder au jeu pervers auquel veut la soumettre son patron. Des touches d’humour sont apportées par des personnages secondaires, surtout par Charles Ruggles, une figure familière sur les grands et petits écrans, avec plus de 150 seconds rôles. Dorothy Arzner reprendra, en 1936, avec Craig’s Wife, le thème du mariage voué à l’échec qu’elle imputera, cette fois, à la femme.

Le film par Véronique Le Bris (4’). Claudette Colbert domine la distribution avec son interprétation d’une « secrétaire explosive avec la tête sur les épaules », avant que le Code Hays ne tende à faire rentrer les femmes dans leur foyer. Une figure forte contrastant avec le personnage de la « ravissante idiote » attribué à Ginger Rogers.

La collection Soeurs Lumière avec les bandes-annonces de quatre des cinq films (manque celle de Old Joy).

Honor among Lovers

Image - 2,5 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), curieusement, propose le meilleur et le pire. Lumineuse et fermement contrastée dans certaines séquences, elle apparaît mal étalonnée, terne avec des noirs poreux dans d’autres, souvent affectée par une forte instabilité. Une restauration hâtive, ou à partir d’une source trop détériorée, a laissé subsister de nombreuses taches blanches et, pire encore, quelques plans très dégradés, par exemple autour de 48’30.

Son - 3,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, s’il restitue avec une clarté acceptable les dialogues, est affecté par un souffle gênant.

Crédits images : © Paramount Pictures

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 16 novembre 2021
Ce mélodrame teinté de policier, avec Claudette Colbert en tête d’affiche, et Merrily We Go to Hell, sorti simultanément, sont les seuls films édités en vidéo en France de l’œuvre de Dorothy Arzner, une des rares réalisatrices à avoir réussi à percer à Hollywood, pourtant largement oubliée par les historiens du cinéma. Cette édition s’inscrit dans la collection Les Sœurs Lumière, un hommage aux pionnières du cinéma.

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