Tremblement de terre (1974) : le test complet du Blu-ray

Earthquake

Blu-ray + Livret

Réalisé par Mark Robson
Avec Charlton Heston, Ava Gardner et George Kennedy

Édité par BQHL Éditions

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Le 16/11/2021
Critique

Film-catastrophe impressionnant, appartenant à l’âge d’or du genre.

Tremblement de terre

USA, Californie, Los Angeles 1974 : les fondateurs et employés d’un cabinet d’architectes, une épouse dépressive, un policier mis à pied, une jeune veuve et son fils, un groupe de cascadeurs, les clients d’un bar, un caissier, la spectatrice d’un cinéma, sont tous surpris dans leurs activités par un gigantesque tremblement de terre, annoncé par certains signes que seul un modeste fonctionnaire municipal et un jeune savant ont reconnu à temps sans en convaincre leur hiérarchie. Il dévaste la ville mais, pire encore, fracture le barrage situé sur une montagne environnante.

Tremblement de terre (Earthquake, USA 1974) de Mark Robson fut produit par la Universal afin d’exploiter le filon du « film-catastrophe » qui s’était montré profitable depuis le Airport (USA 1970) de George Seaton. Le producteur Jennings Lang participa à l’écriture du scénario en compagnie de Mark Robson et George Fox, tout en retenant certains éléments d’une première version écrite par Mario Puzo. Le script de Puzo contenait de bonnes choses, de l’avis même de Lang, mais il aurait été le film le plus cher jamais réalisé à Hollywood : même revu à la baisse, le budget se chiffra évidemment en millions de dollars de l’époque.

On peut, sur le plan filmographique, considérer que Tremblement de terre appartient, en raison du traitement esthétique de certaines scènes chocs du film, à la filmographie sélective fantastique de Robson, genre qu’il avait brillamment servi en 1943-1946 mais dans la catégorie du fantastique psychologique alors qu’ici il s’agit d’un fantastique physique par ses effets comme par ses causes. Il y a quelque chose de fantastique dans certaines idées, parfois presque purement esthétiques, telles que l’image de ce western avec Clint Eastwood qui se déchire puis brûle à l’écran (le projecteur qui s’enflamme mais la lentille éclaire l’image jusqu’à sa destruction) sous les yeux terrifiés des spectateurs tandis que le cinéma est détruit par les secousses. Ou bien encore ces câbles électriques arrachés, émetteurs d’étincelles mortelles, devenus semblables à des serpents ondulant et prêts à mordre / brûler Geneviève Bujold tandis qu’une vague se dirige vers elle, comme si brusquement les règnes végétaux, minéraux, animaux, les éléments dans leur totalité se liguaient contre l’homme. L’intervention de la garde nationale introduit à certains moments une ambiance de science-fiction qui renforce l’impression apocalyptique : elle est traitée d’une manière critique, parfois assez lucide et inattendue. Autre critique sociale (oscillant entre film noir et comédie en forme de clin d’oeil pour cinéphiles) : celle de la police de Los Angeles dont les pouvoirs se heurtent à la simple haie du jardin de la star Zsa-Zsa Gabor ! Le scénario, comme souvent dans le genre, a la structure d’un jugement surnaturel de Dieu, balayant les maudits (qui se signalent aux spectateurs par leurs vices), sauvant les élus mais… pas toujours : le réalisme en est alors augmenté. Il ménage deux catastrophes spectaculaire  : d’abord le tremblement de terre et ses répliques meurtrières puis la destruction du barrage qui provoque un raz-de-marée. Les effets techniques (visuels et sonores) sont, dans les deux cas, remarquables de réalisme augmenté par un nouveau procédé sonore, le « Sensurround » qui reproduisait à la perfection les fréquences basses multi-dimensionnelles entendues lors de véritables tremblements de terre.

Casting de stars (Charlton Heston exigea que la fin soit modifiée et obtint gain de cause), musique signée John Williams auquel le genre était musicalement identifié depuis L’Aventure du Poseidon (USA 1972) de Ronald Neame, effets spéciaux photographiques réglés par Albert Whitlock et Clifford Stine, deux des magiciens de la Universal des années 1950 et 1960 au sommet de leur art durant l’âge d’or du « film-catastrophe » en 1970-1975. Tremblement de terre rapporta dix fois le budget de sa production rien qu’en Amérique dès sa sortie. Il mérite amplement d’être revu.

Tremblement de terre

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray-50 région B Full HD 1080p édité par BQHL le 15 juin 2021. Durée du film : 124 min. environ. Image au format 2.35 compatible 16/9. Son Linear PCM 5.1. (VF d’époque + VOSTF). Suppléments : Les nouveaux sons de la catastrophe : Ben Burtt parle de la technologie Sensurround (11’19”, VOSTF) + Les nouvelles peintures de la catastrophe : le mate painting selon Albert Whitlock (10’36”, VOSTF) + 3 scènes inédites issues de la version longue TV (format 1.37, durées 23’43” + 7’14” + 1’40”, VOSTF) + bande-annonce (3’, VOSTF) + Livret illustré 24 pages. Belle illustration de jaquette et belle sérigraphie provenant des affiches françaises d’époque. La durée du film mentionnée au verso du surétui de protection (94 min.) est inexacte ; la durée correcte est celle mentionnée au verso de la jaquette du boîtier (124 min.).

Livret 24 pages illustrées couleurs + N&B de Marc Toullec, savoureusement intitulé « Épicentre Hollywood » : il est bien illustré en photos de plateaux et en photos de tournage mais aucune photo d’exploitation (sinon détourée). Il replace soigneusement le film dans l’histoire du genre à partir de 1970. Il est riche en informations techniques de première main, grâce aux déclarations du producteur Jennings Lang, du réalisateur Mark Robson, des acteurs Charlton Heston et Geneviève Bujold, des décorateurs et responsables des effets spéciaux. Nombreuses anecdotes savoureuses sur Ava Gardner, le caméo (crédité sous son vrai nom) de Walter Matthau, les procès perdus ou gagnés par Universal, le scénario initialement rédigé par Mario Puzo et bien d’autres choses encore. La présentation filmographique de Mark Robson est sommaire : aucune mention de ses premiers films fantastiques RKO des années 1943-1946 qui sont pourtant des classiques du genre mais une distinction entre Le Champion (« classique de la boxe à l’écran ») et Plus dure sera la chute (« film noir ») : en fait les deux qualifications s’appliquent au titre de 1949 et à celui de 1956 mais il eût été nettement plus simple de les qualifier de films noirs (le genre auquel ils appartiennent) et d’ajouter qu’ils traitent tous les deux de la boxe (thème récurrent du film noir, au demeurant). Attention à la syntaxe : page 5, aux lignes 24-25, il faut comprendre que c’est parce que Paramount et Coppola lui demandent de rédiger le scénario du Le Parrain 2 que Mario Puzo ne peut pas revoir son scénario initial de Tremblement de terre pour la Universal. La syntaxe de la phrase, telle qu’elle est rédigée dans le livret, pourrait faire croire que ce sont Paramount et Coppola qui lui demandent une nouvelle version du scénario Universal, ce qui serait évidemment absurde. Bibliographie sommaire précise, mentionnant bien les dates de parution des livres et articles cités. Ce n’était pas toujours le cas sur certains livrets : ce devrait être la norme constante à l’avenir, car une mention bibliographique sans date est lacunaire.

Tremblement de terre

Bonus - 3,5 / 5

Les Nouveaux Sons de la catastrophe : Ben Burtt parle de la technologie Sensurround (durée 11’19”, VOST) : claire et savante présentation technique du procédé (mélange d’inscription d’un code sur une piste optique et d’un dispositif matériel installé dont le déclenchement au cinéma était minuté à la seconde) qui était effectivement impressionnant au cinéma et qui est ici bien restitué. Burtt signale un élément peu connu : le retard assez étonnant d’Hollywood, dans les années 1970, en matière de technique sonore.

Les Nouvelles Peintures de la catastrophe : le mate painting selon Albert Whitlock (durée 10’36”, VOST) : très bon documentaire sur les techniques d’alliage entre photographie et peinture dont Whitlock était devenu un maître à la Universal. Il faut noter aussi la collaboration du vétéran Clifford Stine dont le nom évoque les classiques Universal de la science-fiction des années 1955.

3 scènes inédites issues de la version longue TV (format 1.37 compatible 16/9, durées 23’43” + 7’14” + 1’40”, VOST) : état argentique variable du bon au mauvais, établi à partir d’une restauration 2K. Universal avait entrepris dès 1975 l’écriture d’une suite cinéma (qui se serait déroulée à San Francisco et non plus à Los Angeles) mais le projet fut abandonné. En revanche, la TV américaine NBC montra en 1976 une version TV en deux parties de 1H10 chacune. Il lui manquait environ 20 minutes de métrage même en utilisant certaines chutes non retenues au montage de la version originale cinéma (par exemple une séquence avec Victoria Principal qui repoussait les avances d’un homme un peu trop entreprenant à son goût) : il fallait donc tourner quelques nouvelles séquences mais l’ensemble devait du coup être 1.37 compatible 4/3 (ce qui signifiait qu’on allait recadrer en 1.37 l’image 2.35 d’origine) afin de limiter les frais. Mark Robson refusa catégoriquement : Universal confia le travail à Gene Palmer, un monteur d’origine (mais Robson demeura seul crédité réalisateur au générique de cette version longue TV). Le premier segment de 23’43” (en bon état, et munis des plans-marqueurs nécessaires de début et de fin pour qu’on sache à quel endroit de la continuité originale chaque nouvelle scène s’insérait) rassemble les différentes scènes filmées en 1.37 spécialement pour cette version TV. Parmi elles, un avion (en guise de clin d’oeil, parfois savoureux et drôle, à la série des Airport que Universal produisait) sur le point d’atterrir au moment où la piste au sol commence à trembler et dont le pilote remet les gaz précipitamment ! Plus intéressantes et assez bonnes sont les scènes complémentaires avec Victoria Principal et Marjoe Goetner d’une part, la scène du prêteur sur gages avec Jesse Vint d’autre part. La séquence de 7’14” est présentée séparément en raison de sa qualité technique un peu inférieure. La séquence de 1’40” (en état vidéo médiocre) devait figurer à la fin de la première partie de la version TV mais ne fut pas retenue au montage final : c’est une chute de la version TV.

Bande-annonce originale (1.78 compatible 16/9, durée 3’, VOST) : état argentique et vidéo médiocre, durée un peu trop longue comme on les aimait à l’époque mais elle donne une bonne idée des séquences spectaculaires du film.

Édition spéciale soignée qui, associée aux nombreuses informations du livret, est très honorable. Le cinéphile - si et seulement si il est anglophone ― pourra passer à la vitesse supérieure en visionnant l’édition collector 2 disques Shout Factory américaine de 2019 (sortie à l’occasion du 45ème anniversaire du film) qui contient davantage de bonus, notamment une sérieuse galerie affiches et photos comportant une centaine de documents et l’intégralité de la version TV de 1976.

Tremblement de terre

Image - 5,0 / 5

Format original 2.35 compatible 16/9 sur BD50 Full HD en 1080p. C’est le master Shout Factory de 2019 sorti aux USA. Excellente restauration argentique à partir d’un scan 2K d’une copie interpositive retirée du négatif original. Très bon transfert vidéo (norme MPEG 4-AVC) préservant correctement le grain de la photo de Philip Lathrop, restituant les effets spéciaux visuels de Whitlock et Stine. Un vibrateur spécial télécommandé avait été installé sur certaines caméra pour simuler visuellement les secousses sans déformer l’image : le résultat demeure impressionnant. Autre prouesse technique visuelle : la déchirure puis la brûlure totale de l’image sur l’écran du cinéma projetant un western avec Clint Eastwood, sous les yeux terrifiés de Victoria Principal. Les scènes de nuit et les scènes souterraines finales sont très bien définies. Les couleurs sont constamment vives.

Son - 5,0 / 5

Linear PCM 5.1 (VF d’époque + VOSTF)  : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Les fréquences basses spécialement convoquées lors des séquences de tremblement de terre et de destructions par le procédé Sensurround sont bien retranscrites, qu’il s’agisse de la VOSTF ou de la VF d’époque, dramaturgiquement soignée. Musique composée par John Williams, le meilleur compositeur du genre auquel son âge d’or est dorénavant musicalement identifiable.

Crédits images : © Universal Pictures, The Filmakers Group

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 17 novembre 2021
Film-catastrophe impressionnant, appartenant à l’âge d’or du genre, au casting de stars et signé par un solide cinéaste hollywoodien.

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