Lancelot du Lac (1974) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Robert Bresson
Avec Luc Simon, Laura Duke Condominas et Humbert Balsan

Édité par Gaumont

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Le 25/01/2022
Critique

Une évocation très personnelle par Robert Bresson de la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde.

Lancelot du lac

Après l’échec de la « quête du Graal », les chevaliers de la Table Ronde reviennent à la cour du roi Arthur. Parmi eux, Lancelot s’éprend de la reine Guenièvre et subit pour elle une série d’épreuves. Un jeu des passions dangereux pour Arthur et ses chevaliers.

Lancelot du Lac, sorti en 1974, le onzième des treize longs métrages réalisés par Robert Bresson et son troisième en couleurs, est une évocation du roman courtois sur la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. Toujours attentif à rejeter le spectaculaire, le réalisateur situe son récit après l’échec de la quête du Graal et la mort de nombreux chevaliers pour se concentrer sur le récit intimiste du conflit moral qui perturbe Lancelot, dévoué au roi qu’il a trahi en devenant l’amant de Guenièvre.

Comme dans toutes ses oeuvres, le scénario de Lancelot du Lac est volontairement elliptique, laissant parfois le spectateur dans le flou. On ne sait pas, par exemple, qui sont les hommes en armure qui tuent, incendient dans les premières séquences. L’écriture filmique reste épurée, dans une suite de plans fixes saisis par un objectif de 50 mm, le plus proche de la vision de l’oeil humain, n’entraînant pas les déformations de l’image des courtes et longues focales.

Lancelot du lac

Lancelot du Lac n’échappe pas à une autre règle de Robert Bresson, qui se disait « un maniaque du vrai », l’emploi d’acteurs non professionnels que le peintre qu’il était appelait ses « modèles ». Il confia les deux rôles principaux, ceux de Lancelot et de Guenièvre, à deux peintres, comme lui, Luc Simon et Laura Duke Condominas, fille de Niki de Saint Phalle. Des acteurs qu’on ne reverra plus sur les écrans, à la différence de Humbert Balsan, dans le rôle de Gauvain qui, jusqu’à son suicide en 2005, à l’âge de 50 ans, tiendra une trentaine de rôles et contribuera à la production de 76 films. Laura Duke Condominas fit une courte carrière cinématographique qui se terminera en 1985 avec La Nuit porte-jarretelles de Virginie Thévenet.

Cette édition attendue, la première en haute définition et après restauration, met en valeur le travail du chef-opérateur Pasqualino De Santis (Oscar de la meilleure photographie en 1969 pour le Roméo & Juliette de Franco Zeffirelli). Il sera le directeur de la photo des deux derniers films de Robert Bresson. Une intéressante analyse du film par Hervé Gauville, auteur de Lancelot du lac de Robert Bresson (Presses universitaires de Lyon, 2014) complète cette nouvelle édition.

Lancelot du lac

Présentation - 3,0 / 5

Lancelot du Lac (84 minutes) et ses suppléments (33 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film au format DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

La seule édition DVD reste celle sortie en 2012, non restaurée, sans supplément, toujours disponible.

Bonus - 2,5 / 5

Le Temps de l’oisiveté : présentation du film par Hervé Gauville, spécialiste de Robert Bresson (31’, Gaumont, 2021). La concrétisation de Lancelot du Lac a pris plusieurs années, Robert Bresson s’étant longtemps concentré sur deux projets de films qu’il ne réalisera jamais, l’un sur la princesse de Clèves et l’autre, très ambitieux, sur la Genèse. C’est sa deuxième adaptation d’une oeuvre littéraire après Les Dames du Bois de Boulogne inspiré par Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot. Alors qu’Éric Rohmer sera, en 1979, assez fidèle au texte de Chrétien de Troyes pour Perceval le Gallois, Robert Bresson s’en affranchit en commençant son récit « quand l’histoire est finie », une façon d’annoncer la fin de l’ère de la chevalerie. « Entre deux pôles » d’une violence artificielle, s’ourdissent des intrigues « jusqu’à l’arrivée au centre névralgique du film, le tournois qui révèle les partis pris artistiques, esthétiques et dramaturgiques de Bresson ». Il cadre des plans « fragmentés » sur les membres au galop pour souligner la puissance des chevaux qui retrouveront, « débarrassés de leurs cavaliers, leur état sauvage ». On remarque aussi l’importance du son qui, en précédant l’image, annonce l’action, la diction neutre des acteurs non professionnels auxquels Bresson demandait de ne jamais accentuer les dialogues.

Bande-annonce (2’).

Lancelot du lac

Image - 4,5 / 5

L’image (1.66:1, 1080p, AVC), après une restauration et numérisation 4K opérée en 2018 par le laboratoire Éclair, est à la hauteur de celles précédemment commandées par Gaumont pour les oeuvres de Robert Bresson que j’ai pu tester. Très propre, finement résolue et fermement contrastée avec des noirs très denses (appréciables, par exemple, sur l’armure de Lancelot), assurant une parfaite lisibilité des nombreuses prises dans la semi-obscurité, elle déploie des couleurs ravivées, soigneusement étalonnées, encore qu’on puisse estimer que les visages tournent parfois exagérément au rouge en basse lumière. Le grain du 35 mm a été sauvegardé.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, est très propre lui aussi, pratiquement sans souffle, avec une large ouverture de la bande passante, allant du cliquetis des armures aux basses des percussions de la partition originale de Philippe Sarde. Une forte dynamique permet à la bande-son de tenir le rôle important que lui assignait Robert Bresson.

Crédits images : © 1974 Gaumont / Laser Production / France 3 Cinema (France) / Gerico Sound (Italie)

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 25 janvier 2022
Ce film assez méconnu de Robert Bresson, une évocation de la fin de l’ère de la chevalerie très librement inspirée de la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde, nous revient après une restauration exemplaire commandée par Gaumont, pour la première fois en haute définition.

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