À l'Ouest rien de nouveau (1930) : le test complet du Blu-ray

All Quiet on the Western Front

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Lewis Milestone
Avec Louis Wolheim, Lewis Ayres et John Wray

Édité par Elephant Films

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Le 06/01/2022
Critique

L’adaptation exceptionnellement réussie d’un roman pacifiste qui sera détruit en autodafé par le troisième Reich. À voir, absolument !

À l'ouest rien de nouveau

En Allemagne, à l’été 1914, un professeur de grec exhorte ses élèves de terminale à participer à la victoire de la patrie, qui sera remportée après quelques mois. Paul et plusieurs de ses camarades, galvanisés par ce discours, s’engagent volontairement dans les rangs de l’armée du Kaiser. Ils ne tardent pas à découvrir l’atrocité des champs de bataille et à essayer de comprendre les raisons de cette guerre.

À l’Ouest rien de nouveau (All Quiet on the Western Front), Oscar du meilleur film en 1930, est l’adaptation du roman Im Westen nichts Neues, inspiré à l’écrivain allemand Erich Maria Remarque (Erich Paul Remark, pour l’état civil) par son expérience de soldat pendant la première guerre mondiale, publié en 1929. Un an avant la réalisation du film par Lewis Milestone qui venait de se faire connaître par Two Arabian Nights, Oscar de la meilleure comédie en 1929, sur les aventures d’un soldat américain prisonnier de guerre en Allemagne.

Lewis Milestone réalisa une cinquantaine de longs métrages parmi lesquels se distinguent un autre film de guerre, La Gloire et la peur (Pork Chop Hill, 1959), ainsi qu’une remarquable adaptation du roman de John Steinbeck Des souris et des hommes (Of Mice and Men, 1939), avec Lon Chaney Jr. et Burgess Meredith, jamais édité en France, et Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty, 1962), son dernier film.

À l'ouest rien de nouveau

À l’Ouest rien de nouveau fut produit par Carl Laemmle, producteur de près d’un millier de films de 1909 à 1934 et père de Universal Pictures, fondé en 1912, auquel le film valut son premier Oscar. Les moyens investis ont permis le recrutement d’une véritable armée de figurants, la reconstitution saisissante de champs de bataille labourés de trous d’obus, la mise en oeuvre d’impressionnants effets pyrotechniques, un grand souci de réalisme dans les armes et les uniformes. On assiste, par exemple, au remplacement, intervenu en 1916, du casque à pointe prussien (Pickelhaube) par le casque en acier, plus enveloppant (Stahlhelm).

En tête de distribution, dans le rôle de Paul, Lew Ayres, tout à ses débuts, assisté de Louis Wolheim, que Lewis Milestone avait déjà employé dans Two Arabian Knights, de Louis Wolheim et de John Wray, incarnant Himmelstoss, l’aimable facteur métamorphosé en un redoutable tyranneau sous l’uniforme d’un sergent de réserve.

À l’Ouest rien de nouveau tient solidement sa place au milieu des grands classiques du film de guerre au message pacifiste, auprès de La Grande parade (The Big Parade, King Vidor, 1025), J’accuse (Abel Gance, 1919), Les Croix de bois (Raymond Bernard, 1931), Les Sentiers de la gloire (Paths of Glory, Stanley Kubrick, 1957)…

Lewis Milestone a brillamment négocié le délicat virage du muet au parlant en valorisant instinctivement l’apport de la bande-son au réalisme des scènes de combat qui doit également beaucoup au talent du chef-opérateur Arthur Edeson (nommé aux Oscars pour sa performance, comme il le sera en 1943 pour le Casablanca de Michael Curtiz) et, bien que son nom ne figure pas au générique, du célèbre Karl Freund (directeur de la photographie de Metropolis de Fritz Lang, 1927, de Dracula de Tod Browning, 1931, de Key Largo de John Huston, 1948…).

À l'ouest rien de nouveau

Présentation - 3,5 / 5

À l’Ouest rien de nouveau (133 minutes) et ses généreux suppléments (168 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, en compagnie d’un DVD-9, dans un boîtier avec jaquette réversible, non fourni pour le test, effectué sur le seul Blu-ray.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Une édition DVD est sortie avec le même contenu.

Bonus - 4,0 / 5

Repris de l’édition Universal de 2012 :

Introduction de Robert Osborne (3’), présentateur de Turner Classic. À l’Ouest rien de nouveau, un des films les plus pacifistes, révèle l’acteur Lew Ayres, encore débutant, repéré par George Cukor, directeur du casting, et choisi par Lewis Milestone pour tenir le rôle principal. Objecteur de conscience, il servira comme infirmier pendant la seconde guerre mondiale.

Version muette du film (133’, 1080i, AVC, Dolby Digital 2.0 mono). Destinée aux salles qui n’étaient pas équipées pour le cinéma parlant, encore une nouveauté au moment de la distribution du film à l’été 1930, elle a la même durée que la version parlante, le même accompagnement musical, un montage légèrement différent et des plans raccourcis du temps d’affichage des intertitres. Elle a également été restaurée.

Bande-annonce (2’30”).

Plus un complément exclusif :

Le film par Frédéric Mercier, journaliste à Transfuge (30’, Elephant Films, 2021), La première guerre mondiale avait déjà intéressé Hollywood avec La Grande parade (King Vidor, 1925) et Au service de la gloire (What Price Glory, Raoul Walsh, 1926). Avec un remaniement de la temporalité, le film est une adaptation fidèle du roman faisant ressortir, notamment grâce à la contribution du scénariste et dramaturge Maxwell Anderson, les vues de l’auteur sur la guerre. Une grande attention a été donnée « au bruit de la bataille » dans la bande-son, à la composition des cadres, au montage… Le film respecte le parti pris d’universalisme du roman, le choix de ne pas faire de distinction entre les soldats des deux camps, avec une mise en scène « au service du propos », opposant une conception abstraite, exaltée, de la guerre à l’horrible réalité, « le chaos et le hasard » des champs de bataille, où la seule alternative offerte est d’être tué ou de tuer.

Bandes-annonces de quatre classiques du film de guerre édités par Elephant Films : Les Anges de l’enfer (Hell’s Angels, Howard Hughes, 1930), Fear and Desire (le premier film de Stanley Kubrick, 1953), Les Cinq secrets du désert (Five Graves to Cairo, Billy Wilder, 1943) et Pour qui sonne le glas (For Whom the Bell Tolls, Sam Wood, 1943).

À l'ouest rien de nouveau

Image - 4,5 / 5

L’image (1.33:1, 1080p, AVC), après une excellente restauration (certainement faite à partir du négatif original, est-ce celle opérée pour l’édition Universal de 2012 ou une plus récente ?) qui l’a stabilisée et débarrassée des marques du temps. Elle est lumineuse, fermement contrastée avec des noirs denses, et bénéficie d’une étonnante résolution mesurable à la netteté, sur toute la profondeur du champ, des plans larges de combats. Le grain argentique, heureusement préservé, est occasionnellement un peu trop visible.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono de la version originale, très propre lui, restitue clairement les dialogues. Une ouverture de la bande passante concourt au réalisme de la guerre des tranchées avec le sifflement aigu et les sourdes explosions des obus. Un étonnant résultat obtenu avec les moyens encore rudimentaires de prise de son au tout début du parlant !

Le doublage en français, également propre, manque parfois de naturel.

Crédits images : © Universal Pictures

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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5
1
4
0
3
1
2
0
1
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Philippe Gautreau
Le 6 janvier 2022
À l’Ouest rien de nouveau tient solidement sa place au milieu des grands classiques du film de guerre au message pacifiste, auprès de La Grande parade (King Vidor, 1025), J’accuse (Abel Gance, 1919), Les Croix de bois (Raymond Bernard, 1931)… Lewis Milestone a brillamment négocié le délicat virage du muet au parlant en valorisant instinctivement l’apport de la bande-son au réalisme des scènes de combat. Un jalon du cinéma universel !
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P. de Melun
Le 21 février 2021
Au début du film, on se dit (surtout du fait de la mauvaise conservation de la bobine d’origine) que le film a un peu vieilli mais on se laisse prendre peu à peu par l’histoire. Tous les éléments tragiques propres à la dramaturgie cinématographique des films de guerre que sont le volontarisme idéologique, la solidarité entre soldats, les désillusions face à l'horreur, la résignation, la peur de la mort, l’ennui, la faim, l'insalubrité des conditions de vie ou bien encore la douleur physique sont tous présents et bien illustrés dans ce long-métrage qui retient encore le spectateur 90 ans après avoir été tourné.

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