Old Joy (2006) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Kelly Reichardt
Avec Daniel London, Will Oldham et Tanya Smith

Édité par Extralucid Films

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Le 06/12/2021
Critique

Cette réédition attendue d’un film très particulier du cinéma indépendant de Kelly Reichardt s’insère dans la collection Les Soeurs Lumière.

Old Joy

Mark et Kurt, trentenaires, amis d’enfance, après s’être longtemps perdus de vue, se retrouvent à Portland pour aller camper dans une forêt de l’Oregon, le temps d’un weekend, près d’une source d’eau chaude, Bagby Hot Springs.

Old Joy, le second long métrage de Kelly Reichardt, ancienne collaboratrice d’Hal Hartley pour The Unbelievable Truth (1989, encore inédit en vidéo) et de Todd Haynes pour [POGRAM(poison_1991)] (1991), est l’adaptation d’une nouvelle de Jonathan Raymond qui participera à l’écriture du scénario et de celui des autres films de la réalisatrice.

Sorrow is nothing but worn out joy

Derrière la légèreté du scénario - qui pourrait tenir sur un ticket de métro -, derrière les non-dits, on découvre la relative complexité d’une oeuvre nostalgique, d’une évocation de la tristesse, « qui n’est que de la joie usée », du désenchantement ressenti par Mark devant la situation des USA, passés sous administration républicaine depuis une vingtaine d’années à la date où l’action se déroule, à l’aube de l’accession à la Maison Blanche de George W. Bush.

Old Joy, c’est aussi l’inévitable prise de conscience par les deux personnages que leur amitié, qui leur paraissait indéfectible au temps de l’adolescence, pourrait ne pas surmonter les différences qui les démarquent maintenant, vingt ans après. C’est l’inévitable question, laissée sans réponse à la fin du film : Mark et Kurt se reverront-ils jamais ?

Old Joy

Interprété par Will Oldham, acteur et chanteur plus connu sous son nom de scène, Bonnie Prince Billy, Kurt est un marginal, vivant çà et là, un rêveur immature, avec une représentation bien particulière de l’univers sous la forme d’une « larme qui tombe ». Le rôle de Mark, bientôt père, réfléchi, ancré dans la vie sociale, est tenu par Daniel London qui donna la réplique à Robin Williams dans Docteur Patch (Patch Adams, Tom Shadyac, 1998).

Old Joy procure d’autres plaisirs, l’accompagnement musical du trio Yo La Tengo (guitare, basse et batterie) révélé aux cinéphiles en 1992 par Simple Men de Hal Hartley et la beauté des paysages de l’Oregon, longtemps filmés en travelling avant, à travers le pare-brise de la voiture des deux amis, par Peter Sillen qu’avait révélé en 2000 la photographie du documentaire sur l’étonnant Benjamin Smoke.

Old Joy, dont la précédente édition de 2006 par Épicentre Films était épuisée, s’insère dans la Collection Les Soeurs Lumière, coéditée par Elephant Films, Splendor Films et Extralucid Films, avec quatre autres films annoncés à ce jour : Be Natural : l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché (Be Natural: The Untold Story of Alice Guy-Blaché, Pamela B. Green, 2018), Honor Among Lovers et Merrily We Go to Hell, deux films de Dorothy Arzner sortis en 1931 et 1933, et Property (Penny Allen, 1979).

Old Joy

Présentation - 3,5 / 5

Old Joy (73 minutes) et ses suppléments (40 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-25 et sur un DVD-5 logés dans un boîtier Blu-ray, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo (Dolby Digital 2.0 stéréo sur le DVD).

Précédemment édité par Épicentre Films en 2008, le film nous revient avec une meilleure qualité d’image que celle décrite par Sabrina Piazzi dans sa chronique, et avec des compléments d’un meilleur poids.

Bonus - 4,0 / 5

Analyse du film par Judith Revault d’Allonnes, chargée de programmation cinématographique au Centre Pompidou, autrice de Kelly Reichardt, l’Amérique retraversée, édité en 2020 par éd. de L’Incidence / Centre Pompidou (33’, Extralucid Films, Splendor Films, 2021). Douze ans se sont écoulés entre Old Joy et le premier long métrage de Kelly Reichardt, River of Grass (1994), pendant lequel elle a tenté, en vain, de boucler le financement d’un ambitieux thriller. Avec le soutien du réalisateur Todd Haynes, elle peut entreprendre Old Joy avec un budget de 30 000 dollars, tourné en extérieur avec une petite équipe de quatre personnes et deux personnages dont les dissemblances vont peu à peu apparaître. Ce film, emblématique de son cinéma, fait allusion à la paupérisation de la classe moyenne, par la traversée, au début du voyage, d’une zone industrielle apparemment désertée.

Une fine analyse de l’oeuvre, replacée dans la filmographie de Kelly Reichardt.

Portrait de Kelly Reichardt (7’) par le Belge Joachim Lafosse, réalisateur de huit longs métrages, dont Nue propriété (2006) et À perdre la raison (2012). Ce qui frappe le chroniqueur, c’est « oser faire un film qui tient sur si peu (…) dont on sort calme et tranquille ». Il souligne le regard sans ironie ni idée préconçue de Kelly Reichardt sur les personnages, un regard indépendant qui lui rappelle celui de la psychanalyste Joyce McDougall.

Old Joy

Image - 5,0 / 5

L’image (1.78:1, 1080p, AVC), lumineuse, bien contrastée avec des noirs denses, propose des couleurs naturelles, parfaitement étalonnées. La résolution et la finesse du grain sont étonnantes pour un film sur pellicule 16 mm.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo (Dolby Digital 2.0 stéréo sur le DVD), bénéficie d’une bonne dynamique et une raisonnable ouverture de la bande passante, assure la clarté des dialogues et délivre avec finesse l’accompagnement musical. Une quasi-absence de séparation des deux canaux limite toutefois la sensation d’immersion dans l’ambiance.

Crédits images : © Splendor Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 7 décembre 2021
Derrière la légèreté du scénario - les retrouvailles de deux copains le temps d’un weekend - se cache la complexité d’une œuvre nostalgique, sur les désillusions qui mettront à mal une profonde amitié d’enfance, sur le désenchantement suscité par le tournant politique des USA à la fin des années 80. À découvrir dans la nouvelle collection Les Sœurs Lumière sur les pionnières du cinéma.

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