Tout s'est bien passé (2021) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par François Ozon
Avec Sophie Marceau, André Dussollier et Géraldine Pailhas

Édité par Diaphana

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Critique

François Ozon adapte l’auto-biographie d’Emmanuèle Bernheim et aborde avec finesse et justesse l’accompagnement à la mort.

Tout s'est bien passé

Emmanuèle, romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle, se précipite à l’hôpital, son père André vient de faire un AVC. Fantasque, aimant passionnément la vie mais diminué, il demande à sa fille de l’aider à en finir. Avec l’aide de sa soeur Pascale, elle va devoir choisir : accepter la volonté de son père ou le convaincre de changer d’avis.

« On ne peut rien refuser à mon père »

Sujet glissant s’il en est, l’accompagnement à la mort est au coeur du récit Tout s’est bien passé (2013) d’Emmanuèle Bernheim, fille d’André Bernheim, collectionneur d’art et de Claude de Soria, sculptrice. Prise au piège avec sa soeur Pascale d’un mariage hautement défaillant entre ce père manipulateur et pervers d’un côté et cette mère dépressive toute absorbée par son art, elle devra faire face à une ultime et provocante demande de son père : « l’aider à en finir ».

Emmanuèle Bernheim propose assez vite l’adaptation de ce récit à l’écran à François Ozon (les deux artistes se connaissent bien pour avoir déjà collaboré aux scénarios de 4 films du réalisateur), qui décline l’offre. C’est Alain Cavalier, ami de longue date de la romancière qui va lui proposer en 2016 de porter ce récit à l’écran en lui proposant d’incarner son père, tandis qu’elle jouerai son propre rôle. Mais le projet n’aboutira que sous la forme du documentaire Etre vivant et le savoir puisqu’Emmanuèle Bernheim, atteinte d’un cancer, succombe en mai 2017.

Tout s'est bien passé

Pour son 23ème long métrage de cinéma, François Ozon décide donc finalement de porter à l’écran cette tranche de vie et de mort. Sophie Marceau incarne Emmanuèle Bernheim, Géraldine Pailhas sa soeur, Charlotte Rampling incarne sa mère sculptrice (il est d’ailleurs troublant de se surprendre à trouver des traits de ressemblance entre les deux actrices) et André Dussollier prête tout son talent à ce père qui, jusqu’au bout, se joue des qu’en dira-t-on et de l’état émotionnel de son entourage.

Car au-delà du thème et du débat autour de la mort assistée, que Ozon se garde bien de juger, la perversité insidieuse de ce père infuse littéralement le film en générant tantôt une fureur intérieure, tantôt un désarmement devant tant de désinvolture qui répond à un besoin évident d’être aimé.

Sans pathos, sans effets de caméra, sans lourdeur ni accablement, Ozon tisse une trame intelligente, saupoudre tout au long du film les éléments de vie qui permettent petit à petit de comprendre tous ces personnages et propose finalement un récit relativement neutre sur lequel chacun pourra superposer son avis et son expérience de vie.

À l’image de la mise en scène d’une grand simplicité, il faut saluer le jeu des acteurs, au ton naturel désarmant, Sophie Marceau en tête qui porte le film rien qu’avec cette fameuse réplique « on ne peut rien refuser à mon père ». André Dussollier, aidé d’un maquillage extrêmement réussi pour simuler les effets de son AVC, est époustouflant de sincérité et de cruauté à la fois, un rôle peu évident pour un acteur, puisqu’il demande grandement « d’abimer » son image.

Tout s’est bien passé marque vraiment et profondément, surtout, encore une fois par le naturel, qui habite le film.

Tout s'est bien passé

Présentation - 3,0 / 5

Pas de chichi non plus pour cette édition Blu-ray, livrée dans un boîtier Blu-ray classique blanc. La jaquette est complète et précise. Le menu, sur fond d’images et de musique du film, est simple et facile d’accès.

Bonus - 4,5 / 5

14 minutes d’interviews du réalisateur et des trois acteurs principaux ouvrent le bal des suppléments de ce Blu-ray. Quelques anecdotes et impressions du tournage, un peu de brosse à reluire et surtout un peu de contexte de la part de François Ozon quant à sa collaboration avec Emmanuèle Bernheim.

Une sélection de scènes coupées prend la suite, sans chapitrage ni titrage, pêle-mêle, des petits morceaux de film, qui n’auraient rien apporter de plus au film, si ce n’est parfois lui ôter son aspect « jeu de piste » en dévoilant ou expliquant trop.

un petit module muet sur les essais lumières et costumes donnent un bel aperçu de la complicité entre les acteurs et de leur capacité à « être » un personnage, même sans parole.

Le diaporama de projets d’affiches donne à voir le travail de recherche pour trouver l’identité première du film. À partir de photos, de cadres, de fontes de caractères, cette recherche et ce tâtonnement nous sont proposés, jusqu’à l’affiche finale.

Pour finir, l’éditeur Diaphana nous offre un document rare, le documentaire Claude De Soria, sculpteur de Michelle Porte (1994) où l’artiste, mère d’Emmanuèle Bernheim, y explique et raconte avec la plus grande simplicité et avec beaucoup d’humilité, son parcours de sculptrice et ses méthodes, souvent le fruit du hasard et de l’instinct.

Tout s'est bien passé

Image - 4,5 / 5

Assez statiques, les images de Tout s’est bien passé ne rencontrent aucun problème avec l’encodage AVC de ce Blu-ray dont la définition est impeccable et sert le film sans artifices.

Tout s'est bien passé

Son - 4,5 / 5

À l’instar des images, la bande sonore du film est très sage et le 5.1 DTS-HD Master Audio distille une ambiance fine et légère qui pourrait passer inaperçue. Mais en la comparant à la piste stéréo également proposée, on se rend compte à quel point un design sonore de qualité est aussi justement celui que l’on ne remarque pas et qui participe cependant à l’immersion naturelle dans le film.

Crédits images : Carole Bethuel © Mandarin Production, FOZ

Configuration de test
  • Vidéo projecteur Benq W2700
  • Panasonic DP-UB450
  • Ampli Onkyo TX-RZ730
  • Kit enceintes/caisson Morel Nova (configuration 7.1.2)
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Stéphane Leblanc
Le 15 février 2022
François Ozon adapte l’auto-biographie d’Emmanuèle Bernheim et aborde avec finesse et justesse l’accompagnement à la mort.

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