Eiffel (2021) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Martin Bourboulon
Avec Romain Duris, Emma Mackey et Pierre Deladonchamps

Édité par Pathé

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Le 01/03/2022
Critique

Une impressionnante reconstitution de la construction de la Tour Eiffel, diluée dans une romance imaginaire trop envahissante.

Eiffel

Gustave Eiffel, un ingénieur mondialement réputé, reçoit en septembre 1886 la médaille de citoyen d’honneur de l’Amérique à l’occasion de l’inauguration de la Statue de la Liberté dont il a conçu l’ossature métallique. À son retour à Paris, on lui demande de concourir à l’élaboration d’un projet visant à attirer l’attention sur le génie français à l’occasion de l’exposition universelle de 1889. Un de ses collaborateurs lui suggère une tour de métal, mais c’est la construction du métro qui l’intéresse avant tout. Au cours d’une soirée, il revoit Emma dont il était tombé amoureux, trente ans plus tôt…

Eiffel est le troisième long métrage de Martin Bourboulon, après Papa ou maman (2015) et sa resucée, Papa ou maman 2 (2016), deux comédies grinçantes assez bien reçues par la critique et le public pour ouvrir le cordon de la bourse des producteurs qui ont investi près de 24 millions d’euros dans la réalisation du troisième film, la plus grosse production de 2020. Il attira en France le nombre de spectateurs escompté, autour de 1,5 million, malgré un accueil critique plutôt tiède.

L’histoire originale, écrite en 1997 par Caroline Bongrand, intéressa un temps Liam Neeson qui se vit dans le rôle-titre, puis Luc Besson, puis Olivier Dahan avec Marion Cotillard dans les robes d’Adrienne et, même Ridley Scott.

Eiffel

Un mélange d’originalité et de banalité

Eiffel sort du lot commun pour sa reconstitution de la construction d’un projet qui fut, en son temps, un défi téméraire, l’érection en un temps serré, 22 mois, de l’édifice le plus haut du monde, en bordure de la Seine, avec les inévitables remontées d’eau lors du creusement pour les fondations. Le film donne un aperçu du talent d’Eiffel, montre son premier grand ouvrage d’art, construit en 1858, trois ans après sa sortie de Centrale, la Passerelle Saint-Jean, un pont ferroviaire enjambant la Garonne qui commença à assurer sa réputation mondiale. Les témoins de sa maîtrise de la construction métallique sont encore visibles aujourd’hui, au Portugal, avec le pont Pia Maria à Porto et l’ascenseur de Lisbonne, le viaduc de Garabit inauguré en 1884, des centaines de réalisations sur toute la planète, certaines presqu’inconnues comme la salle du Paradis Latin qui faillit être détruite par un projet immobilier, d’autres prestigieuses comme la Statue de la Liberté, dessinée par Bartholdi, qui marque depuis 1886 l’entrée de la baie de New York. C’est sur son inauguration que s’ouvre le film, après une courte scène dans laquelle Eiffel contemple Paris de son bureau situé au troisième étage de la tour.

La banalité, c’est la liaison très largement inventée entre Gustave Eiffel et Adrienne Bourgès, un amour de jeunesse et un espoir de mariage tué dans l’oeuf par l’opposition des parents de la jeune femme. Ce second thème conventionnel, en occupant malheureusement la plus grande partie du métrage, rompt l’homogénéité du récit.

Eiffel

Un machin qui ne sert à rien et sera détruit juste après

Eiffel disposait pourtant de sérieux atouts pour concentrer le récit sur la construction de la fameuse tour du Champ de Mars, avec un décor reconstituant, grandeur nature, les piliers jusqu’à la hauteur du premier étage. Une hauteur plus que suffisante pour nouer l’estomac des spectateurs sensibles au vertige, une réussite à mettre au crédit des équipes de BUF, la société française installée à Paris et à Los Angeles spécialisée dans les effets visuels et les effets spéciaux. Deux scènes combinent intérêt et suspense : l’excavation des fondations envahie par l’eau et la jonction par une énorme poutre métallique de deux piliers.

Un autre intérêt du film est le rappel, malheureusement trop vite expédié, des réticences de Gustave Eiffel lui-même à se lancer dans l’érection d’un ouvrage qui aurait pu n’être qu’éphémère, de l’opposition farouche de beaucoup, notamment d’artistes, vent debout contre une monstruosité qui défigurerait Paris.

Romain Duris sait communiquer la vivacité intellectuelle de son personnage et celui d’Adrienne est interprété avec naturel par Emma Mackey qui tient là son premier rôle en français. On l’avait découverte en 2019 dans la remarquable série britannique Sex Education (25 épisodes) qui mériterait amplement une édition vidéo en France. On a également plaisir à retrouver Pierre Deladonchamps dans le rôle du mari d’Adrienne et, dans celui de Claire, la fille d’Eiffel, Armande Boulanger, remarquée dans la saison 2 de la série Les Revenants, créée par Fabrice Gobert en 2015 et revue rapidement dans Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019).

Eiffel, bien photographié, accompagné par une composition d’Alexandre Desplats, malgré l’intérêt de son thème principal et le réalisme de ses ambitieux décors, souffre du déséquilibre causé par la place envahissante qu’il accorde à une romance imaginaire.

Eiffel

Présentation - 3,0 / 5

Eiffel (108 minutes) et ses suppléments (29 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans l’habituel boîtier bleu glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film avec le choix entre deux formats audio, Dolby Atmos (compatible Dolby TrueHD 7.1) ou DTS-HD Master Audio stéréo pour les installations basiques.

Piste d’audiodescription DTS 2.0 stéréo.

Sous-titres pour malentendants.

Sont également disponibles, deux éditions 4K UHD, dont l’une dans un boîtier SteelBook, et une édition DVD, toutes avec le même contenu.

Bonus - 2,5 / 5

La réalisation du film (7’) en cinq petits modules : Emma Mackay décrivent leur personnage, Martin Bourboulon, le réalisateur, dit avoir voulu se concentrer sur les émotions des principaux protagonistes, Olivier Cauwet, responsable des effets visuels, souligne la difficulté à reconstituer la construction d’une prouesse technique démesurée et les bâtiments l’entourant à l’époque, Vanessa van Zuylen, productrice, mentionne l’ampleur des décors, les piliers reproduits à la taille des originaux.

Entretien avec les acteurs (6’). Romain Duris et Emma Mackay parlent de leur personnage, de leurs souvenirs du tournage, des scènes qui les ont marqués, de leur réaction à la première projection du film.

Eiffel

Entretien avec le réalisateur (6’). Intéressé par la folle aventure de la construction de la tour, il s’est attaché à donner « un peu de modernité » dans la mise en scène, tout « en respectant l’ADN d’un film romantique ». Il a immédiatement adhéré au choix des deux acteurs. La crise sanitaire a perturbé le plan de tournage dont le lancement avait été prévu le 17 mars 2020, le lendemain de l’annonce du confinement, ce qui a créé une pause mise à profit pour peaufiner le projet. Il évoque les scènes les plus difficiles à tourner, pas seulement celles de la jonction des piliers au premier étage, ses attentes de la réception par le public…

Archives sur la Tour Eiffel (10’). Monsieur Eiffel et sa tour, un court métrage de Georges Franju (1966, 6’) : « La Tour Eiffel est un pont tout droit. (…) Ce pont, disait Apollinaire, s’ajoute aux ponts de Paris dont il garde le troupeau. » Un montage de photos et de gravures suit les étapes de la construction du monument qui reste le plus visité de la capitale « et aussi un regard sur Paris ». Suit, Eiffel précurseur (Actualités Pathé, 1’30”) : « Si la Tour Eiffel n’existait pas, il faudrait l’inventer », notamment pour sa fonction de poste d’observation météorologique, d’émetteur pour la radio et la télévision et de laboratoire de recherches sur l’aérodynamisme. Le cinquantenaire de la tour (Actualités Pathé d’avril 1939, 2’) salue le « symbole universel de Paris ».

Eiffel

Image - 5,0 / 5

L’image numérique (2.39:1, 1080p, AVC) concilie une excellente résolution avec une texture délicate. Agréablement contrastée, avec une profondeur de champ impressionnante pour les scènes sur le chantier de la tour, elle déploie une chaude palette de couleurs, avec de beaux clairs obscurs, et assure un confort de visionnement dans toutes les conditions d’éclairage.

Eiffel

Son - 5,0 / 5

Le son Dolby Atmos, testé sous le format compatible Dolby TrueHD 7.1 (avec une alternative DTS-HD Master Audio stéréo pour les configurations basiques) assure la clarté des dialogues et d’un accompagnement musical aéré. Une répartition équilibrée du signal sur les sept canaux et sur le caisson de basses génère une cohérente impression d’immersion dans l’action.

Crédits images : © VVZ Production - Pathé Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 3 mars 2022
Une impressionnante reconstitution de l’édification du monument devenu l’emblème de Paris est le point fort du film, bien photographié, accompagné par une composition d’Alexandre Desplats, malheureusement dilué par la place trop importante donnée à une romance imaginaire.

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