Meurtre à Montmartre (1956) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Gilles Grangier
Avec Michel Auclair, Paul Frankeur et Giani Esposito

Édité par Pathé

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Le 05/04/2022
Critique

Film noir policier français réaliste, parfois documentaire, adapté d’un roman de Michel Lenoir.

Meurtre à Montmartre

Paris et île-de-France, 1956 : le galeriste Michel Kelber, un homme endetté et marié à une jolie femme bien trop dépensière, est victime puis complice de Jacques Lacroix, un escroc qui se livre au trafic de fausses oeuvres d’art avec la complicité du peintre Waltroff. Pire : Kelber devient quelques mois plus tard complice du meurtre du peintre, jugé par Lacroix trop bavard sous l’empire de l’alcool. Il est alors pris dans un engrenage infernal.

Meurtre à Montmartre (Fr. 1956) de Gilles Grangier (1911-1996) est un assez bon film noir policier français adapté par René Wheeler et Grangier d’un roman de Michel Lenoir, Reproduction interdite. Il appartient à la période 1955-1960, esthétiquement la plus belle de sa filmographie.

À son crédit, il faut porter le soin sociologique habituel manifesté par Grangier dans la description des métiers (peintres, galeries d’art, l’expertise technique des tableaux par rayons ultra-violets), une solide direction d’acteurs et un casting alliant valeurs sûres (Paul Frankeur en vedette) et nouvelle génération (Annie Girardot, Michel Auclair et même, encore un peu noyé dans la masse de quelques plans d’ensemble, Marcel Bozzuffi), un suspense soigné parfois impressionnant (le meurtre du peintre) sans oublier une petite touche d’érotisme avec un modèle dénudé durant quelques plans. Autre bon point pour les cinéphiles s’intéressant à l’architecture des cinémas parisiens : on y voit assez bien l’intérieur d’un cinéma Pathé durant quelques vastes plans d’ensemble.

Au débit, je crois devoir mentionner une invraisemblance fondamentale qu’il me semble étrange que François Guérif n’ait pas relevée : si Lacroix possède un véritable Gauguin, pourquoi diable se fatigue-t-il à organiser ce trafic d’oeuvre d’art avec tous les risques qu’il comporte ? Il suffisait qu’il vende sa toile aux enchères pour devenir millionnaire et se passer de travailler le reste de sa vie ! Je m’étonne que ni Lenoir, ni Wheeler, ni Grangier n’ait pas non plus aperçu d’emblée cette faille qui mine totalement la construction du roman comme du film, à partir de son point de départ. Du coup, l’ensemble est, sans mauvais jeu de mot, artificiel et on n’y croit plus guère. Le public ne s’y trompa pas, les critiques de l’époque non plus : ce fut un échec relatif. Sur le plan technique, le travail est évidemment soigné et sans faille mais la direction photo demeure assez quelconque (correcte mais sans plus) et la musique fonctionnelle mais sans génie particulier non plus.

À voir par les cinéphiles du genre (car c’est un film noir français qui devenait rare) et par ceux souhaitant posséder une vidéothèque intégrale de Gilles Grangier, au moins dans ce genre qui fut celui où il connut ses meilleures réussites.

Meurtre à Montmartre

Présentation - 3,0 / 5

1 digibook combo contenant 1 Blu-ray BD50 + 1 DVD9 édité par Pathé le 30 mars 2022. Image du film sur Blu-ray en Full HD 1080p au format original 1.37 respecté compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 mono sur Blu-ray + VFSTF sourds et malentendants. Durée cinéma du film sur Blu-ray : 92 min. Suppléments : entretiens avec Valérie Paulin et François Guérif + actualités Pathé de 1954 sur une exposition de faux tableaux célèbres dans les salons de la police.

Bonus - 2,5 / 5

Présentation par Valérie Paulin et François Guérif (2022, 31 min. env.) : alternés au montage avec de très longs extraits du film qu’on vient de visionner. Valérie Paulin, ayant-droit de Grangier, est un témoin de première main qui délivre, au fil de ses souvenirs, des indications intéressantes sur la manière dont il travaillait : sa préférence pour les tournages en extérieurs naturels, sa direction d’acteurs, le fait que (comme John Ford, soit dit en passant) il avait déjà monté le film dans sa tête au moment du tournage, qu’il tournait rarement une seconde ou une troisième prise de vue de la même séquence ou du même plan, sa reconnaissance actuelle par les cinéphiles après un passage à vide critique effectivement injuste. François Guérif, historien de la série noire et du film policier, explique la genèse du film, précise le titre original du roman et les raisons pour lesquelles le producteur le changea à l’adaptation, critique le film de Grangier sous toutes les coutures, paraphrasant au besoin son scénario (ne pas visionner cette présentation avant le film lui-même, par conséquent… et comme d’habitude). L’ensemble m’a semblé deux fois trop long : ce qu’on y apprend de vraiment informatif aurait pu tenir en moitié moins de minutage. Le montage délaye inutilement : le contraire d’un montage à la Grangier, en somme !

Actualités Pathé (1954, 1 min. 22 sec., N&B) : bref document de première main, en assez bon état argentique, au commentaire en voix-off très savoureux. On peut y voir le peintre Maurice Utrillo examiner une copie illégale d’un de ses tableaux, sous les yeux amusés des policiers qui vivent en compagnie d’un musée de faux, y compris de faux billets.

Il manque une galerie affiches et photos françaises d’exploitation de 1956 : Coin de Mire et Artus Films en proposent. Pourquoi les plus riches distributeurs que sont Pathé et Gaumont n’en proposent-ils pas ? Plutôt que de voir parler une demi-heure des gens assis sur une chaise devant un fond noir ou une bibliothèque, je préférerais nettement disposer de documents plastiques d’histoire du cinéma.

Meurtre à Montmartre

Image - 5,0 / 5

Format original 1.37 N.&B. respecté, compatible 16/9 sur Blu-ray en Full HD (1920x1080p). Image argentique très bien restaurée à partir d’un scan 4K puis une restauration 2K par L’Imagine Ritrovata pour Pathé. Excellente gestion des noirs, des dégradés de gris et du contraste, notamment concernant les plans nocturnes d’intérieurs (ateliers) qui demeurent les plus beaux du film. Parfait équilibre entre préservation du grain et lissage numérique. Dorénavant l’édition de référence en Full HD.

Son - 5,0 / 5

VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0. mono (sur Blu-ray) + VFSTF sous-titrage français, intuitif et bien réparti, pour sourds et malentendants (blanc les premières minutes puis régulièrement coloré par la suite), audiodescription disponible en appuyant sur la touche 5 de la télécommande. Offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Son net, dialogues bien détachés, piste techniquement bien nettoyée, effets sonores parfois très dynamiques. Musique fonctionnelle, sans génie particulier mais efficace lorsqu’elle est sollicitée.

Crédits images : © 1957 - OREX FILMS

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 6 avril 2022
Film noir policier français réaliste, parfois documentaire, adapté d’un roman de Michel Lenoir : il appartient à sa bonne période esthétique 1955-1960.

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