La Chair et le sang (1985) : le test complet du Blu-ray

Flesh+Blood

Édition Coffret Ultra Collector - Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Paul Verhoeven
Avec Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh et Tom Burlinson

Édité par Carlotta Films

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Le 13/05/2022
Critique

Une fresque guerrière hyperbolique, pleine de bruit et de fureur, de sang et de sexe. Un des meilleurs films de Paul Verhoeven.

La Chair et le sang

Quelque part en Europe, en l’an de grâce 1501… Martin et sa bande de mercenaires aident le seigneur Arnolfini à récupérer son château, contre la promesse de fabuleuses récompenses. Promesse non tenue. Martin va se venger cruellement et enlever la jeune Agnès, promise à Steven, le fils d’Arnolfini.

La Chair et le sang (Flesh+Blood) est le dernier film tourné par Paul Verhoeven en Europe, avant qu’il ne se lance à Hollywood dans la réalisation d’une belle série de blockbusters : RoboCop (1987), Total Recall (1990), Basic Instinct (1992), Showgirls (1995), Starship Troopers (1997) et Hollow Man - L’homme sans ombre (2000). Il reviendra cependant en Europe, 21 ans plus tard, pour le tournage d’un de ses tout meilleurs films, Black Book (Zwartboek, 2006), puis de deux autres longs métrages, Elle, César du meilleur film en 2016 et Benedetta (2019), tous deux sélectionnés pour la Palme d’or.

La Chair et le sang est la dernière collaboration entre Paul Verhoeven et Rutger Hauer, un de ses acteurs fétiches de la période hollandaise. Celles et ceux qui la connaissent mal trouveront les cinq meilleurs films du début de sa carrière dans un intéressant coffret Metropolitan, distribué en France en novembre 2004.

La Chair et le sang

Peu importe que le scénariste Gerard Soeteman et Paul Verhoeven aient pris certaines libertés avec la vérité historique (l’épidémie de peste noire avait ravagé l’Europe au milieu du XIVe siècle), on est vite fasciné par cette fresque guerrière hyperbolique, pleine de bruit et de fureur, de sang et de sexe et d’une brutalité sans fard : viols, tueries, cadavres putréfiés, incendies… « Monstrueux et délicat », c’est ainsi que Michelet qualifiait la fin du Moyen-Âge quand commençaient à apparaître les signes annonciateurs de la Renaissance. Et c’est bien l’impression que donne le film qui dénonce aussi les manipulations exercées par les religieux.

Les acteurs apportent leur pierre à l’édifice, surtout Rutger Hauer (dont le talent paraît avoir été généralement sous-estimé) juste dans l’incarnation d’un héros équivoque, ni tout à fait méchant, ni tout à fait gentil, et Jennifer Jason Leigh, troublante dans le rôle d’une femme encore enfant qui devra apprendre très vite les choses de la vie et comment troubler le coeur des deux hommes tombés sous son charme.

La Chair et le sang tire également un grand profit de la photographie de Jan de Bont, chef opérateur de tous les films de Paul Verhoeven tournés aux Pays-Bas et de Basic Instinct, aux USA.

L’ambitieuse musique de Basil Poledouris (qui composera également les partitions de Robocop et de Starship Troopers et sera salué par un Emmy Award pour Lonesome Dove en 1989), la richesse des costumes, inspirés des toiles des maîtres flamands, la beauté des paysages d’Espagne, tout concourt à nous en mettre plein les yeux.

La Chair et le sang nous revient dans une belle édition, limitée à 2 500 exemplaires, sous le numéro 22 de la remarquable collection des Coffrets Ultra Collector lancée par Carlotta Films en 2015.

La Chair et le sang

Présentation - 5,0 / 5

La Chair et le sang (128 minutes) et ses suppléments (55 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, en compagnie d’un DVD-9 avec le même contenu, dans les couvertures d’un mediabook.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, et dans un doublage en français DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Le livre de 160 pages, intitulé Comment survivre, rédigé par Olivier Père, abondamment illustré, s’ouvre sur une Préface, un rapide survol de la carrière du « Hollandais violent », détaillée dans le premier chapitre Paul Verhoeven, au plus près de l’humain, puis dans le chapitre suivant, Contre Hollywood, tout contre, consacré à sa période américaine pendant laquelle il réalise six films, de Robocop, en 1987 à Hollow Man, en 2000. Leçons de survie évoque la place accordée par le réalisateur aux personnages féminins, ici à Jennifer Jason Leigh qui « possède toutes les caractéristiques de l’héroïne verhoevenienne », puis sa « représentation paroxystique » de la guerre qu’on retrouvera dans Black Book et de la peste qui réapparaîtra dans Benedetta. Rêver l’histoire analyse la vision donnée par Verhoeven, le scénariste Gerard Soeteman et le chef-opérateur Jan de Bont d’un Moyen-Âge des possibles. Le chapitre Les visages de l’ambiguïté souligne la double nature des deux personnages principaux, de Martin, « à la fois brutal et séducteur », et d’Agnès, « mi-ange, mi-démon », et rappelle les réticences et la mauvaise humeur de Rutger Hauer à tenir un rôle qu’il craignait nuire à son image. Le livre se referme sur Un château en enfer, un entretien avec François Cognard. Auteur de plusieurs articles sur Paul Verhoeven dans le magazine Starfix, dédié, de sa création en 1983 à sa disparition en 1990, au cinéma de genre, il voit La Chair et le sang comme « un des meilleurs films de Verhoeven ».

La Chair et le sang

Bonus - 5,0 / 5

Commentaire audio du film par Paul Verhoeven (enregistré pour l’édition Eureka, sortie au Royaume Uni en 2014). Le réalisateur nous signale que la version commentée est le director’s cut, avec les scènes coupées par la censure aux USA. La première scène est tournée devant les remparts d’Ávila, la suivante à Casarès, le budget de 6,5 millions de dollars n’autorisant pas la construction de grands décors. Il présente les principaux acteurs, commente les altérations faites au scénario original, sa direction des acteurs, la photographie de Jan de Bont, la musique de Basil Poledouris, les références à d’autres réalisateurs, etc. Un utile complément au film, absent dans l’édition Filmedia de 2012.

Rencontre avec Paul Verhoeven (22’, anglais sous-titré, Filmedia, 2012). Intéressé par le Moyen-Âge, il a confié l’écriture d’un « film provocateur » à son ami Gerard Soeteman, auteur d’une série médiévale (Floris, dans laquelle jouait Rutger Hauer). Les costumes ont été inspirés par les gravures et peintures de Lucas van Leyden, Brueghel et Jérôme Bosch. Le film est le fruit de son imagination tout en restant « aussi vraisemblable que possible » et « le mouvement importe plus que le cadre ». Le mauvais accueil de ses films par les critiques hollandais a compliqué leur financement, mais ils ont attiré l’attention de Hollywood. Filmé en Espagne, mais financé aux USA, La Chair et le sang marque une transition dans sa filmographie. Il souligne aussi la manipulation du peuple par la religion. Les méchants sont là pour soutenir le drame, avec du sexe sujet à de nombreuses coupures pour la distribution aux USA. Il voit un alter ego en Rutger Hauer. Pressé par ses agents d’accepter La Chair et le sang, il eut une attitude négative qui, ajoutée à une mauvaise organisation et à sa difficulté avec l’anglais, ont compliqué le tournage.

Entretien avec Gerard Soeteman (18’, anglais sous-titré, Koch Media, 2013). Le projet du film a fermenté de longues années entre lui et Paul Verhoeven. Une partie des événements sont tirés des mémoires de soldats espagnols confrontés à la révolte des Pays-Bas, notamment l’histoire de la statue de Saint Martin. Le film se réfère au fascisme avec des personnages inspirés de la hiérarchie nazie. L’autocensure des producteurs américains a entraîné de nombreuses coupures dans la version distribuée aux USA.

Composer La Chair et le sang (13’, MGM, 2004). Paul Verhoeven, qui avait aimé la musique de Conan le Barbare (John Milius, 1982), invita Basil Poledouris à composer celle de La Chair et le sang qu’il voulait « énergique et médiévale ». La composition doit plus être guidée par l’idée du film que par la période où se déroule l’histoire qu’il raconte.

Bande-annonce (2’35”).

La Chair et le sang

Image - 3,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), propre, avec des couleurs soigneusement étalonnées, est reprise du master utilisé pour l’édition Filmedia de 2012 (avec un balayage progressif remplaçant le 1080i entrelacé). Ce qui ne répond pas à l’attente espérée d’un net gain de résolution. Le manque de piqué se ressent particulièrement dans les scènes en lumière faible, occasionnellement affectées par un grain trop visible.

Son - 4,5 / 5

L’encodage DTS-HD Master Audio stéréo apporte un plus, particulièrement en dynamique, au son Dolby Digital 2.0 de l’édition de 2012. Une séparation efficace des deux canaux renforce l’effet immersif dans les nombreuses scènes d’action. Les dialogues sont clairement restitués.

Le doublage en français DTS-HD Master Audio 2.0 mono, plus étouffé, avec des dialogues au timbre mat, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : FLESH + BLOOD © 1985 ORION PICTURES CORPORATION. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 14 mai 2022
Après avoir attiré à Hollywood l’attention sur les films qu’il avait réalisés aux Pays-Bas, Paul Verhoeven obtint un budget considérable qu’il utilisa pour mettre en images sa vision d’un Moyen-Âge plein de bruit et de fureur, de sang et de sexe. Depuis longtemps indisponible, ce film exubérant nous revient dans une édition définitive, sous la forme d’un nouveau volume de la somptueuse collection des Coffrets Ultra Collector de Carlotta Films.
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Giuseppe Salza
Le 29 septembre 2012
Pas de commentaire.
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Josquin
Le 1 décembre 2005
La chair et le sang est LE film sur le moyen-âge. Mercenaires, luxure, beuveries, l'or pris au gré de l'épée, comportements bestiaux et braillards, chevauchées épiques, machines de guerre, tout y est. Souligné le débilisme profond et superstitieux, fil conducteur de l'histoire : la religion. La religion qui poussera des coupe-jarrets déchus par leur seigneur à errer sur les routes, pillant des convois ayant le malheur de les croiser, jusqu'à trouver forteresse prenable, lieu de leur retraite que Saint Martin aurait décidé.
Les acteurs sont emblêmatiques de cette époque paillarde, et l'héroïne, déflorée en public, entraînée dans une spirale de cruautés, deviendra la plus machiavélique des femmes, malgré un tempérament façonné de pieuse éducation.
Il y a toujours quelque chose pour surprendre, même quand le scénario tend à plus de modération. L'interaction entre les personnages est soignée, et le doute, la vengeance, l'opulence vulgaire ornent un tableau déjà bien sombre.
A noter qu'une scène inspira Peter Jackson pour La Communauté de l'Anneau. Un des brigands est empalé de maintes lances tout en restant debout. Dans le Seigneur des Anneaux, Boromir, celui qui souffle dans la corne, meurt des flèches que Kurtz, le chef des Uruk-Aï, prend le temps de décocher une à une.
Quoi qu'il en soit, La chair et le sang est un des meilleurs films de Verhoeven ( Basic Instinct, Total Recall ), sur un thème abruptement et à juste titre abordé. En effet, la bonne morale historienne et académique réfute aujourd'hui la " barbare attitude " des médiévaux. Quelle hypocrisie.

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