Un héros (2021) : le test complet du Blu-ray

Les efforts désespérés d’un homme pour sortir de la prison où il a été enfermé pour dette, le thème de cet autre grand film d’Asghar Farhadi.

Rahim Soltani est en prison pour une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier, son ex-beau-frère, de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme espéré…

Un héros (Ghahreman), coproduit en France et en Iran, Grand prix du festival de Cannes 2021, est le neuvième long métrage du cinéaste iranien Asghar Farhadi. Après une entrée remarquée dès son premier film, Danse dans la poussière (Raghs dar ghobar, 2003), sélectionné dans plusieurs festivals et primé à Moscou (la seule de ses réalisations encore absente de nos catalogues vidéo), puis Les Enfants de Belle Ville (Shahr-e ziba, 2004), Hugo d’or à Chicago, sur la peine de mort encore appliquée avec zèle en Iran, Asghar Farhadi s’est acquis un réputation internationale avec une remarquable suite de films, parmi lesquels À propos d’Elly… (Darbareye Elly, 2009), Ours d’argent à Berlin, Une séparation (Jodaeiye Nader az Simin, 2011), Ours d’or et César du meilleur film étranger, Le Passé, coproduction franco-belgo-italienne, sélectionné pour la Palme d’or, récompensé à Cannes par le Prix du Jury oecuménique, et le Prix d’interprétation féminine à Bérénice Béjo, et Le Client (Forushande, 2016), Oscar du meilleur film étranger.

Un héros suit Rahim, pris au piège de la prison pour dettes (une autre « faveur » du droit pénal de la dictature religieuse qui sévit en Iran), dans sa quête pour retrouver sa liberté. Le seul moyen légal serait d’obtenir du créancier le retrait de sa plainte. Faute de quoi, il ne lui reste plus qu’à imaginer une échappatoire en s’enlisant dans les mensonges. Le « héros » suscite pourtant la sympathie du spectateur en cherchant à s’extraire d’une situation kafkaïenne et en résistant aux humiliations de la société. Par ce regard compatissant sur le personnage, Asghar Farhadi, auteur du scénario original et des dialogues, réaffirme sa prédilection, transparaissant dans ses autres films, à entretenir une certaine ambiguïté dans la distinction du bien et du mal.

L’acteur Amir Jadidi, connu en Iran pour une vingtaine de rôles, et en France pour Valley of Stars (Ejdeha vared Mishavad! , Mani Haghighi, 2016) et La Permission (Aragh-e sard, Soheil Beiraghi, 2018), tient subtilement le rôle de Rahim, après de longues répétitions avec Asghar Farhadi, rôdé à la direction d’acteurs par une expérience du théâtre.

Un héros, comme Le Diable n’existe pas (Sheytan vojud nadarad, Mohammad Rasoulof, 2020), Ours d’or 2020, dresse, à mots couverts, un sévère constat de l’inhumanité de la dictature iranienne, comme l’ont fait de nombreux cinéastes qui ont courageusement choisi de rester dans leur pays, sous la relative protection liée à leur habileté à composer avec l’obscurantisme et, surtout, à la réputation internationale acquise par leur talent.

L’impatiente attente de l’édition de Un héros a été satisfaite par Memento Films, éditeur de six des huit films d’Asghar Farhadi disponibles dans nos catalogues vidéo.

Un héros (127 minutes) et son supplément (7 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un digipack.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en persan, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audiodescription Dolby Digital 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Entretien avec Asghar Farhadi (7’). Le cadre familial et ses enjeux, souvent explorés par la littérature, forment un terreau qui l’intéresse, composé de personnes de tous âges. La distinction entre le bien et le mal, subtile, variant selon les différents points de vue, est, inconsciemment, un thème récurrent de ses films. On sait assez vite que Rahim est fautif, mais son comportement suscite pourtant l’empathie du spectateur, ce qui a exigé un long travail préparatoire avec l’acteur. Il confie son coup de coeur pour Nos âmes d’enfants (C’mon C’mon, Mike Mills, 2021), dont nous rendrons compte après sa sortie en vidéo, annoncée pour le 26 mai.

La lecture de certains sous-titres de l’entretien est parfois gênée par leur superposition avec ceux, imposés, figurant sur les extraits du film.

L’image numérique (1080p, AVC), au ratio original de 2.39:1 (mentionné à 1.85:1 au dos du digipack), finement résolue, lumineuse, agréablement contrastée, avec des noirs denses, est au niveau de qualité de l’oeuvre, irréprochable.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’ambiance, dans laquelle une répartition judicieuse du signal sur les cinq canaux immerge discrètement le spectateur.

Ces observations s’appliquent au doublage en français dont les dialogues manquent de naturel.

Crédits images : © Amirhossein Shojaei