Salvador (1986) : le test complet du Blu-ray

Blu-ray + Livre

Réalisé par Oliver Stone
Avec James Woods, James Belushi et Michael Murphy

Édité par Extralucid Films

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Le 05/01/2023
Critique

La ressortie, très attendue, du premier grand film d’Oliver Stone annonçant sa trilogie sur le Viêt Nam.

Salvador

Richard Boyle, un photojournaliste indépendant, a couvert plusieurs conflits, au Viêt Nam, au Cambodge, au Liban, en Irlande du Nord et en Amérique Centrale. Alcoolique, fauché, il traverse une mauvaise passe en 1980 : sa femme le quitte avec leur enfant et il est expulsé de son logement. Lui vient alors l’idée, pour se refaire, de retourner sans accréditation au Salvador, secoué par une instabilité propice à des reportages. Il emmène avec lui son ami Doc Rock et retrouve María, la jeune femme avec laquelle il a eu un fils…

Salvador, sorti en 1986, est le troisième long métrage d’Oliver Stone, après deux films d’horreur à petit budget, Seizure, la reine du mal (Seizure!, 1974) et La Main du cauchemar (The Hand, 1981), vite oubliés. Il s’était surtout forgé une solide réputation de scénariste avec Midnight Express (Alan Parker, 1978), salué par l’Oscar du meilleur scénario, Conan le Barbare (Conan the Barbarian, John Milius, 1982), Scarface (Brian De Palma, 1983) et L’Année du dragon (Year of the Dragon, Michael Cimino, 1985).

Le scénario de Salvador, nommé aux Oscars en 1987, adapté des notes prises par le journaliste Richard Boyle (1942-2016) lors de son séjour au Salvador, donne au film sa dimension essentielle, celle d’un documentaire-fiction (renforcée par l’insert d’archives et l’expérience de documentariste d’Oliver Stone) rendant fidèlement compte de la violence de la répression du soulèvement populaire par l’armée et les escadrons de la mort. Richard Boyle était un baroudeur reconnu pour avoir couvert la révolution des Khmers rouges au Cambodge, les « Troubles » en Irlande du Nord, la guerre civile du Liban et la guerre du Viêt Nam.

Salvador, le plus petit pays d’Amérique centrale (21 000 km², 6,5 millions d’habitants) a connu, depuis sa constitution en 1841, une histoire agitée : à partir de 1913, avec une suite de dictatures, de coups d’état et la formation de guérillas qui s’uniront, en octobre 1980, sous la bannière du Frente Farabundo Martí de Liberación Nacional (FMLN), quand commence l’aventure de Richard Boyle et de son ami Doc Rock. Avec le soutien des USA sous l’administration de Ronald Reagan, en poste de 1981 à 1989, la guerre civile fit 100 000 morts, tués par l’armée ou assassinés par les « escuadrones de la muerte » de 1980 à 1992.

Salvador

Oliver Stone, avec un budget relativement confortable, estimé à 5 millions de dollars, et la mise à disposition de la production par les autorités mexicaines de tanks, hélicoptères, soldats, d’acteurs assez connus dans les rôles secondaires et d’une foule de figurants, a pu réaliser une reconstitution saisissante des événements qui ont ensanglanté le petit état au début des années 80. Ces moyens exceptionnels ont été bien employés par Oliver Stone, notamment grâce à la contribution du chef-opérateur Robert Richardson dont la compétence et le talent ont été établis par sept nominations aux Oscars et l’attribution de trois Oscars de la meilleure photographie pour un des chefs-d’oeuvre d’Oliver Stone, JFK en 1991, puis pour deux films de Martin Scorsese, Aviator (The Aviator, 2004) et Hugo Cabret (Hugo, 2011).

Salvador frappe aussi par sa distribution en tête de laquelle James Woods livre une de ses performances mémorables (une sérieuse compensation des affres qu’il a fait subir au réalisateur par ses caprices de star !). Il est efficacement secondé par James Belushi dans le rôle de Doc Rock et par John Savage, dans celui de John Cassady, un personnage fictif se référant au photojournaliste correspondant du Newsweek John Hoagland, mort au Salvador en mars 1984.

Salvador, un film dur, captivant, annonce la trilogie d’Oliver Stone sur le Viêt Nam (où il a combattu) : Platoon (1986), salué par quatre Oscars, dont celui du meilleur réalisateur, Né un 4 juillet (Born on the Fourth of July, 1989) et Entre ciel et terre (Heaven & Earth, 1996).

La ressortie du film était attendue : la dernière édition MGM de 2004 (DVD sans bonus) étant depuis longtemps épuisée. Sa ressortie par Extralucid Films dans une édition exceptionnelle est une belle compensation de cette attente.

Salvador

Présentation - 5,0 / 5

Salvador (123 minutes) et ses suppléments (114 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50 glissé dans la couverture d’un livre 28,5 x 22,5.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1 et dans un doublage en français proposé au format audio DTS-HD MA 2.0 mono.

Le livre de 184 pages rassemble les informations du dossier de presse, avec les notes de production, une biographie des membres de l’équipe et de six acteurs, le synopsis. Il contient aussi le scénario traduit en français. Illustré de photos du film et de reproduction d’affiches, le livre se referme sur une revue de presse avec les avis tranchés d’une trentaine de critiques français. Un bel objet de collection !

Une édition combo Blu-ray + DVD est disponible, avec les mêmes bonus vidéo.

Salvador

Bonus - 3,5 / 5

Commentaire audio de Fathi Beddiar (DTS-HD Master Audio 2.0). Ce commentaire, centré sur les anecdotes de tournage et, surtout, sur la carrière de presque tous les acteurs, même très secondaires, conduit à de trop nombreuses digressions. Le commentaire comporte quelques redites avec l’autre bonus, l’analyse du film.

Dommage que le commentaire d’Oliver Stone complétant l’édition Eureka Entertainmen sortie au Royaume Uni en 2018 n’ait pas été repris.

Entretien exclusif avec Oliver Stone (19’, Exralucid Films, 2021). « Un film déterminant dans ma carrière (…) une tentative pour me refaire un nom en tant que réalisateur et scénariste » affirme Oliver Stone. Il restait à trouver le financement, les studios n’étant pas intéressés par le sujet : personne ne voulait aux USA d’un film avec « trop de violence et trop de sexe », se déroulant dans un pays ignoré du grand public, ce qu’avait démontré le relatif échec de Porté disparu (Costa-Gavras, 1982) et d’Under Fire (Roger Spottiswoode, 1983). Richard Boyle, en présentant un scénario anti-communiste factice, réussit à obtenir le soutien logistique de la dictature salvadorienne, notamment de l’armée pour la fourniture d’hélicoptères, de tanks, de bombardiers… Mais la mort de leur conseiller, le colonel Ricardo Cienfuegos, tué par des terroristes, a tout compromis. Le film a dû être tourné au Mexique où les producteurs Gerald Green et John Daly ont pu trouver des soutiens locaux. Oliver Stone a dû composer avec les humeurs de James Woods, « une teigne, mais aussi un grand acteur ». Le tournage a été une bonne préparation pour Platoon que John Daly l’encourageait à entreprendre. En dépit de ses défauts, il aime Salvador pour sa tension, son esprit anarchiste, ses rebondissements. Après un accueil tiède, grâce au soutien d’une critique réputée, Pauline Kael, le film a finalement bien marché. Il est revenu pour le tournage de South of the Border (2009) en Amérique Latine où le peuple, vivant toujours dans la misère, n’aspire qu’à manger.

Analyse du film par Fathi Beddiar (65’, Exralucid Films, 2021). Après l’échec de ses deux premiers longs métrages, Oliver Stone traverse une période difficile quand il rencontre Richard Boyle dont les notes sur son séjour au Salvador lui donnèrent l’idée du film. Pour le rôle de Richard Boyle, il avait pressenti Martin Sheen et Lee Marvin, avant de l’attribuer à James Woods. Salvador a permis à Oliver Stone de créer sa « famille artistique » avec le chef-opérateur Robert Richardson, la monteuse Claire Simpson, le décorateur Bruno Rubeo, le compositeur Georges Delerue, le directeur de casting Bob Morones…Ce supplément est plus une série d’anecdotes sur le tournage et sur la discorde entre James Woods et Oliver Stone qu’une réelle analyse du film.

Scènes coupées (28’), toutes sous-titrées.

Bande-annonce (2’).

Salvador

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), après restauration (probablement celle utilisée pour l’édition Twilight Time sortie aux USA en 2014), propre (seules subsistent quelques infimes taches, à peine décelables), finement résolue, déploie une délicate palette de couleurs naturelles, bien étalonnées. Le grain, très occasionnellement un peu trop visible dans les plans les plus sombres, est, dans l’ensemble, idéalement traité avec le respect de la texture du 35 mm.

Salvador

Son - 5,0 / 5

Le son stéréo d’origine, proposé au format DTS-HD Master Audio 5.1, est lui aussi très propre. Le remisage multicanal est irréprochable : il ajoute à une restitution claire des dialogues et de l’accompagnement musical de Georges Delerue une très cohérente et bienvenue sensation d’immersion dans les scènes d’action.

Un plus qui ne profite pas au doublage en français. Propre, modérément convaincant, il doit se contenter d’un encodage DTS-HD MA 2°0 mono.

Crédits images : © Hemdale Film Corporation

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 5 janvier 2023
Salvador, le premier grand film d’Oliver Stone, était introuvable depuis des années. Cette édition exceptionnelle par Extralucid Films compense une trop longue attente.

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