Jackie Brown (1997) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Quentin Tarantino
Avec Pam Grier, Samuel L. Jackson et Robert Forster

Édité par Miramax

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Le 05/07/2022
Critique

Film noir policier rendant hommage à la « Blacksploitation » des années 1970.

Jackie Brown

Jackie Brown, hôtesse de l’air sur une petite compagnie américaine qui relie Los Angeles au Mexique, est aussi convoyeuse d’argent pour le compte d’un dangereux trafiquant d’armes, Ordell Robbie. Un matin, elle est arrêtée à l’aéroport : deux inspecteurs de police lui proposent de collaborer avec la police pour piéger Ordell. Dans un premier temps, Jackie refuse et est envoyée en prison. Ordell la fait libérer sous caution par Max. Jackie est dès cet instant prise entre deux feux et comprend que la moindre erreur peut lui coûter la liberté, voire même la vie. L’amour de Max pour Jackie va permettre à cette dernière de renverser la situation.

Jackie Brown (USA 1997) de Quentin Tarantino est un de ses meilleurs films noirs policiers.

Comme Reservoir Dogs (USA 1992), son casting allie ancienne et nouvelle génération d’acteurs. Concernant l’ancienne génération, souvenons-nous que Pam Grier avait été la vedette féminine de la catégorie « Blacksploitation » du film noir américain policier des années 1970 ; souvenons-nous que Robert Forster avait tourné en vedette dans d’admirables films noirs policiers violents signés par les cinéastes Richard Fleischer (Don Angelo est mort, 1973) et William Lustig (Vigilante, 1983). Et on ne présente plus Robert De Niro qui s’avère ici très étonnant dans un rôle à contre-emploi presque hyperréaliste, celui d’un ancien détenu dont la personnalité a été modifiée en profondeur par le conformisme carcéral et sa violence meurtrière. Samuel Jackson compose un criminel qui se révèle progressivement de plus en plus dangereux : la manière dont Tarantino le filme le présente finalement comme une sorte de monstre au sens le plus graphique du terme. Bridget Fonda incarne une garce droguée, paresseuse, voleuse assez haute en couleurs.

Jackie Brown

Jackie Brown, adapté du roman Punch Créole d’Elmore Leonard, est certes un hommage cinéphile au film noir des années 1970 - son titre lui-même est un hommage au Foxy Brown (USA 1974) de Jack Hill avec Pam,Grier - et même des années 1980 concernant Robert Forster. Il est certes aussi un hommage à son courant de la « Blacksploitation » dont Pam Grier fut une des égéries. Il est cependant plus ambitieux que cela et va, de fait, plus loin que cela. D’autant plus aisément que, mis à part l’excellent Meurtres dans la 110e Rue (Across 110th Street, USA 1972) de Barry Shear (que Frédéric Ambroisine considérait à juste titre comme le meilleur de cette catégorie et qui est d’ailleurs, ce qui apparaît plus clairement avec le recul, autant un film « Blacksploitation » qu’un film sur la mafia italo-américaine de New York et ses relations avec le milieu noir de Harlem), les films en question - par exemple ceux de Jack Hill avec Pam Grier - étaient d’un niveau cinématographique moyen.

Jackie Brown dépeint d’une manière très attachante le vieillissement de cette génération 1970 et 1980, opposé à l’évolution sociale et économique des USA de la fin des années 1990. La critique est acerbe, serrée, parfois inquiétante : la police et le milieu criminel y sont parfois renvoyés dos-à-dos d’une manière très acide. L’incommunicabilité pourrait être l’un des thèmes du film bien qu’il ne soit pas signé par Antonioni : en effet, Jackie énonce les mêmes informations à des interlocuteurs qui ne les analysent pas de la même manière et elle utilise cette différence d’analyse, cette différence de perception pour survivre. Quelque part, on pourrait dire qu’elle applique sans le savoir les théories du philosophe Austin sur les énoncés performatifs. Les dialogues sont d’ailleurs très bien écrits (Chris Tucker améliora même encore ceux du drogué qu’il interprète durant une mémorable séquence, augmentant leur naturel pris sur le vif).

La mise en scène est régulièrement virtuose, capable d’un découpage souvent brillant (exemple célèbre : la même action filmée de trois points de vue successifs permettant de renouveler le suspense lors de l’échange organisé dans le plus grand centre commercial américain de l’époque). Excellente interprétation générale : Tarantino n’est, en tant que directeur d’acteurs, scénariste et réalisateur, ici pas indigne d’un des modèles, à savoir Howard Hawks. La violence graphique est brève (comme chez Hawks) mais très efficace lorsqu’elle est convoquée (comme chez Hawks encore).

Jackie Brown

Présentation - 1,0 / 5

1 Blu-ray BD50 multirégions ABC édité par Paramount (le logo Paramount apparaît en premier au menu) et Miramax le 16 mars 2022. Durée du film : 154 min. environ. Image format original 1.85 respecté, en couleurs compatible 16/9 en 1080p AVC. Son DTS-HD 5.1. et 2.0 en VOSTF et VF d’époque. Suppléments : un entretien avec le cinéaste Quentin Tarantino, une bande-annonce.

Bonus - 1,0 / 5

Très maigres par rapport à la quinzaine de suppléments qu’on trouvait sur l’ancienne édition DVD collector de TF1 en 2004 et qu’on retrouvait sur les éditions Blu-ray collector américaines Lionsgate de 2011 et Paramount de 2020 mais l’entretien présenté demeure néanmoins tout à fait remarquable : on a eu raison de le sélectionner car on y apprend beaucoup de choses.

Bande-annonce : c’est la bande-annonce (en VF ou VOSTF au choix) présentée en France en 1998. Son image argentique est moyenne (les couleurs manquent de fraîcheur) et son report numérique est honnête sans plus.

Entretien avec le cinéaste Quentin Tarantino (durée 45’ environ, VO) : il répond aux questions (parfois intelligentes, parfois moins) d’un interlocuteur invisible. Accrochée au mur derrière lui, l’affiche américaine de Coffy, la panthère noire de Harlem (USA 1973) de Jack Hill. Il nous apprend nombre d’informations intéressantes et de première main. Par exemple que ce fut l’acteur Samuel L. Jackson qui eut l’idée graphique du changement d’apparence de son personnage dans l’impressionnante séquence finale nocturne à l’esthétique parfois fantastique ; que Elmore Leonard ne collabora pas à l’écriture de l’adaptation de son livre par Tarantino et bien d’autres choses encore. Vivantes remarques sur le rapport du film de 1997 à l’histoire du cinéma (par exemple au cinéma de Howard Hawks et à l’idée que les caractères des personnages priment sur l’intrigue) et à l’histoire de son exploitation en salles de cinéma : Tarantino allait dans les cinémas afin d’être témoin des réactions du public populaire en temps réel.

Reste que cette édition française, comparée aux éditions américaines Blu-ray antérieures, ne comporte que 1 / 15 environ des suppléments. Pourquoi les cinéphiles français sont-ils privés du reste ? On me répondra : économie de frais de sous-titrage mais, par exemple, la galerie affiches et photos n’en avait pas besoin. On aurait au moins pu l’inclure. Pour les découvrir il existe bien une solution francophone : se procurer l’ancienne édition DVD collector TF1 sortie en 2004 qui, elle, les avait intégralement restitués.

Jackie Brown

Image - 5,0 / 5

Format original 1.85 respecté et en couleurs, compatible 16/9 en 1080p AVC sur Blu-ray (la mention du format 2.35 au verso du boîtier de cette édition française est erronée). Excellente image sur le plan argentique, impeccablement nettoyée et restaurée. Numériquement, probablement la meilleure jamais vue en Blu-ray car provenant de la récente réédition américaine Paramount de 2020  : les gros plans disposent de contours si nets qu’on peut compter le nombre de cils aux paupières des acteurs. Les couleurs sont plus mesurées par choix esthétique mais, lorsqu’elles sont sollicitées (qu’il s’agisse de rouges, de verts ou de bleus), leur vivacité est impeccable. Certains se plaindront que le lissage est privilégié aux dépens du grain mais pas moi.

Jackie Brown

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio 5.1. et 2.0 en VOSTF + VF d’époque : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. On peut oublier la VF d’époque afin de profiter de la diction originale et des timbres originaux des acteurs, et d’une meilleure répartition entre les dialogues, la musique et les effets sonores. Musique nourrie par certaines chansons célèbres des années 1970 dont l’aspect référentiel fait partie du scénario et alimente parfois son intrigue. Les STF sont en général corrects mais celui ou celle qui les a rédigés ignore que la M60 est une mitrailleuse, pas une « mitraillette » (erreur lue à 9 min. 10 sec. : la mitraillette, en français, désigne les pistolets-mitrailleurs, pas les mitrailleuses) ; il ignore aussi l’orthographe correcte du fusil d’assaut Steyr AUG, ici dénommé « Styr AUG » (erreur lisible à 4 min. 45 sec.).

Crédits images : © Paramount Pictures and Miramax. All Rights Reserved.

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

Moyenne

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francis moury
Le 6 juillet 2022
Film noir policier très bien écrit, rendant hommage à certains titres antérieurs en raison de son casting référentiel mais qui ne s'y limite pas, car porté par un propos plus ambitieux. Il demeure l'une des meilleures contributions au genre du cinéaste Quentin Tarantino.
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banjobarjo
Le 8 mars 2009
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