99 femmes (1969) : le test complet du Blu-ray

Der heiße Tod

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Jess Franco
Avec Maria Schell, Herbert Lom et Mercedes McCambridge

Édité par Artus Films

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Le 16/05/2022
Critique

Premier film de prison de femmes signé par Franco, porté par quelques beaux plans parfois phantasmatiques et la beauté de Rosalba Neri.

99 femmes

1968 : la prison surnommée le « château de la mort » est une prison de femmes située sur une île où se trouve aussi un bagne masculin et, de l’autre côté d’une jungle dense, un petit village au bord de la mer. Trois nouvelles détenues vont y découvrir un enfer carcéral régi d’une main de fer par la directrice Diaz qui bénéficie du soutien du gouverneur Santos. L’administration pénitentiaire, alarmée par les décès supérieurs en nombre à la moyenne, envoie l’inspectrice Léonie contrôler ce qui s’y passe : elle ne peut éviter une évasion suivie d’une révolte.

99 femmes (RFA-Ital.-GB 1968) de Jesus Franco est son premier film de prison de femmes : il reprendra le sujet à plusieurs reprises par la suite. Il appartient à sa seconde période filmographique, celle où il bénéficie enfin de budgets confortables, d’un casting international de classe, de décors relativement luxueux, grâce au producteur Harry Alan Towers. Le budget est cependant assez nettement inférieur à celui de Justine ou les infortunes de la vertu qui avait coûté environ un million de dollars US. On ne voit jamais 99 actrices ensembles sur l’écran (une vingtaine tout au plus contrairement à ce que laisse croire l’ampleur numérique de ce savoureux titre) et lorsque Herbert Lom et Mercedes McCambridge jouent aux échecs, deux pièces seulement sont visibles sur l’échiquier, ce qui, même en supposant une fin de partie, demeure un peu léger.

Les deux premiers tiers du scénario forment un film de prison assez classique sur le fond, le dernier tiers devient presque un film d’aventures exotiques avant de revenir, in-extremis, au thème initial. Quelques séquences érotiques lesbiennes (notamment une avec Rosalba Neri) cohabitent avec de rares plans de sévices et de brutalités. Sur le plan stylistique, ce sont peut-être les deux séquences de souvenirs de deux des détenues qui offrent le plus d’intérêt  : ils sont traités d’une manière franchement phantasmatique, notamment le strip-tease de Rosalba Neri (encore elle : elle est alors au sommet de sa beauté) pour qui le film mérite amplement d’être vue.

99 femmes

Reste que la mise en scène de Franco est, ici, assez inégale : il soigne certains plans et certaines séquences d’une manière remarquable mais en néglige d’autres. La séduction de la prisonnière par Rosalba Neri est l’exemple de ce qu’il réussissait le mieux tandis que la poursuite dans la jungle s’avère paresseuse alors qu’elle pouvait faire espérer, par sa situation, une ambiance aussi frénétique que celle autrefois vue dans Les Chasses du Comte Zaroff. En somme, 99 femmes ne tient pas tout à fait les promesses que ses photos d’exploitation et ses belles affiches espagnoles ou américaines laissaient espérer. Mercedes Mc Cambridge a certes de l’abattage, Maria Schell et Maria Rohm prennent leurs rôles respectifs à coeur mais Herbert Lom a l’air de s’ennuyer : ce sont, en fin de compte, les seconds rôle qui surprennent par leur authenticité, leur vérisme. Le niveau de violence graphique demeure inférieur à ce que produisent à la même époque certains producteurs américains tels que Roger Corman : on songe d’ailleurs parfois à la série produite aux Philippines dans les années 1970 en visionnant la troisième partie de ce Franco (celle qui se déroule dans la jungle) mais la comparaison s’arrête là.

99 femmes mérite néanmoins d’être redécouvert : il demeure indispensable à une bonne connaissance de la catégorie « prison de femmes » du film noir policier d’une part (et on sait combien est riche ce genre, combien non moins riche est cette catégorie précise dudit genre), à la filmographie de Jesus Franco d’autre part. Simplement, il convient de l’amputer de sa filmographie fantastique sélective à laquelle on l’avait, avant sa sortie française tardive de 1974, abusivement rattaché.

99 femmes

Présentation - 3,0 / 5

1 BRD Full HD 1080p région B + 1 DVD zone 2 PAL édité par Artus Films le 17 mai 2022, digipack 2 volets illustrés sous étui. Image couleurs au format original 1.66 respecté compatible 16/9. Son Linear PCM 2.0 Mono VF + VASTF. Durée du film sur Blu-ray : 89 min 34 sec., sur DVD : 85 min. 54 sec. Suppléments : montage français titré au moment de son exploitation commerciale Les Brûlantes (durée 81 min. 36 sec., uniquement sur le Blu-ray) + diaporama (galerie photos et affiches) + présentation du film par Stéphane du Mesnildot (environ 25 min) + films-annonces. Le menu général s’ouvre par la vision des différentes jaquettes des éditions de films de Jesus Franco disponibles chez Artus. Deux affiches reproduites sur les faces du boîtier : l’espagnole et l’américaine. Le copyright indiqué au générique de fin (qu’il s’agisse de la version longue ou du montage français retitré) est 1968 et non pas 1969 comme mentionné au verso du boîtier. Que certaines photos américaines de distribution soient datées 1969 signifie simplement que le titre est arrivé là-bas une année plus tard que sa date de production : la date du générique argentique prime.

99 femmes

Bonus - 4,0 / 5

Montage français (durée : 81 min. 36 sec., exclusivité Blu-ray) : il s’agit de la version exploitée par Comptoir Français du Film Production (CFFP) sous le titre Les Brûlantes. Le générique d’ouverture francisé comporte les noms des doubleurs mais ses lettrines blanches sont basiques (on dirait un générique vidéo de l’époque de la VHS) alors que le générique de fin maintient les lettrines jaunes originales argentiques, bien plus spectaculaires. Assez curieusement et contrairement à ce à quoi je m’attendais, cette version n’est pas davantage érotique que la version américaine : elle le serait même, à la limite, presque un peu moins ! Les différences demeurent, quoi qu’il en soit, minimes : quelques dialogues sont, par exemple, occasionnellement rajoutés par la VF. Rien qui change la donne. Il paraît que 20 minutes d’inserts « explicites » hardcore (qui auraient été filmés, selon la même source et sous réserve, par Bruno Mattéi) étaient visibles sur certaines copies françaises : pas dans cette copie-ci, en tout cas, qui demeure évidemment une version érotique classique.

Bandes-Annonces : des trois présentées, c’est celle de Justine ou les infortunes de la vertu à l’époque titrée De Sade - Les Infortunes de la vertu qui est dans le meilleur état argentique et numérique, au format large respecté. Elle est très bien montée et donne une excellente idée du film et de son esprit. Elle mentionne en outre à la fin l’interdiction administrative officielle (interdit aux moins de 18 ans) depuis ramenée à une interdiction aux moins de 16 ans. Suivent les bande-annonce américaines de 99 femmes et de Le Trône de feu sous son absurde titre d’exploitation américain. Etats argentiques médiocres (et format recadré pour la seconde) mais savoureux documents.

Diaporama : une trentaine de documents bien reproduits, parmi lesquels les magnifiques affiches espagnoles et américaines, des photos d’exploitation couleurs et N&B, des photos de plateau N&B, des photos de production N&B (« production stills » américaine, datée d’un an plus tard, 1969 au lieu de 1968 au générique original). L’exemple de ce qu’il faut faire.

Présentation du film par Stéphane du Mesnildot (durée environ 21 min.,16/9) : elle s’ouvre par une utile présentation de la vie et de l’oeuvre du producteur Harry Alan Towers qui permet d’établir un intéressant rapport historique méconnu entre Towers, Orson Welles et Jesus Franco. Suivent quelques remarques sur les films de prison de femmes dans la filmographie de Franco, sur la mise en scène esthétique des souvenirs des détenues. Je souris en revanche un peu en entendant Mesnildot défendre l’aspect révolutionnaire et féministe du scénario : je n’y crois pas vraiment bien qu’il le défende assez bien. Une lacune : Mesnildot ne dit (si ma mémoire est bonne) pas un mot du fait que la séquence des souvenirs du personnage interprété par Rosalba Neri (la détenue n°76) aurait été tournée, selon certaines sources, par le cinéaste Don Hulette.

Au total très honorable édition spéciale. Celui qui cherche une édition collector se tournera vers l’édition américaine Blue Underground aux bonus bien plus conséquents.

99 femmes

Image - 3,0 / 5

Format original 1.66 respecté, en couleurs et compatible 16/9, master 2K restauré en Full HD 1080p sur le Blu-ray, en définition standard sur le DVD. Image restaurée sur le plan argentique même si quelques rares plans d’ensemble (zooms avant ou zoom arrières sur la prison-château, par exemple) souffrent occasionnellement d’une émulsion un peu fatiguée. Sur le plan numérique, le resultat est parfois décevant : certains détails manquent de netteté en raison d’un probable usage intempestif de filtres. Les couleurs manquent de vivacité. Les séquences couleurs les plus belles sont celles des deux souvenirs et quelques plans de jungle mais le reste est un peu terne. Lorsqu’on compare les photos de production N&B et le film en couleurs, on se prend fugitivement mais régulièrement à regretter que Franco ne l’ait pas tourné en N&B. C’est le master Blue Underground américain de 2016 devant lequel on se retrouve en présence, avec ses qualités et ses défauts.

99 femmes

Son - 3,0 / 5

VF d’époque et VASTF en LPCM 2.0. mono. La piste anglaise est en meilleur état technique que la piste française distribuée par CFFP en son temps (ici reportée en bonus). Herbert Lom s’est post-synchronisé lui-même : raison de plus de l’écouter car la voix grave de Lom a toujours été remarquablement belle sur le plan de la diction. Musique techniquement bien reportée, mais assez décevante par elle-même, de Bruno Nicolai.

Crédits images : © Corona Filmproduktion, Cinematografica Associati, Hesperia Films, Towers of London

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 17 mai 2022
Premier film de prison de femmes signé par Franco, porté par quelques beaux plans parfois phantasmatiques et la beauté de Rosalba Neri.

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