Horizons perdus (1937) : le test complet du Blu-ray

Lost Horizon

Réalisé par Frank Capra
Avec Ronald Colman, Jane Wyatt et Edward Everett Horton

Édité par Sony Pictures

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Le 05/08/2022
Critique

Ce film à part dans l’oeuvre de Frank Capra aurait pu disparaître sans l’acharnement de certains à le reconstituer et le restaurer.

Horizons perdus

Le 10 mars 1935, le diplomate Robert Conway arrive de Londres à Baskul, une ville de l’ouest de la Chine, alors secouée par une révolution sanglante, pour organiser l’évacuation vers Shanghai de 90 citoyens britanniques. L’avion à bord duquel il embarque avec quatre autres passagers, dont le pilote a été neutralisé, met le cap à l’est, à l’opposé de Shanghai. Il finira par s’écraser sur le massif himalayen, à court de carburant. Curieusement, une colonne de sherpas arrive rapidement à rescousse des passagers et les mène jusqu’à une zone non cartographiée du Tibet, encaissée dans la montagne, une vallée fertile à la végétation luxuriante, un inattendu jardin d’Eden, Shangri-La…

Horizons perdus (Lost Horizon) est réalisé en 1937 par Frank Capra, au faîte de sa gloire après le succès critique et commercial de New York - Miami (It Happened One Night, 1934) et de L’Extravagant Mr Deeds (Mr Deeds Goes to Town, 1936). Columbia lui alloue un budget de 1,25 millions de dollars, le plus élevé encore jamais accordé par le petit studio, que son dépassement conduisit au bord de la ruine : la production coûta 2,6 millions de dollars (plus de 300 000 mètres de pellicule furent utilisés !) de. Un pari risqué, mais réussi : le film, soutenu par la critique, six fois nommé aux Oscars, notamment pour celui du Meilleur film (attribué à The Life of Emile Zola de William Dietrele), remporta celui du Meilleur montage et, pour ses remarquables décors, celui de la Meilleure direction artistique attribué à Stephen Goossón qui sera le directeur artistique de Gilda (Charles Vidor, 1946) et de La Dame de Shanghaï (The Lady from Shanghai, Orson Welles, 1949). Il connut un franc succès commercial avec une recette de 3,6 millions de dollars aux USA et au Canada.

Horizons perdus justifie une partie de son coût par un grand nombre d’extérieurs, filmés à Palm Springs, à Lucerne Valley, à Ojai Valley, dans le Mojave Desert et la Sierra Nevada pour des scènes de haute montagne assez convaincantes, par une solide distribution avec Ronald Colman, alors en tête d’affiche de très nombreux films, Jane Wyatt, révélée en 1934 par une des nombreuses adaptations de Great Expectations de Charles Dickens (par Stuart Walker), Edward Everett Horton, vu dans des seconds rôles d’innombrables comédies hollywoodiennes, Thomas Mitchell, le Doc Josiah Boone de La Chevauchée fantastique (Stagecoach, John Ford, 1939) et des cohortes de figurants.

Horizons perdus

Horizons perdus s’est inspiré du roman Lost Horizon, publié en 1933 par l’Anglais James Hilton (auteur du célébrissime Goodbye, Mr Chips) adapté par Robert Riskin, signataire ou cosignataire d’une quarantaine de scénarios, dont douze pour Frank Capra, parmi lesquels celui de New York - Miami qui lui valut un Oscar.

Il aura fallu près de 25 ans, à partir de 1973, une longue quête planétaire pour retrouver les 25 minutes manquantes, reconstituer et restaurer le montage original de 132 minutes (le tout premier montage atteignait 6 heures et, pendant des décennies, la seule version disponible fut un montage de 92 minutes fait en 1952 pour la télévision). Le montage original fut pour la première fois édité sur DVD par Sony Pictures en 1999, après une première restauration. La présente restauration a été opérée après numérisation 4K des meilleurs éléments disponibles, principalement une copie du négatif original faite en 1967 et d’intermédiaires ou de positifs, et d’un tirage en 16 mm pour quelques plans. La bande-son a pu être intégralement reconstituée. Les 6 minutes d’images manquantes, dans six plans, ont été remplacées par des images fixes des personnages. Un énorme travail récompensé par une étonnante réussite.

Horizons perdus, un des grands films de Frank Capra, une oeuvre à part dans sa filmographie, au-delà de son indéniable beauté formelle, à laquelle a largement contribué Joseph Walker, chef-opérateur de vingt films de Frank Capra, pouvait captiver le spectateur de 1937 par le thème utopique d’un petit pays à l’abri de la menace de la guerre, chaque jour plus insistante. Alors qu’était passé l’engouement du milieu des années 60 pour les comédies musicales à gros budget, manifesté pour Mary Poppins, My Fair Lady et The Sound of Music, Columbia décida en 1973 de confier à Charles Jarrott la réalisation d’un remake musical, avec Peter Finch et Liv Ulman en tête d’affiche, qui fut un fiasco critique et commercial.

Horizons perdus

Présentation - 2,5 / 5

Horizons perdus (132 minutes) et ses suppléments (47 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans le traditionnel boîtier bleu, glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono, et dans un doublage en français, en allemand, en italien et en espagnol au format Dolby Digital 2.0 mono.

Sous-titres dans 24 langues, dont le français et l’anglais, normaux et pour malentendants.

Une édition DVD est disponible avec le même contenu.

Bonus - 4,0 / 5

Tous ces suppléments, sous-titrés, sont repris du DVD édité par Sony Pictures en 1999 aux USA, en 2001 en France.

Commentaire audio (1999, Dolby Digital 2.0) par le critique Charles Champlin, ex-rédacteur de la section arts du L.A. Times et Bob Gitt, responsable de la préservation des archives du film de UCLA. Largement centré sur la restauration du film achevée en1999, le commentaire retrace le long et méticuleux processus de reconstitution et de restauration du montage original de 132 minutes qui s’est étalé sur 25 ans. Une passionnante mine d’informations sur l’aventure d’un miraculeux sauvetage et sur les procédés de restauration, mais aussi sur la réalisation, le casting et l’histoire mouvementée du film, ses ruses avec la censure dans la scène où la doublure de Jane Wyatt se baigne nue sous les yeux de Ronald Colman, sept ans après l’entrée en vigueur de l’autocensure imposée par le code Hays.

Horizons perdus

Documentaire photographique (30’). Kendall Miller a, pendant plusieurs années, fait des recherches sur la réalisation de Lost Horizon. Avec l’illustration d’extraits du film et de photos de plateau, il passe en revue diverses modifications du montage, signale les lieux de tournage, détaille la mise en scène et les techniques de prise de certains plans (toujours par au moins deux caméras), les effets spéciaux, l’élaboration de l’imposant décor de la lamaserie…

Comparaison du générique (1’25”). Bob Gitt compare le générique original avec celui de la ressortie du film pendant la deuxième guerre mondiale avec le titre Lost Horizon of Shangri-La, dans lequel les civils britanniques ne sont plus menacés par des Chinois, mais par des Japonais.

Fin alternative (2’42”). Bob Gitt présente cette fin écartée du montage final par Frank Capra qui lui a préféré l’autre, plus ouverte.

Comparaison avant et après la restauration (1’). Des déchirures disparaissent, l’instabilité d’une prise en 16 mm est réglée d’un coup de baguette magique.

Bandes-annonces (33 » et 48 »).

Aperçu de la réédition (2’). Teaser pour la ressortie du film en 1949.

Bande-annonce française (4’33”), étonnamment longue.

Bande-annonce espagnole (3’16”). Horizonte perdido de Shangri-La, ¡las más bella película de la época!

Horizons perdus

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), lumineuse, agréablement contrastée, avec des noirs denses, offre un beau dégradé de gris, stable et bien étalonné. Quelques plans issus de copies 16 mm pour la télévision canadienne, gonflés en 35 mm, ou issus de parties plus endommagées du négatif original nitrate, manquent de piqué ou laissent transparaître des marques du temps, mais jamais au point de gâter le plaisir du visionnage. Le résultat optimal de la restauration d’un film trop longtemps conservé dans de mauvaises conditions justifie l’attribution de la note maximale.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono de la version originale assure la clarté des dialogues toujours correctement priorisés sur l’ambiance, rendue avec une belle présence, comme, par exemple, le tintement des cloches de la lamaserie. L’accompagnement musical de Dimitri Tiomkin, sélectionné pour l’Oscar de la meilleure composition originale, est affecté par de fréquentes saturations, particulièrement dans les passages choraux. La restauration a éliminé tous les bruits parasites liés à la dégradation des sources utilisées, jusqu’au souffle.

Le doublage en français, au standard Dolby Digital 2.0 mono, propre lui aussi, place trop en avant des dialogues manquant parfois cruellement de naturel. Il n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Columbia Pictures Corporation

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 7 août 2022
Un des grands films de Frank Capra, d’une indéniable beauté formelle, une œuvre à part dans sa filmographie, qu’un remarquable travail a permis de reconstituer, nous est proposé, après une exemplaire restauration, accompagné de passionnants compléments sur son sauvetage.
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P. de Melun
Le 27 février 2021
Petit film d’aventure truffé de niaiserie et sentant la naphtaline, « Horizons perdus » offre un exotisme suranné simpliste qui n’est pas déplaisant pour autant. La première demi-heure tient la route avec le départ précipité des orientaux devant le péril jaune. Sans être exaltant, cet exode est plutôt bien filmé pour ne pas dire réussi et l’intérêt persiste dans l’avion grâce aux dialogues des différents protagonistes et des paysages de l’Himalaya. La suite est plus naïve et moins réussie même si ce conte quasi-philosophique aborde des questions humanistes et existentielles. L’œuvre utopique de Franck Capra peine à nous enthousiasmer au final malgré sa portée pacifiste.

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