The Great Buster - Une célébration (2018) : le test complet du Blu-ray

The Great Buster

Réalisé par Peter Bogdanovich
Avec Quentin Tarantino, Mel Brooks et Cybill Shepherd

Édité par Carlotta Films

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Le 21/09/2022
Critique

Une riche analyse de tout ce qui fait l’originalité de Buster Keaton, l’acteur et le réalisateur, le génie du cinéma muet.

The Great Buster - Une célébration

En guise d’hommage à Buster Keaton, le réalisateur et historien du cinéma Peter Bogdanovich retrace la vie de « l’homme qui ne rit jamais » et nous propose les vues sur son oeuvre d’une vingtaine de cinéastes et d’acteurs qui l’ont connu ou ont été influencés par lui. Ces entretiens sont illustrés par de nombreux extraits de films et deux précieux témoignages de Frank Capra et d’Orson Welles.

The Great Buster - Une célébration (The Great Buster - A Celebration), écrit et réalisé par Peter Bogdanovich en 2018, présenté à Deauville et au Festival du film du Grand Lyon, salué par le Prix du meilleur documentaire sur le cinéma à la Mostra de Venise, nous arrive directement en vidéo.

Peter Bogdanovich, disparu en janvier 2022, acteur, réalisateur d’une trentaine de films, nommé dès 1971 à l’Oscar du meilleur réalisateur pour La Dernière séance (The Last Picture Show, 1971), auteur de documentaires sur le cinéma, dont The Great Professional: Howard Hawks en 1967 et de Directed by John Ford en 1971, s’était très tôt intéressé à Buster Keaton : le film s’ouvre sur le débat auquel il participait, il y a cinquante ans, en janvier 1972, dans le cadre du programme télévisé The Dick Cavett Show.

The Great Buster - Une célébration

The Great Buster - Une célébration, dans sa première partie, retrace la vie de l’acteur et cinéaste. Joseph Frank Keaton naît le 4 octobre 1895, juste avant la première séance publique du cinématographe des frères Lumière, le 28 décembre au Grand café de Paris. Fils de deux acteurs de théâtre itinérant, il n’a que 4 ans quand son nom apparaît en grands caractères sur les affiches deThree Keatons, le spectacle de ses parents : ils se lançaient d’un bout de la scène à l’autre le petit Joe soumis, dès l’âge tendre, à l’apprentissage de la cascade.

En 1917, Buster vole de ses propres ailes et, après une furtive présence sur une scène de Broadway, est appelé à Hollywood par son ami Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle. Il apparaît dans son premier film, la comédie, The Fatty Butcher, avant de prendre la direction de la Comique Film Corporation et de réaliser ses premiers courts métrages dans lesquels il impose son personnage, « l’homme qui ne rit jamais » (the great stone face). Il crée sa société de production et réalise, de 1923 à 1928, ses longs métrages, les films de sa « période dorée », dont trois, Sherlock Junior (Sherlock Jr. , 1924), La Croisière du Navigator (The Navigator, 1924) et Le Dernier Round (Battling Butler, 1926) ont été récemment édités en haute définition par Elephant Films, ainsi que son chef-d’oeuvre, Le Mécano de la Générale (The General, 1926).

The Great Buster - Une célébration

La signature, en 1929, d’un contrat avec MGM (« la plus grosse erreur de ma vie », dira-t-il) rompt son élan : le studio lui coupe les ailes en le privant de tout regard sur la réalisation des films dans lesquels il joue et le pousse dans une traversée du désert. Il rebondit à la télévision en créant des publicités fantasques, en apparaissant dans le Ed Sullivan Show puis, sur le grand écran, dans une scène inoubliable de Les Feux de la rampe (Limelight, Charles Chaplin, 1952). Il recevra tardivement les marques d’une reconnaissance qui lui était due : un Oscar d’honneur en 1960 et une Coupe d’honneur à Venise en 1964, sous les applaudissements du public pendant dix minutes !

The Great Buster - Une célébration, dans sa seconde partie, donne les vues d’une vingtaine de personnes sur Buster Keaton et son oeuvre, parmi lesquelles James Curtis, auteur de Buster Keaton: A Filmmaker’s Life (Knopf, février 2022), Werner Herzog, Cybill Shepherd, Mel Brooks, Quentin Tarantino… Une revue de ses films permet d’apprécier l’inventivité de ses gags (« des blagues qui marchent grâce à la caméra », selon Quentin Tarantino) et de « ses inventions mécaniques », son sens de la mise en scène, sa composition d’un personnage insolite, un maladroit toujours sauvé par la chance…

The Great Buster - Une célébration livre une riche analyse de tout ce qui distingue le cinéma de Buster Keaton de celui de deux autres génies du comique, ses contemporains Charles Chaplin et Harold Lloyd, de son style unique qui a influencé d’autres cinéastes, notamment, en France, Jacques Tati et Pierre Etaix.

The Great Buster - Une célébration

Présentation - 3,0 / 5

The Great Buster - Une célébration (101 minutes) et ses suppléments (31 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier, glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, avec le choix, pour le format audio, entre DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo.

Édition DVD disponible, avec le même contenu.

Bonus - 2,0 / 5

Rencontre au Quad avec Peter Bogdanovich (2018, 29’). Charles S. Cohen, le producteur du film, dans la salle de projection de la société indépendante de production Quad Group, rappelle qu’il a acquis en 2011 un lot de 500 longs métrages parmi lesquels se trouvaient tous les films muets de Buster Keaton qu’il a restaurés en 4K avec de nouveaux accompagnements musicaux. Peter Bogdanovich avoue que son intérêt pour Keaton remonte aux films muets qu’il avait vus, à 6 ou 7 ans, au MoMa, avec son père. Buster Keaton n’était pas qu’un grand acteur, c’était aussi un grand réalisateur. Il s’étonne du désintérêt des jeunes pour le cinéma muet alors que Hitchcock disait : « aujourd’hui, la plupart des films montrent juste des gens qui parlent ». Après la projection du film, interrogé par Richard Peña, Peter Bogdanovich souligne que, contrairement aux idées reçues, les longs métrages de Buster Keaton sont meilleurs que ses courts métrages, « avec la caméra toujours à la meilleure place (…) et de stupéfiantes cascades ». Il est regrettable que MGM ne lui ait laissé aucune chance d’exprimer son talent. Peter Bogdanovich dit ce qu’il a appris, « au fil de l’eau », d’Alfred Hitchcock, de John Ford, de Howard Hawks. Il évoque ses débuts comme assistant de Roger Corman pour Les Anges sauvages (The Wild Angels, 1966), puis annonce la sortie, à laquelle il a beaucoup contribué, sur Netflix en 2018, d’un montage de 122 minutes de The Other Side of the Wind, le dernier film qu’Orson Welles n’avait pu finir.

Un complément un peu décousu, gâché par une prise de son déplorable.

The Great Buster - Une célébration

Image - 4,0 / 5

L’image (1.78:1, 1080p, AVC) assure une parfaite lisibilité de tous les plans fixes des entretiens avec la vingtaine d’intervenants. La qualité des inserts d’archives, essentiellement des extraits de films restaurés, est à la hauteur des attentes.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) ne suscite aucune réserve. Difficile de faire la différence entre les deux formats, ce qui est sans importance pour des entretiens individuels.

Crédits images : © 2018 BUSTER K DOCUMENTARY PROJECT, LLC. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 22 septembre 2022
Illustré par de nombreux extraits de ses films, ce riche documentaire souligne l’influence que Buster Keaton a exercée, et exerce encore, sur de nombreux cinéastes et analyse l’inventivité de son talent d’acteur et de réalisateur qu’il n’a, malheureusement, pu exprimer que pendant de trop rares années d’indépendance.

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