L'Échappé de la chaise électrique (1941) : le test complet du Blu-ray

Film de science-fiction appartenant à l’âge d’or américain du cinéma fantastique.

Dan Mac Cormick a la particularité d’être très résistant aux chocs électriques. Il vit de ce don en se produisant dans des fêtes foraines. Il est surnommé « l’homme dynamo ». Sa survie après un accident de voiture fatal aux autres occupants (morts électrocutés par un pylône portant des câbles à haute-tension) intéresse les médecins, notamment le professeur Rigas. Ce savant fou rêve de créer une nouvelle race humaine dont la nourriture serait l’électricité. Dan tombe sous son emprise expérimentale et devient un monstre drogué à l’électricité, puis un meurtrier. Condamné à la chaise électrique, Dan s’en échappe, désormais incontrôlable et pourchassé par la police.

L’Échappé de la chaise électrique (Man Made Monster / Man-Made Monster, USA 1941) écrit sous pseudonyme par George Waggner et qu’il signe comme cinéaste, est une excellente série B classique Universal de l’âge d’or du cinéma fantastique, catégorie science-fiction, distribuée tardivement en France puisqu’il fallut attendre 1953 pour la visionner dans les cinémas chez nous. Elle était depuis oubliée, difficile d’accès (sauf aux cinéphiles anglophones) : il fallait nous la faire redécouvrir en vidéo numérique francophone car elle le mérite.

L’Échappé de la chaise électrique est rythmé, nerveux, bénéficie d’un humour souvent surréaliste et de la présence du grand acteur Lionel Atwill, est très bien écrit et monté, proche de l’esprit d’un cinéaste tel que Erle C. Kenton à la même époque. Son scénario joue intelligemment sur la relation entre spectacle et réalité en faisant de Dan une sorte de medium prédisposé à la confusion entre les deux dimensions, par une obscure malédiction. Ce titre réalisé par George Waggner orienta définitivement la carrière de l’acteur Lon Chaney Junior vers le cinéma fantastique, peu de temps avant que, la même année, son personnage tragique du classique Le Loup-garou (USA 1941) du même George Waggner n’en fasse une star durant la fin de l’âge d’or américain du genre, donc 1941-1945. Et, par la suite, un de ses acteurs régulièrement convoqués pour y contribuer, encore dans les années 1950 et 1960. Les critiques français ont été très injustes envers Lon Chaney Junior qui fut un comédien aussi remarquable que son père Lon Chaney mais dans un registre très différent du sien, le registre du père était celui de l’expressionnisme alors que celui du fils est dramaturgiquement davantage réaliste. Les effets spéciaux optiques, très réussis, sont de John P. Fulton - le plus grand technicien de la Universal durant son âge d’or fantastique 1931-1941 - bien qu’il n’en soit pas crédité au générique d’ouverture : ils améliorent encore ceux déjà réussis par le même Fulton dans Le Rayon invisible (USA 1936) de Lambert Hillyer. La direction artistique est soignée en raison d’un budget serré mais très bien utilisé.

1 Blu-ray BD25 multirégions ABC + 1 DVD9 + 1 livret illustré, édités par Eléphant Films, le 10 mai 2022. Image 1.37 N&B compatible 16/9 en 1080p AVC. Son DTS-HD Master Audio 2.0 mono en VOSTF et VOSTA. Durée film : 60 min. environ (durée cinéma sur Blu-ray à 24 images / secondes) et 57 min. environ sur DVD (à 25 images / secondes). Suppléments : présentation par Gilles Gressard (durée 14 min. environ) + bande-annonce originale (1 min. 22 sec., 1.37 N&B, VOSTF) + bandes annonces de la collection.

Livret illustré couleurs + N&B 16 pages par Alain Petit : sympathique, délivrant les informations essentielles en quelques pages : genèse, production, tournage, interprétation, situation filmographique du titre et de ses interprètes principaux. Quelques mignonnes illustrations : affiches couleurs et photos N&B de plateau et de tournage. Une seule coquille gênante : les pages 8 et 9 oublient de mentionner le Junior abrégé après Lon Chaney sur les légendes mentionnant son nom.

Présentation par Gilles Gressard (durée 15 min. environ) : très bien illustrée de belles affiches et de belles photos soigneusement reproduites et adaptées au grand écran, elle n’apprendra pas grand chose au cinéphile du genre mais, pour le novice, elle situe brièvement le thème du savant fou dans l’histoire du cinéma fantastique (trop brièvement sur le plan historique : Gressard fait l’impasse sur le cinéma expressionniste allemand fantastique muet 1915-1930), résume la carrière filmographique des acteurs Lon Chaney, Lon Chaney Junior, Lionel Atwill, signale l’importance des effets spéciaux de John P. Fulton. Diction soignée.

Bande-annonce originale (durée 1 min. 42 sec. environ, VOSTF) : excellent état argentique et numérique puisque c’est BA montée par Eléphant Films à partir de son master restauré.

Bandes-annonces de la collection : Le Rayon invisible, Alerte la nuit, La Cité pétrifiée.

Honorable édition spéciale française dont le livret et la présentation se complètent. Le cinéphile souhaitant visionner une édition collector trouvera, si et seulement si il est anglophone, davantage d’informations dans l’édition américaine Shout Factory de 2019 contenant un commentaire audio de Tom Weaver et Constantine Nasr, ainsi qu’une belle galerie photos et affiches.

Format original 1.37 N&B compatible 16/9 en 1080p AVC sur Blu-ray. Excellente image argentique (sauf un ou deux plans tel que, par exemple, celui de l’accident de voiture qui ouvre le film) et très bonne restauration numérique qui privilégie cependant assez nettement le lissage par rapport au grain. La photo N&B est soignée, empruntant brièvement certains effets baroques et expressionnistes déjà visibles dans certains titres classiques antérieurs, tels que ces plans de machines électriques visibles en légères contre-plongées décadrées dans les laboratoires du Metropolis (All. 1926) de Fritz Lang et du Frankenstein (USA 1931) de James Whale. Effets spéciaux très bien reportés.

VOSTF DTS-HD Master Audio 2.0 mono en VOSTF et VOSTA. Ici, étant donné l’histoire de la distribution du titre, il est très probable que cette production Universal tournée pendant la Seconde guerre mondiale et distribuée avec plus de dix de retard ne l’ait été qu’en VOSTF, comme pas mal d’autres films de SF Universal après-guerre, directement sortis chez nous en VOSTF. Excellente piste son originale, parfaitement nettoyée aux dialogues très bien audibles, sans distortion mais l’âge induit parfois quelques chuintements légers, sans effets gênant. Musique dynamique, conventionnelle mais efficace.

Crédits images : © Universal Pictures