Les Promesses (2021) : le test complet du Blu-ray

Le récit prenant du rôle délicat des élus d’une cité défavorisée, assurant lien entre la population et le pouvoir central.

Maire d’une ville du 93, Clémence livre avec Yazid, son directeur de cabinet, une bataille acharnée pour sauver le quartier des Bernardins, une cité minée par l’insalubrité et les « marchands de sommeil ». Ce sera son dernier combat, avant de passer la main à la prochaine élection. Mais quand Clémence est approchée pour devenir ministre, son ambition remet en cause tous ses plans. Clémence peut-elle abandonner sa ville, ses proches, et renoncer à ses promesses ?

Les Promesses, sélectionné à Venise en 2021 dans la section Orizzonti, sorti dans nos salles en janvier 2022, est le deuxième long métrage du réalisateur et scénariste Thomas Kruithof, après La Mécanique de l’ombre, un thriller d’espionnage un peu compliqué, assez bien reçu par la critique en 2016.

Les Promesses met en images un scénario coécrit par le réalisateur et Jean-Baptiste Delafon, surtout connu pour sa contribution à des séries telles que P.J., Maison close et, sur un thème politique, Baron Noir. Le scénario évite la représentation habituelle de la violence et du trafic de drogue dans les cités, récemment mise en avant par Les Misérables (Ladj Ly, 2019) et BAC Nord (Cédric Jimenez, 2020), pour centrer l’intrigue sur la réhabilitation des barres d’immeubles d’une cité de la banlieue parisienne.

Le réalisme de l’oeuvre, son aspect documentaire-fiction sont confortés par l’apparente simplicité de la réalisation, par la photo sans recherches d’Alex Lemarque, chef-opérateur du premier film de Thomas Kruithof, par la présence dans la distribution d’acteurs non professionnels et par le choix du lieu de tournage, le Chêne Pointu, une cité de Clichy-sous-Bois, construite au milieu des années 60, exemple emblématique du mauvais logement. Il est toutefois permis de supposer que le regard du réalisateur, teinté d’angélisme, embellisse la réalité.

Les Promesses, avec une tension maintenue par un habile montage, est particulièrement bien servi par la performance des deux acteurs principaux. Isabelle Huppert, très à l’aise dans son interprétation d’une femme déterminée à imposer son autorité pour arriver à ses fins, tient là son deuxième rôle politique, après L’Ivresse du pouvoir (Claude Chabrol, 2005). Reda Kateb incarne avec naturel un homme rompu aux arcanes du jeu politique.

Dans l’entretien proposé en bonus, Thomas Kruithof confie travailler sur deux ou trois projets en vue d’un troisième long métrage qu’on aura plaisir à découvrir.

Les Promesses (98 minutes) et ses suppléments (65 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Entretien avec Thomas Kruithof (63’, Filmo, 2021), interrogé par Patrick Fabre, critique et auteur d’une dizaine de documentaires sur le cinéma. Après un rappel du pitch, le réalisateur dit avoir été intéressé, pour son second film, par le thème de l’engagement des élus, en situation permanente de crise dans les communes pauvres. La cité des Bernardins est, en fait, celle du Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois, sur laquelle il s’est, pour assurer l’authenticité du récit, documenté auprès d’Olivier Klein, le maire de la ville, et de plusieurs de ses collaborateurs. Un des partis pris de la mise en scène était de mettre en évidence l’énergie des personnages, tous très divers. La petite équipe fut bien accueillie par les habitants de la cité. La structure du film est délibérément complexe, avec plusieurs histoires qui s’entrecroisent, pour soutenir l’attention du spectateur qui ne sait pas où va le mener une sorte de thriller.

Bande-annonce (1’43”).

L’image numérique (2.39:1, 1080p, AVC), avec une excellente résolution et une agréable texture, des contrastes fermes assurant la lisibilité des prises en très basse lumière, notamment dans les cages d’escalier, déploie des couleurs soigneusement étalonnées, dans une palette généralement froide, en particulier à l’intérieur des immeubles de la cité.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, avec une bonne dynamique, rend avec réalisme l’ambiance des différentes scènes, avec un effet d’immersion discret, mais cohérent, obtenu par une répartition équilibrée du signal sur les cinq canaux. Un gros bémol : l’ajustement du volume des dialogues et, surtout, l’articulation défaillante de quelques acteurs, compromet çà et là leur compréhension, un mal français paraissant incurable.

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