La Lumière d'en face (1955) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Georges Lacombe
Avec Brigitte Bardot, Raymond Pellegrin et Roger Pigaut

Édité par Gaumont

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Le 11/07/2022
Critique

Bel exemple du « cinéma de qualité » français de la période 1950-1960 et l’érotisme de Brigitte Bardot plastiquement mis en valeur.

La Lumière d'en face

France, Provence, en 1956  : la route nationale n°7 surnommée la « route bleue » est un lieu vite traversé par les vacanciers, un lieu de pénible travail quotidien pour les autres, où se nouent parfois les destins. Au kilomètre 513 une nuit, Georges Marceau, ancien camionneur devenu patron d’un bistrot routier qu’il tient avec sa ravissante et jeune épouse Olivia, s’empare d’une carabine dans l’ombre de sa chambre : il observe fiévreusement la fenêtre de la station-service d’en face, prêt à faire feu. Comment en est-il arrivé là ?

La Lumière d’en face (Fr. 1956) de Georges Lacombe, bon artisan de la période 1930-1960, est sorti à Paris en février 1956. C’est un bel exemple du cinéma de qualité français : à la fois drame psychologique, comédie dramatique, film érotique, et même, en raison de son début et de certains éléments de son scénario, par instants film noir policier. Bien sûr, c’est d’abord une confirmation de l’image érotique de Brigitte Bardot révélée par Manina, la fille sans voile (Fr. 1952) de Willy Rozier. On pense aussi parfois, à cause du lieu de l’action et de certains éléments de son suspense, au grand classique de la série noire Le Facteur sonne toujours deux fois, qu’il s’agisse de ses adaptations cinématographiques américaines (signées Tay Garnett puis Bob Rafelson) ou européennes (signées Pierre Chenal puis Luchino Visconti). On y pense d’autant plus que le thème de l’impuissance (sénile dans le roman de James Cain alors qu’il s’agit d’une abstinence médicalement imposée pour quelques mois dans le scénario écrit par le producteur Jacques Gauthier) y contraste presque brutalement avec l’érotisme natif dégagé par leurs vedettes féminines.

La Lumière d'en face

Excellent casting, dirigé d’une manière réaliste : Brigitte Bardot compose un personnage très attachant de jeune fille sexy désirant une vie ordinaire, nullement rebelle (comme elle le sera ensuite dans les films de Claude Autant-Lara, Henri-Georges Clouzot et Jean-Luc Godard) et capable de résister à la passion charnelle dont elle ressent les ardeurs. Raymond Pellegrin et Roger Pigaut incarnent très bien de braves types solides confrontés à la cruauté du destin. Notons que l’expression « relations sexuelles » est prononcée dans le dialogue, certes par un médecin mais prononcée, ce qui constitue à l’époque une relative audace. Une idée plastique intéressante : l’électro-encéphalogramme et ses lumières saccadées dirigées vers le visage de Pellegrin. Elle sera reprise, améliorée et amplifiée, dans une savoureuse séquence du film fantastique Les Yeux sans visage (Fr.-Ital. 1960) de Georges Franju. Scénario pointilliste au réalisme parfois documentaire (les relations entre camionneurs), à l’érotisme parfois lyrique, servi par la beauté plastique de la photographie de Louis Page, par des décors de Trauner au relent d’expressionnisme (les couloirs nus oppressants du premier étage du bar, le long desquels court une ligne parfois brisée à hauteur de ceinture, donnant sur des escaliers anguleux), enfin par la simplicité efficace, élégante, régulièrement puissante, de la mise en scène de Lacombe.

La Lumière d'en face

Présentation - 1,5 / 5

1 Blu-ray BD50 1980 x 1080 , encodage MPEG 4 AVC, région B, édité par Gaumont, collection Gaumont Découverte, le 06 juillet 2022. Image N&B au format original 1.37 respecté, compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 Mono VF + VF sous-titrée sourds et malentendants. Durée du film : 104 min. environ. Suppléments : Présentation par Didier Griselain (16/9, VF) + Bande-annonce (16/9, VF). Jaquette montrant une photo couleurs alors que le film est N&B : pourquoi n’avoir pas repris la belle affiche française d’époque comme l’avait fait, en son temps, l’ancienne édition DVD René Château ? A noter que Marceau n’est pas « impuissant » du tout, contrairement à ce que mentionne le résumé de scénario : il est contraint à l’abstinence pour raison médicale, ce qui est tout différent. Une partie du suspense repose sur sa capacité à résister à ses désirs bien réels.

La Lumière d'en face

Bonus - 2,5 / 5

Présentation par Didier Griselain (durée 18 min. environ, 16/9 couleurs, VF, 2022) : uniquement illustrée par des extraits du film de référence, elle situe très bien le titre dans la filmographie du cinéaste Georges Lacombe. Elle apporte quelques indications bio-filmographiques sur Brigitte Bardot, Raymond Pellegrin, Roger Pigaut, sur le producteur Jacques Gauthier, sur l’actrice puis productrice Christine Gouze-Renal (ici assez sexy dans un petit rôle). Elle signale les recettes d’exploitation et les compare à celles de l’année 1956. Une seconde partie est une sorte d’analyse des personnages du film, paraphrasant le scénario et qui me semble un remplissage inutile.

Bande-annonce originale (durée 2 min. 30 sec. environ, 1.37 N&B compatible 16/9, VF) : en bon état technique, bien montée sur une voix off, en état argentique légèrement inférieur à celui du long-métrage de référence mais dotée d’un bon transfert vidéo..

Ensemble sympathique auquel il manque une solide galerie affiches et photos d’exploitation pour obtenir une meilleure note. Dans le cas d’un classique du cinéma français, on est aujourd’hui en droit d’espérer ce genre de matériel.

La Lumière d'en face

Image - 5,0 / 5

Format original respecté 1.37 en N&B, compatible 16/9, Full HD : très belle copie argentique positive, en parfait état, de toute évidence retirée d’après le négatif. Direction de la photographie souvent sophistiquée (notamment les intérieurs nuit), signée Louis Page. Numérisation conciliant d’une manière équilibrée lissage vidéo et respect du grain, remarquable gestion des dégradés noirs-gris-blancs.

Son - 5,0 / 5

VF originale DTS-HD Master Audio 2.0 mono en excellent état technique, à la dynamique régulièrement puissante, et VF avec sous-titres pour sourds et malentendants, coloriés et intuitivement répartis en fonction de la répartition spatiale des locuteurs, comme toujours chez Gaumont.

Crédits images : © Entreprise Générale Cinématographique, Les Films Fernand Rivers, Général Productions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 12 juillet 2022
Bel exemple du « cinéma de qualité » français de la période 1950-1960 et l’érotisme de Brigitte Bardot plastiquement mis en valeur.

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