Les Mouchoirs jaunes du bonheur (1977) : le test complet du Blu-ray

Shiawase no kiiroi hankachi

Réalisé par Yoji Yamada
Avec Ken Takakura, Chieko Baisho et Kaori Momoi

Édité par Carlotta Films

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Le 18/10/2022
Critique

Ce délicat mix de road movie et de romance, par un des cinéastes les plus connus au Japon, vaut aussi pour sa dimension documentaire.

Les Mouchoirs jaunes du bonheur

Après une rupture amoureuse, l’exubérant Kinya décide de fuir Tokyo pour partir en voiture à Hokkaidō, au nord du Japon. À la gare d’Abashiri, il fait la connaissance de la timide Akemi qui vient, elle aussi, d’essuyer une déception sentimentale. Malgré leurs caractères opposés, les deux jeunes gens décident de visiter ensemble la région. Ils croisent sur leur route le mystérieux Yusaku, mais ignorent que celui-ci vient de sortir de prison. Ne sachant pas où aller, il se joint au duo. Une complicité va bientôt se nouer entre les trois passagers…

Les Mouchoirs jaunes du bonheur (Shiawase no kiiroi hankachi) est le 37ème des 92 films réalisés depuis 1961 par le prolifique réalisateur et scénariste Yôji Yamada, né en 1931, un des cinéastes les plus connus au Japon grâce à de très nombreuses comédies reprenant le personnage de Tora-san qu’il avait créé pour une série très populaire. On en voit l’interprète principal, Kiyoshi Atsumi, dans le petit rôle de l’inspecteur de police Watanabe, au milieu du film.

Les Mouchoirs jaunes du bonheur met en scène un scénario coécrit par le réalisateur avec Yoshitaka Asama et inspiré par une nouvelle de l’écrivain américain Pete Hamill. Elle sera encore réadaptée aux USA pour le grand écran en 2008, sous le titre The Yellow Handkerchief, par Udayan Prasad, avec William Hurt dans le rôle principal, et au Japon pour la télévision en 2011.

Les Mouchoirs jaunes du bonheur suit trois personnages atypiques. Deux jeunes pas encore remis de la rupture d’une relation amoureuse, Kinya, baratineur et macho, Akemi, timide et prude. Le troisième personnage, Yusaku, plus mystérieux, devient même inquiétant pour le spectateur ; on apprend, assez vite, qu’il vient de purger une peine de prison pour meurtre. Une suite de flashbacks dévoilera progressivement son histoire et ce qui le pousse à aller à Hokkaidō.

Les Mouchoirs jaunes du bonheur

Les Mouchoirs jaunes du bonheur associe deux genres, la romance, avec l’apaisement progressif d’une relation électrique entre les deux jeunes, et le road movie, avec la découverte, au printemps, de l’île de Hokkaidō, la partie la plus septentrionale de l’archipel, à la latitude de Marseille, mais au climat plus rude.

Le personnage principal, Yusaku, est tenu par Ken Takakura, célèbre au Japon et ailleurs pour ses incarnations de yakuzas, notamment dans plusieurs volets de la série des films Lady Yakuza (Hibotan bakuto), face à Sumiko Fuji dans le rôle de la « Pivoine rouge ». Cette échappée hors de l’univers du crime organisé sera à l’origine d’un tournant dans sa carrière d’acteur. Akemi est interprétée avec naturel et sensibilité par Kaori Momoi qui, à 25 ans, a déjà neuf films à son actif. On l’a revue dans Crimes de guerre (Emperro, Peter Webber, 2012) et elle est toujours en activité. Mais c’était le premier essai sur les écrans du chanteur Tetsuya Takeda, un essai réussi qui lui valut au Japon trois Prix du meilleur second rôle et lui permit d’entamer une carrière bien remplie, au cinéma d’abord, puis à la télévision. Les trois réussissent à former un trio original et attachant.

Les Mouchoirs jaunes du bonheur, grâce cette première édition vidéo, va permettre à beaucoup de découvrir le talent d’un cinéaste humaniste dont, sauf omission, seuls trois films ont été distribués dans les salles françaises : Le Samouraï du crépuscule (Tasogare Seibei, 2002), sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger et l’Ours d’or, La Servante et le samouraï (Kakushi-ken: oni no tsume, 2004) et La Maison au toit rouge (Chiisai ôuchi, 2014), tous deux nommés pour l’Ours d’or.

Les Mouchoirs jaunes du bonheur

Présentation - 2,5 / 5

Les Mouchoirs jaunes du bonheur (109 minutes) et ses suppléments (28 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en japonais, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Humanité (27’, Allerton Films, Carlotta Films, 2022), un entretien conduit par Nicolas Ripoche avec Claude Leblanc, éditorialiste à L’Opinion, fondateur de Zoom Japon, auteur de Le Japon vu par Yamada Yôji (Éd. Ilyfunet, 2021, 752 pages). Yôji Yamada est devenu le cinéaste le plus connu au Japon avec l’adaptation d’une série populaire dont il avait écrit le scénario, Otoko wa tsurai yo (c’est dur d’être un homme), répétée à raison d’un ou deux films par an, à partir de 1961 et jusqu’à la mort de l’acteur principal, Kiyoshi Atsumi, en 1996. Il réalisa, parallèlement, des « films sérieux », parmi lesquels Les Mouchoirs jaunes du bonheur, inspiré d’une chanson qu’interprétait Cheiko Baisho, l’ex-épouse de Yusaku dans le film, reprenant le thème d’une de Pete Hamill. Yôji Yamada donne de l’humanité à des personnages en marge de la société japonaise des années 70. Son cinéma, à dimension documentaire, propose, film après film, la découverte de plusieurs régions du Japon. Il dresse également un état des rapports entre les deux sexes en un temps où les jeunes femmes commençaient à affirmer leur indépendance vis-à-vis des hommes, encore imprégnés des valeurs du confucianisme.

Un utile complément au film !

Bande-annonce restaurée (48”).

Les Mouchoirs jaunes du bonheur

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), après une restauration 2K sur laquelle aucune information n’est donnée, parfaitement nettoyée, déploie des couleurs naturelles, agréablement saturées et bien étalonnées. Une bonne résolution va de pair avec un contrôle du grain qui s’est arrêté juste à temps pour ne pas dénaturer la texture du 35 mm.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, très propre lui aussi, pratiquement sans souffle, assure la clarté des dialogues dans un bon équilibre avec le discret accompagnement musical et l’ambiance dont la présence est soutenue par une bonne dynamique.

Crédits images : © 1977 / 2010 SHOCHIKU CO., LTD. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 19 octobre 2022
La sortie de ce road movie, un mix de romance et de documentaire, encore inédit en vidéo en France, permettra aux cinéphiles de découvrir l’humanisme et le talent d’un des cinéastes les plus populaires au Japon.

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