Contes du hasard et autres fantaisies (2021) : le test complet du Blu-ray

Guzen to sozo

Réalisé par Ryusuke Hamaguchi
Avec Kotone Furukawa, Ayumu Nakajima et Hyonri

Édité par Diaphana

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Le 21/09/2022
Critique

De trois rencontres fortuites naissent trois histoires de jeunes femmes tokyoïtes, racontées par le réalisateur de Drive My Car.

Contes du hasard et autres fantaisies

Dans le taxi que partagent deux jeunes modèles après une séance de photos, l’une décrit l’homme qu’elle a rencontré sans savoir que c’est l’ex-mari de l’autre… Pour venger son mari des humiliations que lui a fait subir leur ancien professeur de français, une jeune femme entreprend de compromettre l’universitaire… À l’occasion d’une réunion des anciennes élèves d’un lycée, deux jeunes femmes croient se reconnaître, avant de réaliser leur méprise…

Contes du hasard et autres fantaisies (Guzen to sozo), le treizième long métrage de Ryûsuke Hamaguchi, sorti dans nos salles en avril 2022, a reçu l’Ours d’argent à la Berlinale de 2021, quelques mois avant que son film suivant, Drive My Car (Doraibu mai kâ) ne décroche l’Oscar et le BAFTA award du meilleur film étranger et trois récompenses à Cannes, Prix du meilleur scénario, Prix FIPRESCI et Prix du jury oecuménique. Ryûsuke Hamaguchi, auteur du scénario et des dialogues de la plupart de ses films, a également cosigné celui du long métrage de Kiyoshi Kurosawa, Lion d’argent à Venise en 2020, Les Amants sacrifiés (Supai no tsuma).

Contes du hasard et autres fantaisies

La parole et l’écoute

Contes du hasard et autres fantaisies permet de constater l’influence, avouée par Ryûsuke Hamaguchi, auteur du scénario et des dialogues de la plupart de ses films, du cinéma d’Éric Rohmer, avec la place primordiale accordée aux échanges entre deux personnages et à l’impact qu’ils ont sur eux en les confrontant à des choix. L’ouverture du premier sketch, la conversation entre les deux modèles démontre la capacité du cinéaste à capter l’attention du spectateur pendant toute une séquence, longue d’une dizaine de minutes, dans un cadre aussi confiné et dépouillé que l’intérieur d’un taxi, capacité qu’il confirmera à l’extrême avec Drive My Car.

Contes du hasard et autres fantaisies propose trois « contes », trois histoires séparées, d’une durée à peu près équivalente, qui ont en commun de mettre en avant des femmes et de diffuser une indéniable sensualité, subliminale dans le premier et le troisième conte, très appuyée par les dialogues dans le conte central. L’ensemble a une portée universelle que soutient le choix de l’illustration musicale au piano de l’ouverture et de la clôture des trois sketches par des extraits des Kinderszenen et des Waldszenen de Robert Schumann.

La plupart des films de Ryûsuke Hamaguchi ont été édités en vidéo en France. On peut signaler à celles et ceux qui veulent découvrir son cinéma le coffret de quatre DVD sorti par Arte Éditions fin 2019, complété par un entretien de 100 minutes avec le réalisateur et d’un livret de 64 pages. Il contient son film de fin d’études, Passion (2008), sélectionné au festival de San Sebastián, Senses (Happî awâ, 2015), les portraits d’une durée proche de cinq heures de quatre femmes de Kobé, primé à Locarno, et Asako I & II (Netemo sametemo, 2018), l’histoire du premier amour contrarié d’une jeune fille d’Osaka, sélectionné pour la Palme d’or.

Contes du hasard et autres fantaisies

Présentation - 2,5 / 5

Contes du hasard et autres fantaisies (121 minutes) et ses suppléments (31 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un fin digipack.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en japonais, avec sous-titres imposés et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo.

Édition DVD disponible, avec le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Regard sur le film par Clément Rauger (19’, Diaphana, 2022). Resté longtemps ignoré par la critique internationale, Ryûsuke Hamaguchi réalise pendant sa formation, en 2003, son premier long métrage en Super 8, Like Nothing Happened (Nani kuwanu kao). Son film de fin d’études, Passion, sorti en 2008, a été distribué dans nos salles. Ont suivi, Intimacies (Shinmitsusa, 2012) d’une durée de 4h15, la captation d’une pièce de théâtre précédée de ses répétitions, puis The Sound of Waves (Nami no oto, 2012) un documentaire sur les traumatismes provoqués par le tsunami du 11 mars 2011 où paraissent, ensemble dans le cadre, chaque victime qui parle et celui qui les écoute, un dispositif de « double subjectivité », inspiré d’Éric Rohmer, dont sera empreint le cinéma de Hamaguchi. C’est Senses, sélectionné à Locarno, qui l’a révélé en 2015 à toute la critique. Une rétrospective de son oeuvre a été organisée en 2019 à la Maison du Japon à Paris. Contes du hasard et autres fantaisies est son oeuvre la plus rohmérienne. S’y déploie, dans les trois sketches, « une logique d’invasion » avec une propension à représenter le désir des personnages comme une forme de résistance à la vérité, à une réalité que le hors-champ vient leur rappeler.

Clément Rauger a soutenu en janvier 2022 une thèse intitulée 1923-1939 : parenthèse progressiste du cinéma japonais. De la personnalisation des techniques de mise en scène à sa modernisation. Il nous livre ici une très pertinente analyse de l’oeuvre de Ryûsuke Hamaguchi qui peut être consultée avant ou après le visionnage du film.

Bande-annonce (1’34”).

Contes du hasard et autres fantaisies

Image - 4,0 / 5

L’image numérique (1.85:1, 1080p, AVC), hormis dans la longue séquence filmée dans un taxi, assez confuse, avec des noirs poreux ayant tendance à se boucher, est lumineuse, délicatement contrastée et propose des couleurs naturelles, mais très légèrement désaturées.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) reste centrée sur le plan frontal : la faible sollicitation des canaux latéraux dans les rares prises en extérieur dans les rues de Tokyo gomme les différences entre les deux options offertes, ce qui n’est guère gênant pour un film donnant une place quasi-exclusive aux dialogues. Mais, et c’est là que le bât blesse, ils sont affectés par un timbre un peu trop mat et, même, étouffés dans la fameuse scène du taxi, en réel contraste avec la clarté du piano de l’accompagnement musical.

Crédits images : © 2021 NEOPA & Fictive

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 22 septembre 2022
Le réalisateur de Drive My Car confirme, une fois encore, son originalité et la sûreté de son talent avec ce treizième film, un recueil de trois contes féminins à la portée universelle, salué à Berlin par l’Ours d’argent.

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Contes du hasard et autres fantaisies
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