Contes cruels du Bushido (1963) : le test complet du Blu-ray

Bushido zankoku monogatari

Réalisé par Tadashi Imai
Avec Kinnosuke Nakamura, Eijiro Tono et Kyoko Kishida

Édité par Carlotta Films

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Le 27/10/2022
Critique

Le bushido, imposant une stricte soumission des samouraïs aux seigneurs du Japon féodal, pourrait avoir imprégné la culture nippone.

Contes cruels du Bushido

Tokyo, au début des années 60. Susumu Iikura est appelé par un hôpital : sa fiancée Kyoko a tenté de se suicider. En rentrant chez lui, il ouvre les archives de la famille récupérées à la mort de sa mère et relit les écrits de ses ancêtres samouraïs, relatant les atrocités subies depuis le XVIIe siècle, au nom du bushido, le code d’honneur respecté par cette noblesse militaire au service des seigneurs féodaux qui avaient sur eux le droit de vie et de mort. Ce code cruel aurait-il laissé des traces dans le Japon moderne ?

Contes cruels du Bushido (Bushidô zankoku monogatari), Ours d’or à la Berlinale de 1964 (ex-aequo avec Il Diavolo de Gian Luigi Polidoro), est le 28ème des 44 longs métrages réalisés par Tadashi Imai. Bien qu’il ait glané de nombreux prix et soit vu comme un important cinéaste japonais des années 50 et 60, que deux de ses films aient été sélectionnés à Cannes, dont Kome en 1957 pour la Palme d’or, une seule de ses réalisations figurait dans nos catalogues vidéo, Yuki, le secret de la montagne magique (Yuki, 1981), une oeuvre tardive très peu représentative de sa filmographie.

Contes cruels du Bushido, l’adaptation d’une histoire originale par Yoshikata Yoda, scénariste de vingt films de Kenji Mizoguchi, commence et se termine dans le Japon des années 60. Il nous amène du début du XVIIe siècle à la deuxième guerre mondiale en formant une boucle temporelle dans laquelle se déroule, sur sept générations, l’histoire des hommes de la famille Iikura qui ont connu les rigueurs du bushido. Ils sont tous interprétés par le même acteur, Kinnosuke Nakamura, titulaire du rôle-titre de la suite de six films de Tomu Uchida, disponibles dans le coffret Miyamoto Musashi par Tomu Uchida - L’intégrale, édité par Wild Side en 2015.

Contes cruels du Bushido

La vie des samouraïs appartient au seigneur et mourir pour lui est un honneur

Contes cruels du Bushido ajoute à la qualité de sa photographie, tirant bon parti de la largeur du cadre 2.35:1, et à l’adéquation de la musique originale de Toshirô Mayuzumi, un des plus grands compositeurs japonais de musique de films (il recevra un Oscar pour La Bible/ The Bible: In the Beginning… , John Huston, 1966), une approche humaniste de son thème. Il souligne très ouvertement que le bushido était, avant tout, un instrument au service des détenteurs du pouvoir dans le Japon féodal pour mieux dominer les faibles qu’il poussait à s’honorer en obéissant sans contestation à tous les ordres, voire en s’immolant par harakiri (seppuku) pour accompagner dans la mort le maître auquel ils avaient fait serment de loyauté. Tadashi Imai force le trait en montrant, dans les deux derniers contes, la survivance des principes du bushido, non seulement à la disparition de la féodalité, mais, bien au-delà, à la réforme de l’ère Meiji mise en oeuvre en 1868. Cette survivance pourrait même expliquer le geste désespéré de Kyoko.

Contes cruels du Bushido nous est proposé après restauration 4K effectuée en 2020 à partir du négatif original 35mm. C’est la première édition Blu-ray jamais sortie, encore introuvable ailleurs, même au Japon.

Contes cruels du Bushido

Présentation - 2,5 / 5

Contes cruels du Bushido (123 minutes) et ses suppléments (15 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier, de 14 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en japonais, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 3.0 ou 1.0.

Une édition DVD propose le même contenu.

Bonus - 3,5 / 5

Tadashi Imai, le cinéaste du côté des faibles (12’, Allerton Films, 2022, en français) par le professeur Futoshi Koga, historien du cinéma à la Nihon University - College of Art de Tokyo. Assez peu connu du grand public au Japon, mais apprécié par les critiques, Tadashi Imai, né en 1912, très à gauche, très sensible à l’atmosphère du moment, appartient à la deuxième génération de cinéastes japonais, celle d’Akira Kurosawa, précédée par celle de Kenji Mizoguchi, Yasujirô Ozu et Sadao Yamanaka. Il a vécu son âge d’or dans les années 50 jusqu’au début des années 60, en réalisant plusieurs films reconnus par la critique, dont Quand nous nous reverrons (Mata au hi made, 1950), l’adaptation du roman de Romain Rolland, Pierre et Luce. Contes cruels du Bushido est son dernier grand film, emblématique du soutien aux plus faibles qui imprègne son oeuvre. Le bushido, basé sur le bouddhisme et le shintoïsme, prône le strict respect de plusieurs principes : rectitude et justice (Gi), courage (Yu), bienveillance et humanisme (Jin), politesse (Rei), véracité et sincérité (Makoto), honneur (Meiyo) et loyauté (Chugi), que les puissants imposaient aux pauvres, comme le souligne Harakiri (Seppuku, Masaki Kobayashi, 1962). Tadashi Imai se situe entre les grands maîtres et le tournant des années 60 impulsé par Nagasi Oshima et Shôhei Imamura. La juxtaposition du passé avec le présent est certainement une idée de Yoshikata Yoda, scénariste de Kenji Mizoguchi.

Bande-annonce originale (3’).

Contes cruels du Bushido

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), restaurée en 2020, soigneusement nettoyée, stabilisée, finement résolue, est agréablement contrastée, avec des noirs denses et un dégradé de gris bien étalonné, mais des blancs qui auraient gagné à être plus lumineux dans certains plans. On peut aussi relever une très forte réduction du grain, qui a su rester du bon côté de la ligne jaune qu’on ne franchit qu’au prix d’une dénaturation de la texture du 35 mm.

Contes cruels du Bushido

Son - 5,0 / 5

Le son mono d’origine, d’une étonnante propreté, sans souffle, assure un parfait équilibre entre les dialogues et l’accompagnement musical. Il est proposé en deux formats, DTS-HD Master Audio 1.0 et un remixage 3.0 qui donne essentiellement de l’ampleur à l’accompagnement musical.

Crédits images : © 1963 TOEI COMPANY, LTD. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 28 octobre 2022
Le code d’honneur des samouraïs aurait-il survécu à la chute du Japon féodal ? C’est ce que démontre ce grand film, encore inédit, de Tadashi Imai, éminent réalisateur des années 50 et 60, injustement méconnu.

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