Hamlet (1948) : le test complet du Blu-ray

Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre - Boîtier Mediabook

Réalisé par Laurence Olivier
Avec Laurence Olivier, John Laurie et Esmond Knight

Édité par Rimini Editions

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Le 29/11/2022
Critique

Une nouvelle édition surpassant toutes les autres pour un des impérissables chefs-d’oeuvre de William Shakespeare.

Hamlet

Le roi du Danemark est mort. Son spectre apparaît à son fils, le prince Hamlet, et lui révèle avoir été assassiné par Claudius, son propre frère, qui s’est ainsi emparé de sa couronne et de sa femme. Hamlet décide de simuler la folie afin de confondre le couple et de préparer sa vengeance.

Hamlet, sorti en 1948, récompensé par quatre Oscars (Meilleur film, Meilleur acteur, Meilleure direction artistique en noir et blanc et Meilleurs costumes), est le deuxième des sept films, cinq pour le grand écran, deux pour la télévision, réalisés par l’acteur Laurence Olivier. Tous, des adaptations de pièces de théâtre, dont deux autres de William Shakespeare, Henry V en 1944 et Richard III en 1955.

The tragedy of a man who couldn’t make up his mind

Hamlet (The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark), « la tragédie de l’homme qui ne pouvait se décider à agir » selon Laurence Olivier, la pièce la plus longue de William Shakespeare, d’une durée de plus de quatre heures, a été réduite à 2h30 pour l’adaptation qu’en a faite Laurence Olivier au cinéma. Parmi les quelques 1 800 films, téléfilms ou séries inspirés par le répertoire de William Shakespeare, les pièces les plus souvent transposées ont été Macbeth et Hamlet. J’ai, pour cette dernière, recensé 131 adaptations sur IMDb. Et ce n’est pas fini, 5 autres sont en postproduction ou préproduction !

L’adaptation de Laurence Olivier est restée, trois quarts de siècle après sa sortie, l’une des meilleures jamais réalisées, avec celles de Grigori M. Kozintsev, Hamlet I (Gamlet, 1964), de Tony Richardson en 1969, de Franco Zeffirelli en 1990, de Kenneth Branagh en 1996, déplacée du XVIIème au XIXème siècle. On peut aussi citer deux captations coproduites par la BBC, par Rodney Bennet, Hamlet (Hamlet, Prince of Denmark, 1980) et une autre par Gregory Doran, en 2009, transposée à notre époque, avec David Tennant dans le rôle-titre, éditée au Royaume Uni par 2entertain.

Hamlet

To be or not to be, that is the question

Le Hamlet de Laurence Olivier n’est pas une captation de la pièce, mais une réelle mise en scène cinématographique, avec une approche qui insiste sur les incertitudes, donc sur la fragilité du personnage principal. Desmond Dickinson, un chef-opérateur expérimenté (il avait contribué à une cinquantaine de films et reçut pour Hamlet le Prix de la meilleure photographie à Venise) est derrière une caméra très mobile qu’il fait, par exemple dans un plan séquence à 9’, déambuler dans les escaliers et les pièces du château d’Elsinore jusqu’à la rencontre avec le roi. Gros plans alternent avec plans larges. Une photographie qui met en valeur la direction artistique, les costumes et les décors (construits dans les studios Denham et Pinewood), dont l’ampleur et la diversité affirment la forme cinématographique de l’adaptation. Et, au long du soliloque de Hamlet, commençant à 17’, Laurence Olivier ne desserre pas les lèvres : ses pensées sont exprimées en voice over.

Hamlet bénéficie, bien sûr, de l’interprétation de Laurence Olivier, mais aussi d’une belle distribution des rôles secondaires, avec Jean Simmons, encore débutante à 19 ans, nommée à l’Oscar du meilleur second rôle pour celui d’Ophelia, Anthony Quayle, dans celui de Marcellus, John Laurie dans celui de Francisco, Basil Sydney dans celui du roi Claudius… On apprécie encore la partition de William Walton, un des grands compositeurs britanniques du XXème siècle auquel on doit aussi l’accompagnement musical d’une quinzaine de films, nommé à l’Oscar pour celui de Hamlet et d’un autre film de Laurence Olivier, Henry V (The Chronicle History of King Henry the Fifth with His Battell Fought at Agincourt in France, 1944).

Sixième édition en France du Hamlet de Laurence Olivier, celle de Rimini Éditions surpasse indiscutablement toutes les précédentes, grâce à l’apport du transfert en haute définition et, surtout, à la bonne tenue de ses deux compléments exclusifs, un livre de 100 pages et un bonus vidéo de 56 minutes.

Hamlet

Présentation - 5,0 / 5

Hamlet (153 minutes, contre les 133 minutes indiquées) tient, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 logés dans les couvertures d’un Mediabook. Le supplément (56 minutes) est supporté par un troisième disque, un DVD-5.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Un livre de 98 pages, intitulé Hamlet, le film d’un réalisateur qui savait se décider, imprimé sur un beau papier glacé et abondamment illustré, a été écrit pour cette édition par Sarah Hatchuel, présidente d’honneur de la Société Française Shakespeare, enseignante en études cinématographiques et audiovisuelles à l’Université Paul Valéry de Montpellier, deux chapeaux qui la qualifient amplement pour l’ouvrage, divisé en cinq chapitres. Le film d’un réalisateur qui savait se décider, rappelle que Laurence Olivier avait commencé à impressionner son audience à 10 ans dans le rôle de Brutus du Jules César de Shakespeare, avant de se forger une renommée sur les planches et sur la toile, dans des tragédies shakespeariennes, mais aussi dans Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights, William Wyler, 1939) et Rebecca (Alfred Hitchcock, 1940). Son interprétation de Hamlet « marque un tournant dans l’histoire de la pièce au cinéma » avec une insistance sur « la tension extrême entre action et inaction (…), cette contradiction inhérente à la pièce ». Le chapitre suivant, Hamlet d’Olivier : psychanalyse et film noir, rappelle le souhait d’Olivier de faire du film « un essai sur Hamlet », en éliminant du scénario coécrit avec Alan Dent des pans entiers de la pièce pour le focaliser « sur les tourments familiaux et amoureux du personnage principal » pour une adaptation « en film noir gothique (tout comme Welles avec Macbeth la même année) ». Le décor, dans lequel « la caméra acquiert un point de vue distinct, indépendant, omniscient, infatigable, parfois voyeuriste, (…) rend compte des méandres de l’intrigue ». Sarah Hatchuel évoque aussi les seconds rôles, la musique de Willliam Walton, puis, dans le chapitre Héritages du film d’Olivier, les autres adaptations, en commençant par celle de Franco Zeffirelli. Shakespeare et le théâtre Élisabéthain passe en revue l’oeuvre du dramaturge qui domina son époque en Angleterre avant d’acquérir une renommée universelle. Le dernier chapitre, Présence de Shakespeare à l’écran, cite rapidement quelques adaptations de son oeuvre et le livre se referme sur une bibliographie.

Une analyse fine et approfondie du film !

Hamlet

Bonus - 4,0 / 5

Introduction à Hamlet (2022, 56’) par Pierre Kapitaniak, professeur de « civilisation britannique de la première modernité » à l’Université Paul-Valery de Montpellier, notamment auteur de Spectres, ombres et fantômes : Discours et représentations dramatiques en Angleterre (Honoré Champion, 2008). Plusieurs indices permettent d’affirmer que Hamlet, dont il existe trois versions, a été écrite entre 1599 et 1601, après Jules César, les deux tétralogies historiques et la comédie Comme il vous plaira. Hamlet marque un tournant dans la carrière de Shakespeare qui va s’orienter vers les grandes tragédies avec Othello en 1603, Le Roi Lear en 1605 et Macbeth en 1606, qui seront suivies par des contes oniriques, Les Contes d’hiver et La Tempête. Il aurait pu s’inspirer de chroniques historiques et d’une pièce dont on n’a pas retrouvé le texte. Récurrente dans le théâtre anglais de la Renaissance, la figure du spectre, « ange ou démon », réalité ou hallucination, apparaît dans six pièces de Shakespeare, intéressé par le surnaturel, par exemple dans Le Songe d’une nuit d’été et La Tempête. Une grande place est accordée aux monologues (techniquement des soliloques), « monopolisés » par Hamlet. Pierre Kapitaniak souligne que La Pièce dans la pièce, intitulée Le Meurtre de Gonzague, et la folie, destinés à piéger Claudius, étaient couramment utilisés dans la « tragédie de vengeance ». La pièce était représentée au Globe, le théâtre édifié et régi par Shakespeare, de jour, donc sans éclairage, sur une scène avancée vers le milieu de la salle, donc sans décors : l’heure et le lieu étaient précisés par le texte. Il contient autour de 600 néologismes, restés dans la langue anglaise, tels questionable, mobled, pander ou barefaced… témoins de la liberté dont jouissaient les auteurs du théâtre populaire anglais, dans lequel pouvaient se glisser des sous-entendus grivois, tel le country matter (affaire d’état) pouvant, avec deux lettres en moins, devenir une allusion directe au sexe féminin, faite par Hamlet à Ophelia quand il pose sa tête sur ses genoux. La pièce connut un grand succès auprès du public de 1604, passionné par les apparitions du fantôme et la folie de Hamlet, moins par la dimension existentielle qu’elle a prise aujourd’hui.

Cet entretien exclusif, conduit par Jean-Pierre Vasseur, gérant de Rimini Éditions, est un utile complément au film, sans redondance avec le livre de Sarah Hatchuel.

Hamlet

Image - 4,0 / 5

L’image (1080p, AVC), au ratio original de 1.37:1 (donné pour 1.33:1 au dos du Mediabook), laisse apparaître quelques marques de détérioration de la pellicule, surtout des griffures positives. On relève aussi une certaine instabilité lumineuse et un traitement très variable du grain, réduit presqu’à la limite tolérable dans les plans rapprochés de personnages, alors qu’il peut être très grossier dans d’autres, notamment ceux des apparitions du spectre et dans le tout dernier plan du film. Ces inconvénients (probablement explicables par le recours au master utilisé par l’édition Blu-ray ITV Studios sortie au Royaume Uni en 2009) sont assez largement compensés par un net gain de résolution et, surtout, par des contrastes fermes allant de blancs lumineux à des noirs très denses, jamais bouchés.

Hamlet

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, débarrassé des bruits parasites liés au vieillissement de la pellicule, avec une bande passante nécessairement réduite au medium, restitue avec clarté les dialogues, dans un bon équilibre avec l’ambiance et l’accompagnement musical, sujet à quelques saturations dans les passages forte. Le souffle, dont le volume varie d’une scène à l’autre, reste suffisamment discret.

Le doublage en français, trop en avant par rapport à l’ambiance et l’accompagnement musical, au timbre très étouffé, assez mal synchronisé avec le mouvement des lèvres et artistiquement discutable, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Rank Films, Pilgrim Pictures, Two Cities Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Guy
Le 16 octobre 2023
En temps qu'amateur de Shakespeare, je ne pouvais que me procurer cette excellent version de Hamlet, réalisée et interprétée par le grand Sir Laurence Olivier.
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Philippe Gautreau
Le 30 novembre 2022
Sixième édition en France du Hamlet de Laurence Olivier, celle de Rimini Éditions surpasse indiscutablement toutes les précédentes, grâce à l’apport du transfert en haute définition et, surtout, à la bonne tenue de ses deux compléments exclusifs, un livre de 100 pages et un bonus vidéo de 56 minutes.

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