Un marteau pour les sorcières (1970) : le test complet du Blu-ray

Kladivo na carodejnice

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Otakar Vávra
Avec Vladimír Smeral, Elo Romancik et Josef Kemr

Édité par Artus Films

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Le 15/11/2022
Critique

Le rappel d’une terrible chasse aux sorcières en Tchécoslovaquie, à la fin du XVIIème siècle, par un cinéaste à découvrir.

Un marteau pour les sorcières

Moravie, 1670. Pour avoir dérobé une hostie, croyant soigner sa vache ne donnant plus de lait, une vieille femme se fait accuser de sorcellerie. Le seigneur du pays fait alors venir un tribunal de l’Inquisition pour la juger. L’inquisiteur, Boblig von Edelstadt, s’appuie sur le célèbre manuel Malleus maleficarum pour mener les interrogatoires. Mais, très vite, les tortures vont succéder aux dénonciations, et les bûchers vont s’allumer, toujours plus nombreux.

Un marteau pour les sorcières (Kladivo na čarodějnice), sorti en 1970, est le 38ème de la cinquantaine de longs métrages du réalisateur et scénariste tchèque Otakar Vávra (1911-2011). Il n’a été distribué en France qu’en 2017, à Lyon, dans le cadre du dixième Festival Hallucinations Collectives, « Le Festival de l’autre cinéma », et il est le premier film du réalisateur à apparaître dans nos catalogues vidéo.

Le scénario d’Un marteau pour les sorcières, coécrit par le réalisateur et Ester Krumbachová, est l’adaptation d’un roman publié en 1963 par Václav Kaplický (1895-1982) qui reprit le titre, Malleus maleficarum (Marteau des sorcières), d’un traité de démonologie écrit par deux dominicains de Sélestat, Henri Institoris et Jacques Sprenger, commandé et approuvé par le pape Innocent VIII et publié à Strasbourg en 1487. À la fin du générique, un texte s’affiche pour nous dire que le scénario s’est aussi nourri des minutes des audiences d’inquisition dirigées par l’inquisiteur Heinrich Franz Boblig von Edelstadt qui, entre 1678 et 1695, envoya au bûcher une centaine de personnes dans le district de Šumperk, presque exclusivement des femmes.

Un marteau pour les sorcières

La dénonciation de la torture pour arracher des aveux, pouvant rappeler des méthodes utilisées dans la période stalinienne, a limité à quelques salles la sortie du film en Tchécoslovaquie, au lendemain de la sévère répression du printemps de Prague.

Par la femme, le péché est venu au monde

Voilà ce qu’affirme, dans le premier plan du film, alors que des jeunes femmes se baignent, un moine encapuchonné qui apparaîtra d’autres fois pour nous rappeler la nécessité du combat contre le mal, souvent incarné par les femmes dans les religions du livre au Moyen Âge et encore aujourd’hui, pour peu qu’on y prête attention. Le film montre bien qu’il suffisait qu’une femme soit suspectée de sorcellerie, donc de commerce avec le Diable, pour avoir toutes les chances de finir brûlée vive après des aveux arrachés par la torture, par des fausses promesses de clémence ou faute par la prévenue d’apporter la preuve de l’inexactitude des accusations lancées contre elle !

Un marteau pour les sorcières s’inscrit dans la lignée des bons films sur la chasse aux sorcières dont le scénario rappelle des faits réels, tels La Sorcellerie à travers les âges (Häxan, Benjamin Christensen, 1922), Dies irae (Vredens dag, Carl Theodor Dreyer, 1943), Les Sorcières de Salem par Raymond Rouleau en 1957 (et deux autres adaptations du roman d’Arthur Miller sous le titre The Crucible, en 1967 par Alex Segal, en 1996 par Nicholas Hytner), Les Sorcières d’Akelarre (Akelarre, Pablo Agüero, 2020) et, avec une part de fantastique, Macario (Roberto Gavaldón, 1960).

Un marteau pour les sorcières

Un marteau pour les sorcières, bien photographié, propose une bonne utilisation du cadre du CinemaScope et une belle illustration musicale (avec un léger anachronisme : le concerto pour violon de Vivaldi RV 356, joué pour divertir les convives d’un banquet, ne sera composé qu’une quinzaine d’années plus tard). Le film tire aussi profit d’une solide distribution en tête de laquelle s’impose, dans son incarnation de Boblig von Edelstadt, Vladimír Smeral, célèbre en Tchécoslovaquie pour plus de cent rôles au cinéma, puis à la télévision. On a pu le voir en France dans Alouettes, le fil à la patte (Skrivánci na niti, Jirí Menzel, 1969), salué par le Prix FIPRESCI à Berlin, édité en vidéo par Malavida Films en 2011.

Un marteau pour les sorcières, une intéressante surprise, donne envie de découvrir d’autres films d’Otakar Vávra, en particulier Le Bachelier malicieux (Nezbedný bakalár), nommé à Cannes en 1946 pour le Grand prix qui allait devenir la Palme d’or.

Un marteau pour les sorcières

Présentation - 2,5 / 5

Un marteau pour les sorcières (107 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 logé, en compagnie d’un DVD-9 avec le même contenu, dans un digipack à deux volets, glissé dans un étui.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en tchèque, avec sous-titres optionnels, au format audio, Linear PCM 2.0 mono.

Bonus - 1,0 / 5

Diaporama d’affiches et de photos (42”).

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), après restauration en Tchécoslovaquie, respectueuse du grain argentique, déploie un dégradé de gris fermement contrasté et soigneusement étalonné. La subsistance de minuscules points et griffures positifs et négatifs et d’occasionnelles taches plus grosses ne gâche pas la bonne impression d’ensemble.

Son - 4,5 / 5

Le son Linear PCM 2.0 mono restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’ambiance et l’accompagnement musical, rarement affecté par quelques saturations. La restauration a effacé les bruits parasites dus au vieillissement de la pellicule, ne laissant subsister qu’un souffle à un niveau variable, mais suffisamment faible pour n’être pas gênant.

Crédits images : © Filmové studio Barrandov

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 16 novembre 2022
Un marteau pour les sorcières, méconnu, s’inscrit pourtant dans la lignée des bons films sur la chasse aux sorcières. Il rappelle des faits réels, l’exécution, au XVIIème siècle en Moravie, d’une centaine de femmes soupçonnées d’avoir conclu un pacte avec le Diable. À découvrir !

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