Le Diable probablement (1977) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Robert Bresson
Avec Antoine Monnier, Tina Irissari et Henri de Maublanc

Édité par Gaumont

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Le 10/01/2023
Critique

Première édition en haute définition d’une oeuvre à part dans la filmographie de Robert Bresson, après une exemplaire restauration.

Le Diable probablement

Un groupe de jeunes se révolte contre la société, destructrice de la nature, décadente et sans espoir. Parmi eux, Charles, vingt ans, un pur romantique, cherche un sens à sa vie. Mais ses problèmes sentimentaux mêlés à sa difficulté d’exister le plongent bientôt dans un profond désespoir…

Le Diable probablement, l’avant-dernier film de Robert Bresson, a divisé la critique lors de sa sortie en 1977, probablement pour son cadre urbain, loin de celui, bucolique, de Mouchette et, surtout, pour son thème polémique, revendiqué par le cinéaste. « Ce qui m’a poussé à faire ce film, c’est le gâchis qu’on a fait de tout. C’est cette civilisation de masse où bientôt l’individu n’existera plus. Cette agitation folle. Cette immense entreprise de démolition où nous périrons par où nous avons cru vivre. C’est aussi la stupéfiante indifférence des gens, sauf de certains jeunes actuels, plus lucides. »

Le Diable probablement, avec l’insert d’archives filmées, dénonce la pollution des mers par le rejet de mercure dans la baie de Minamata au Japon, de pétrole avec le nettoyage des cuves des pétroliers en pleine mer, des boues rouges de Gardanne. Et aussi la pollution de la terre par l’épandage incontrôlé de pesticides, par l’accumulation des déchets non traités, les essais de bombes nucléaires, les dérives de la consommation avec le massacre des bébés phoques…

Le Diable probablement

Avec Le Diable probablement, Robert Bresson reste cohérent avec sa vision du cinéma, théorisée par ses Notes sur le cinématographe (Gallimard, 1975), toujours obsédé par le besoin d’épurer son art autant qu’il est possible, d’éviter tous les effets, tout en veillant à l’enchaînement rigoureux de chaque plan fixe avec le suivant…

Comme ceux de tous ses films, les personnages sont interprétés par des non-professionnels… qui le sont restés, sauf pour deux de ses découvertes : Anne Wiazemsky (Au hasard Balthazar, 1966) et Dominique Sanda (Une femme douce, 1969). Il ne les appelait pas « acteurs », mais « modèles » et leur demandait d’être eux-mêmes, de ne pas jouer et de dire leurs dialogues avec le minimum d’intonations, presque recto tono.

Une discrète composition originale a été confiée à Philippe Sarde, signataire, trois ans plus tôt, de l’accompagnement musical du film précédent, Lancelot du Lac.

Une démonstration des effets miraculeux d’une restauration parfaite est apportée par celle opérée en 2021, après scan 4K, par le Laboratoire Éclair si l’on compare l’image obtenue à celle de l’édition DVD de 2013.

Le Diable probablement

Présentation - 3,0 / 5

Le Diable probablement (96 minutes) et ses suppléments (54 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 présenté dans un boîtier, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et sonorisé propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Piste d’audiodescription au même format.

Sous-titres pour malentendants et sous-titres anglais.

Bonus - 3,5 / 5

Le Diable… certainement (53’, Gaumont Vidéo, 2022), un documentaire inédit avec les interventions de Gabriela Trujillo, essayiste, directrice de la Cinémathèque de Grenoble, Henri de Maublanc, l’interprète de Michel, et Éric Deroo, réalisateur et assistant de Bresson sur le film. La réplique d’un inconnu dans un bus parisien donne le titre du film. Le Diable, probablement. Il est, pour l’homme du bus, la cause de toutes les catastrophes qui tendent à rendre le monde invivable. La cause qui explique tout et exonère l’homme de toute responsabilité. Gabriela Trujillo rappelle, alors que Bresson était devenu un cinéaste reconnu, que l’aspect polémique du film décontenança une partie de la critique qui lui était attachée. Il a, d’ailleurs, failli être interdit aux moins de 18 ans pour incitation au suicide. Elle souligne l’exposition fréquente d’un fragment d’une image avant qu’elle ne soit montrée intégralement, un des moyens pour Bresson de distinguer le cinéma du théâtre. Son art du découpage et du montage est analysé dans la scène du bus. Éric Deroo raconte ses discussions avec le cinéaste qu’il a côtoyé pendant dix ans, « en permanence à la recherche d’une écriture dépouillée (…) pour mieux désigner ce qui est important ».

Le Diable probablement restauré (2’33”), une comparaison de l’image avant/après restauration 4K par le laboratoire Éclair met en évidence le gain en luminosité, l’affermissement des contrastes, la meilleure densité des noirs et le ravivement des couleurs.

Le Diable probablement

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), très propre, stable, lumineuse, agréablement contrastée, déploie des couleurs naturelles, très soigneusement étalonnées. Le maintien d’un fin grain respecte la texture du 35 mm.

Un bel exemple de restauration !

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, lui aussi très propre, pratiquement sans souffle, assure la clarté des dialogues dans un parfait équilibre avec l’ambiance. Une bonne dynamique met en valeur l’importance que Bresson attachait au son, par exemple dans la séquence de l’abattage des arbres.

Crédits images : © Sunchild, GMF, M. Chanderli

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 11 janvier 2023
L’avant-dernier film de Robert Bresson, une dénonciation de la consommation débridée et de la pollution qu’elle entraîne, nous est, pour la première fois, proposé en haute définition après une remarquable restauration.

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Le Diable probablement
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