Mr. Smith au Sénat (1939) : le test complet du Blu-ray

Mr. Smith Goes to Washington

Réalisé par Frank Capra
Avec Jean Arthur, James Stewart et Claude Rains

Édité par Sony Pictures

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Le 15/03/2023
Critique

Un des chefs-d’oeuvre de Frank Capra enfin disponible en haute définition, parfaitement restauré, avec une abondance de bonus !

Mr. Smith au sénat

Jefferson Smith est très aimé des Boys Rangers, un club de jeunes garçons qu’il dirige. Cet homme populaire et naïf est une affaire pour le gouverneur Hopper et son chef politique Jim Taylor, qui en font un sénateur idéal pour couvrir leurs sombres histoires. Mr. Smith devient alors vite la risée du Congrès et est, malgré lui, compromis dans une affaire louche. Après un moment de découragement et grâce à sa secrétaire, il prend la parole au Sénat et la garde vingt-trois heures durant !

Mr. Smith au sénat (Mr. Smith Goes to Washington), le film le plus connu de Frank Capra après La Vie est belle (It’s a Wonderful Life, 1946), sort en 1939, alors que le réalisateur est au faîte de sa gloire après le succès critique et commercial de New York - Miami (It Happened One Night, 1934), de L’Extravagant Mr Deeds (Mr Deeds Goes to Town, 1936) et de Vous ne l’emporterez pas avec vous (You Can’t Take It with You, 1938), en dépit du relatif échec commercial de l’ambitieux Horizons perdus (Lost Horizon, 1937) qui ébranla l’équilibre financier de Columbia Pictures.

Mr. Smith au sénat, emblématique du cinéma de Frank Capra, démontre que l’intégrité d’un seul individu, aussi innocent soit-il, peut avoir raison du pouvoir de l’argent et du cynisme de certains et changer le cours des choses. Un thème voisin de L’Extravagant Mr Deeds et que reprendra, en 1941, L’Homme de la rue (Meet John Doe). Les réactions offusquées de Washington au film, suggérant qu’un sénateur pouvait être corrompu, n’affectèrent pas le public : le succès commercial dépassa les attentes du réalisateur et de Columbia !

Mr. Smith au sénat

Mr. Smith au sénat, avec l’épuisant monologue devant un sénat hostile, salué par une nomination à l’Oscar d’interprétation masculine, confirmera la renommée de James Stewart, déjà largement soutenue par Vous ne l’emporterez pas avec vous et définitivement consolidée par La Vie est belle. Ce qui certifie la réputation de faiseur de stars justement acquise par Frank Capra. Il lança la carrière de Barbara Stanwyck avec The Miracle Woman (1931), et celle de Jean Arthur, titulaire du second rôle de Mr. Smith au sénat, avec L’Extravagant Mr. Deeds. Claude Rains, déjà très célèbre, fut nommé à l’Oscar du meilleur second rôle pour son interprétation du sénateur Joseph Payne et on retrouve, dans le reste d’une solide distribution, des fidèles du cinéma du réalisateur, Thomas Mitchell, Edward Arnold, etc.

Frank Capra s’engagea en 1942 comme commandant dans l’armée, pour 333 dollars par mois, et réalisa une impressionnante série de sept films de propagande intitulée Why We Fight. À sa démobilisation, attaché à défendre sa liberté que les autres studios étaient disposés à lui accorder et lassé des ingérences de Harry Cohn, décida qu’Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace), tourné en 1941 mais sorti en 1945, serait son dernier film pour Columbia. Il signera avec Warner Bros. pour L’Homme de la rue et fondera, en avril 1945 avec William Wyler et George Stevens, l’éphémère société de production Liberty Films qui sera rachetée en 1947 par Paramount Pictures, après avoir produit La Vie est belle.

Mr. Smith au sénat

Profondément blessé par les suspicions de l’HUAC qui enquêta sur lui, Frank Capra se consacra en 1956 et 1957 à la réalisation de trois moyens métrages d’animation d’éducation scientifique, avant son retour assez douloureux vers un Hollywood dominé par le star-system pour Un Trou dans la tête (A Hole in the Head, 1959), avec Frank Sinatra, et Milliardaire pour un jour (A Pocketful of Miracles), avec Glenn Ford, un remake de son Lady for a Day, un de ses premiers succès populaires, sorti en 1933.

Mr. Smith au sénat, un des chefs-d’oeuvre de Frank Capra, doit aussi beaucoup au talent de ceux qui l’ont assisté pour la plupart de ses grands films : Gene Havlick pour le montage et Joseph Walker pour la photographie, notamment des légendaires prises de scènes de foule. En prime, la partition, nommée aux Oscars, de Dimitri Tiomkin, compositeur de l’accompagnement musical de cinq autres films de Capra.

Mr. Smith au sénat

Présentation - 1,5 / 5

Mr. Smith au sénat (129 minutes) et ses généreux suppléments (3h23, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier, glissé dans un fourreau.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0 et dans un doublage en six langues, dont le français, au format Dolby Digital 2.0 mono.

Pas de sous-titres français pour le film ! N’est offert que le choix fait par l’édition Sony Pictures Home Entertainment sortie aux USA en 2018 : dix langues, dont l’anglais standard et pour malentendants. Une absence d’autant plus étrange que tous les suppléments sont sous-titrés en français et que le doublage du film dans notre langue donne la traduction de nombreux textes apparaissant dans les cadres : pancartes, titres des journaux…

Est aussi disponible une édition DVD, avec le même contenu.

Bonus - 5,0 / 5

Commentaire audio de Frank Capra Jr. (en anglais, sous-titré). Le fils de Frank Capra rappelle l’importance que son père accordait au choix des acteurs, y compris pour les rôles secondaires, son souci de réalisme des décors du sénat et un perfectionnisme qui l’amenait à prendre parfois deux ou trois prises d’une même scène… Il relate des anecdotes de tournage qui lui ont été rapportées par son père, le bon accueil du film : un ami lui a rapporté que Mr. Smith au sénat, un des derniers films américains à avoir été projetés en France avant l’occupation allemande, avait été longuement applaudi par les spectateurs parisiens.

Frank Capra Jr. se souvient de Monsieur Smith au Sénat (1999, 12’, en anglais, sous-titré). Le réalisateur a été attiré par la dimension politique d’un scénario défendant la démocratie, la liberté et le pouvoir des media. Il a noué des liens d’amitié avec James Stewart pendant le tournage de ce deuxième film avec lui. C’était aussi sa deuxième collaboration avec Jean Arthur devenue une star après L’Extravagant Mr. Deeds, incarnant dans les deux films une femme encourageant le héros à se battre.

Conversations avec Frank Capra Jr. (2006, en anglais, sous-titré) :

L’âge d’or (18’). Une évocation de l’année 1939 où sortirent tant de grands films, Autant en emporte le vent, Le Magicien d’Oz… et de l’âge d’or de Hollywood, les années 30 pendant lesquelles Frank Capra a réalisé une quinzaine de films qu’il avait plaisir à faire, auxquels, convaincu de la bonté humaine, il commença à donner une dimension sociale en cherchant à susciter l’émotion. Les films postérieurs à La Vie est belle (1946) ont perdu de leur force.

Mr. Smith au sénat

Frank Capra : collaboration (19’). Devenu, dans les années 30 et 40, un des réalisateurs les plus célèbres, il aimait s’entourer d’une équipe de fidèles, avec le scénariste Robert Riskin, Jean Arthur et d’autres acteurs. Il assistait aux premières pour observer les réactions du public. Il a réussi à un inventer un univers familier, immédiatement reconnaissable.

Une histoire de famille (26’). Frank Capra, arrivé à 6 ans à Los Angeles avec sa famille qui avait quitté la Sicile sans parler un mot d’anglais, allait connaître des débuts difficiles. Il réussit néanmoins à obtenir un diplôme d’ingénieur et, sans un sou en poche, en s’inventant une expérience, à s’introduire à Hollywood. Il écrivit des scénarios, réalisa des films avec Harry Langdon, un premier court métrage en 1929, puis une dizaine de séries B pour Columbia, avec le soutien de Harry Cohn. Entre deux tournages, il passait du temps en famille, toujours une caméra à la main.

Le Frank Capra que je connaissais, par Jeanine Basinger (2006, 13’), conservatrice des archives Frank Capra à Wesleyan University. Amie du réalisateur depuis 1960, elle se rappelle combien il aimait la vie après avoir réussi en partant de rien. Il était attentif aux réactions des spectateurs à ses films et aimait partager sa connaissance du cinéma avec les générations suivantes…

Frank Capra’s American Dream (1997, 109’, en anglais, sous-titré). Ce documentaire, nommé aux Primetime Emmy Awards, a été écrit et réalisé par Kenneth Bowser pour le centième anniversaire de la naissance de Frank Capra. « La vérité sur Frank Capra et ses films est aussi insaisissable et contradictoire que le rêve américain. (…) L’homme et son pays d’adoption se reflètent parfaitement. » Martin Scorsese, John Milius, Robert Altman, Oliver Stone, André de Toth, Michael Keaton, Richard Dreyfus, Peter Falk, Angela Lansbury, Frank Capra Jr., des critiques et des historiens du cinéma louent son sens de la narration, son humanisme, son idéalisme, son éloge de la résilience, sa conscience des ambiguïtés de la société. Le documentaire déroule, avec force détails, l’ascension de la précarité et des petits boulots à la renommée internationale, tout le fil d’une vie dans laquelle le pauvre immigré « s’imagina comme le héros de sa propre success story ».

Ce passionnant document ajoute au récit de la vie de Frank Capra une analyse de son oeuvre, illustrée par de nombreux extraits de films.

Bande-annonce (1’43”).

Bande-annonce internationale (3’55”).

Mr. Smith au sénat

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), restaurée après une numérisation 4K du négatif original, est irréprochable. Stable, lumineuse, agréablement contrastée avec des noirs denses, elle offre un fin dégradé de gris soigneusement étalonné. Une excellente résolution a été obtenue par un affinement du grain sans dénaturation de la texture du 35 mm.

Mr. Smith au sénat

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, étonnamment propre lui aussi, sans souffle, avec une bande passante inévitablement concentrée dans le medium, restitue avec une irréprochable clarté les dialogues, donne une bonne présence à l’ambiance et délivre avec finesse la musique de Dimitri Tiomkin.

Le doublage en français, au format Dolby Digital 2.0 mono, un peu trop en avant, paraît artificiellement plaqué sur l’ambiance. Quelques plans, non doublés, sont automatiquement sous-titrés.

Crédits images : © Columbia Pictures

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 15 mars 2023
Réédition attendue, la première en haute définition, d'un des chefs-d'œuvre de Frank Capra, après une remarquable restauration et la reprise d'intéressants compléments.

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