Music Hole (2021) : le test complet du Blu-ray

Amateurs d’un cinéma marginal, loufoque et politiquement incorrect, offrez-vous ce film belge, garanti pour prévenir ou chasser le cafard.

Francis, petit comptable officiant dans un cabaret miteux de Charleroi, a des soucis conjugaux avec Martine, son épouse. Après une violente dispute, il se réveille un matin pour découvrir une bien mauvaise nouvelle dans son propre congélateur. C’est le point de départ macabre et loufoque d’un polar burlesque parfumé de « gueuze » bien fraîche, de musique tzigane, sur fond de déni de la désagrégation du couple, où vont se croiser toutes les variétés de névrose et de folie.

Music Hole le premier long métrage du Belge Gaëtan Liekens (révélé en 2014 par le court métrage José) et du Français David Mutzenmacher. Venu de Belgique, cet étrange film totalement décomplexé, un cocktail corsé de mauvais goût et de politiquement incorrect, plus subtil qu’il ne pourrait paraître au premier coup d’oeil, vaut d’être découvert

« Au départ, Francis, avec sa femme, il voulait recoller les morceaux »

Cette mise en situation du drame par le narrateur prendra tout son sel quand, plus tard, Francis ouvrira la porte de son congélateur, un geste banal qui transforme en cauchemar une vie terne et sans histoires. Tout ce qu’il voulait, Francis, c’est tenter de reconquérir le coeur de Martine qui le trompait sans vergogne avec son patron, le très louche exploitant de « Chez René », un misérable cabaret. À cette fin, il imagine un plan complètement foireux, au lieu d’envisager une agréable alternative en répondant aux avances de la belle Nadia que son obsession pour Martine l’empêche de décrypter. Ce qui fait dire au narrateur : « Quand t’as d’la mortadelle dans les yeux, faut enlever les pistaches ! »

Le scénario de David Mutzenmacher, habilement construit, sans passages à vide, nous trimballe de flashbacks en flashforwards, sans jamais nous désorienter. Il étale une galerie de personnages aussi truculents et inattendus que les dialogues. En tête de distribution, dans le rôle de Francis, Wim Willaert crève l’écran. Même s’il est plus connu du côté flamand de la Belgique, on avait pu l’apprécier dans Quand la mer monte… (Yolande Moreau, Gilles Porte, 2004).

Music Hole pourra trouver sa place sur l’étagère de Pulp Fiction et, plus précisément tout à côté de deux autres iconiques produits belges, C’est arrivé près de chez vous, concocté en 1992 par le trio Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde et Dikkenek - Grande gueule (Olivier Van Hoofstadt, 2006).

La bande-son a été élaborée en un efficace contrepoint de l’image. S’y invitent Henry Purcell, Richard Wagner et des sonorités tziganes pour une illustration musicale foisonnante, au diapason de la loufoquerie de ce bizarre objet cinématographique.

Apparemment, les acteurs ne se sont pas ennuyés. Nous non plus !

Music Hole (82 minutes) tient sur un Blu-ray BD-25 logé dans un boîtier standard, glissé dans un fourreau.

Le menu animé et musical propose le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.

Sous-titres anglais disponibles.

À l’intérieur du boîtier, une réduction de l’affiche au format A3.

Aucun supplément.

L’image numérique (1080i, AVC), au ratio original 2.39:1 (la jaquette mentionne 2.35:1), finement résolue, agréablement contrastée, déploie ses couleurs naturelles, soigneusement étalonnées.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (une alternative stéréo est proposée), largement ouvert, avec une bonne dynamique, restitue clairement les dialogues et donne une bonne présence à l’accompagnement musical et à l’ambiance qui, à l’exception de quelques séquences, reste cantonnée sur le plan frontal.

Crédits images : © Rockstone Films, EuropaCorp, ELGOlive, Swisskiss, Paramax Films