Scanners (1981) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par David Cronenberg
Avec Jennifer O'Neill, Stephen Lack et Patrick McGoohan

Édité par BQHL Éditions

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Le 05/01/2023
Critique

Film fantastique spectaculaire de science-fiction et de politique-fiction, au propos ambitieux, signé Cronenberg.

Scanners

Canada, Montréal 1980 : le marginal psychopathe Revok manifeste un terrifiant pouvoir à l’occasion d’une conférence scientifique. Il est arrêté mais s’échappe. Le Dr. Paul Ruth, conseiller scientifique de la firme privée qui avait organisé la conférence, sait que Revok vise la domination de la Terre au moyen d’une milice secrète de tueurs pouvant scanner l’esprit de leurs antagonistes, ainsi les dominer et les tuer. Afin de mener une contre-offensive, Ruth identifie, recrute, éduque et entraîne secrètement Cameron Vale, un jeune homme doué de pouvoirs identiques. Vale infiltre la communauté marginale des « scanners » pacifiques (mais par conséquent visés par les attaques meurtrières de Revok) et il tombe amoureux de Kim, leur égérie. Tous deux s’allient pour mener un combat acharné contre Revok. Ce dernier révèle alors à Vale la vérité sur leur origine.

Scanners (Canada 1980) de David Cronenberg demeure le sommet de son âge d’or fantastique et science-fiction, échelonné sur une période assez brève 1975-1981 comprenant 4 titres qui lui confèrent d’emblée son rang de grand cinéaste dans le genre : Frissons (Parasite Murders / Shivers, Can. 1975), Rage (Rabid, Can. 1977), Chromosome 3 (The Brood, Can. 1979), Scanners (Can. 1980).

Tourné rapidement, en deux mois à peine (la production tenait à l’exploiter dans un délai précis lui permettant de récupérer certaines taxes fiscales) dans des conditions parfois difficiles (l’acteur Patrick McGoohan ne se serait qu’assez médiocrement entendu avec l’actrice Jennifer O’Neill) et au prix d’un travail acharné puisque le scénario était écrit en même temps que le tournage, Scanners demeure pourtant, rétrospectivement, probablement le film le plus original et le plus puissant jamais réalisé par Cronenberg. Son scénario avait été rédigé dans une première version dès 1974 puis 1976 : il fut sans doute inspiré par le chapitre Senders du livre d’Edgar Rice Burrough, Le Festin nu (1959) ; livre que Cronenberg adaptera en 1991. Les thèmes parapsychologiques de la télékinésie et de la psychokinésie avaient été déjà illustrés, au cours de la décade 1970-1980, d’une manière souvent remarquable par d’autres cinéastes (notamment Byron Haskin en 1968, Brian De Palma en 1976 et 1978, Jack Gold en 1978, Richard Franklin en 1978) mais ils sont ici mis en scène d’une manière plastiquement originale. Et le traitement de l’histoire est riche : politique-fiction, espionnage, science-fiction, variation freudienne sur le mythe archaïque des frères ennemis, sans oublier un souvenir transposé (du plan physique au plan psychique) du scandale sanitaire de la Thalidomide. Casting remarquable composé de deux vedettes internationales (Jennifer O’Neill et Patrick McGoohan) renforcé par des acteurs canadiens dont certains avaient joué dans des titres insolites et fantastiques, à commencer par Michael Ironside.

Après Scanners, le propos de Cronenberg se raffinera certes plastiquement, à mesure que ses budgets et les prestiges de ses castings augmenteront en passant de la série B à la série A, mais son originalité diminuera ou, du moins, n’augmentera plus vraiment. Ce seront, pour l’essentiel, des variations, certes souvent brillantes (qu’on songe à Videodrome, 1983 avec en vedette la belle chanteuse Deborah Harry alias Blondie), de son thème majeur, à savoir la mutation. De ce point de vue, on peut dire que Cronenberg s’inscrit dans une tradition classique : c’est, en effet, l’un des thèmes majeurs de l’histoire du cinéma fantastique et de science-fiction, des origines muettes à nos jours, et un thème illustré par des cinéastes aussi importants que Jack Arnold et Inoshiro Honda ! Son corollaire, à savoir la modification des relations entre le corps et l’âme, entre le biologique et le psychique, est le second thème de Cronenberg : c’est dans cette catégorie du genre qu’il s’est évidemment le mieux illustré mais sans vraiment se renouveler, en dépit de la variété apparente des sujets illustrés dans la suite de sa filmographie. Et cela, qu’il s’agisse de ses adaptations des écrivains Stephen King (en 1984) ou J.G. Ballard (en 1996), de variations personnelles sur des classiques du cinéma fantastique (1986 et 1988) ou bien encore de scénarios originaux sur des sujets sociologiquement porteurs, plus contemporains mais dont le propos, in fine, demeure foncièrement identique (1999 et 2005).

Scanners

Présentation - 4,0 / 5

1 film sur Blu-ray 50 région B, édité en France le 24 novembre 2022 par BQHL. Format image 1.77 (à partir du 1.85 original) en couleurs, son Linear PCM 2.0. VF d’époque + 5.1 VOSTF, durée du film : 100 min environ. Bonus  : présentation du film par le journaliste Sébastien Gayraud (2022, 50’25”) + « The Eye of Scanners » : entretien avec le chef opérateur Mark Irwin (2013, 15’11”, VOSTF) + « The Chaos of Scanners » : entretien avec le producteur Pierre David (2013, 13’42”, VOSTF) + « Exploding Brains & Popping Veins » : entretien avec le superviseur des maquillages spéciaux Stephan Dupuis (2013, 9’33”, VOSTF) + « Bad Guy Dane » : entretien avec Lawrence Dane (2013, 5’10, VOSTF) + « My Art Keeps Me Sane » : entretien avec Stephen Lack (2013, 23’46”, VOSTF). Visuel gore de la jaquette certes stylisé et qui attire l’oeil mais finalement un peu trop répugnant et peu engageant : je préférais l’affiche originale française pratiquement reprise, concernant le visuel, par la première édition DVD française des années 2000 et par la plus récente édition Pathé.

Scanners

Bonus - 4,0 / 5

Présentation du film par le journaliste Sébastien Gayraud (2022, 50’25”) : c’est le seul bonus franco-français de cette édition et l’unique bonus original puisque les autres se trouvaient déjà dans l’édition Pathé de 2014. Quelques bonnes remarques (le rapport récurrent entre corps torturés et architecture impeccable), quelques informations utiles (les diverses étapes du scénario) mais beaucoup de redites provenant d’informations disséminées dans les bonus américains (notamment les informations fournies par le producteur Pierre David et le directeur photo Mark Irwin). Faut-il, au demeurant, considérer d’emblée comme le fait Sébastien Gayraud que Cronenberg est un cinéaste « gore » ? Je ne le crois pas. Faut-il en outre considérer le « gore », sinon comme un genre à part entière, au moins comme une catégorie du genre fantastique ? Je ne le crois pas davantage. il n’y a, d’ailleurs, aucune relation thématique entre des cinéastes tels que Herschell Gordon Lewis (1929-2016), George A. Romero (1940-2017) et David Cronenberg mis à part, bien sûr, le genre fantastique qu’ils ont illustré tous les trois, chacun à sa manière et selon des visées thématiques très diverses. Les effets spéciaux, les maquillages ne sont que des instruments utilisés à cette fin, nullement une fin en soi : les prendre pour fin en soi alors qu’ils ne sont qu’un moyen, c’est à nouveau commettre l’erreur esthétique fondamentale que commettaient des magazines tels que Mad Movies dans les années 1980. Autrement dit, le cinéma de Cronenberg ne peut pas être placé sur le même plan que celui de Jim Muro : ils ne parlent pas de la même chose. L’avertissement placé au début de ce bonus français (nombreux extraits du film dévoilant ses scènes importantes et même sa fin) vaut pour les autres bonus américains. La longueur de ces extraits augmente, en outre, très inutilement la durée de cette présentation franco-française.

« The Eye of Scanners » : entretien avec le chef opérateur Mark Irwin (2013, 15’11”, VOSTF) : Irwin revient assez précisément sur le tournage et certains effets spéciaux. Il signa la photo de films fantastiques importants de Cronenberg (notamment 1980, 1981 et 1983). Plus intéressant que son intervention concernant le film antérieur de 1979, car ici Irwin fournit des informations inédites et de première main sur le tournage de ce titre de 1980 : difficulté des éclairages concernant l’actrice Jennifer O’Neill, chronologie de la production, par exemple.

« The Chaos of Scanners » : entretien avec le producteur Pierre David (2013, 13’42”, VOSTF) : Pierre David fut, avec Victor Solnicki, producteur exécutif de plusieurs films fantastiques de Cronenberg (1980, 1981, 1983), en compagnie du producteur Claude Héroux. Intéressant et très précis concernant les conditions de la production, ses aspects économiques, fiscaux, financiers mais aussi concernant son tournage et son exploitation, sa réception critique et commerciale. Très intéressante comparaison des tournages et des destinées commerciales de Scanners et Videodrome.

« Exploding Brains & Popping Veins » : entretien avec le maquilleur Stephan Dupuis (2013, 9’33”, VOSTF) : Dupuis était, avec Chris Walas, l’un des deux maquilleurs du film, supervisés par Gary Zeller, responsable des effets spéciaux. Quelques détails techniques savoureux et souvenirs sur Dick Smith, le responsable des effets spéciaux les plus spectaculaires du titre de 1980.

« Bad Guy Dane » : entretien avec Lawrence Dane (2013, 5’10, VOSTF) : l’acteur jouait avec une grande puissance le chef de services de sécurité, corrompu par Revok. Il se remémore brièvement le tournage.

« My Art Keeps Me Sane » : entretien avec Stephen Lack (2013, 23’46”, VOSTF) : l’acteur jouait le « bon » scanner Cameron Vale. Il se remémore d’une manière très vivante l’époque, les conditions dans lesquelles il fut approché par la production, les raisons pour lesquelles il renonça ensuite à faire carrière dans le cinéma. L’anecdote concernant le restaurant de New York vaut, concernant ce dernier point, d’être entendue. Notez que Lack est devenu peintre : on peut observer certaines de ses oeuvres exposées derrière lui, tandis qu’il parle, et on peut ensuite visiter son site internet personnel dont le code est fourni au générique de fin.

Ensemble riche en informations de première main, reprenant les bonus de l’édition Blu-ray française Pathé de 2014 et y ajoutant une présentation inédite de 2022. Notez qu’il existe depuis 2014 aux USA une édition Blu-ray Criterion comportant certains de ces bonus et d’autres encore, notamment un entretien avec l’acteur Michael Ironside qu’il aurait fallu intégrer. Il manque une galerie affiches et photos, en outre, pour obtenir la note maximum.

Scanners

Image - 4,0 / 5

Format 1.77 (légèrement recadré à partir du 1.85 original) compatible 16 / 9, en couleurs. Copie argentique impeccable et transfert vidéo Full HD impeccable, léger recadrage à part. Photo signée Mark Irwin. Impressionnants effets spéciaux mais il ne faudrait pas (contrairement à ce que font la plupart des affiches et des jaquettes) réduire le titre à cet aspect anecdotique. D’autant moins que les séquences urbaines réalistes ou celles des laboratoires sont subtilement stylisées et constamment inspirées. Quelques effets remarquables de macro-cinéma lors de la pénétration dans le circuit informatique. Séquences nocturnes parfaitement définies : noirs profonds et aucune rémanence. Couleurs vives, notamment lors des scènes nocturnes d’action, bien mieux définies en Full HD que sur les anciens DVD. Le tout semble identique à la version Pathé de 2014, avec ce même recadrage 1.77 qui ne respecte pas la version d’origine.

Scanners

Son - 5,0 / 5

Linear PCM 5.1. en VOSTF + 2.0 Mono pour la VF d’époque : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VF d’époque est dramaturgiquement excellente, les voix françaises conviennent bien aux personnages. VOSTF dotée d’une excellente dynamique, d’une haute précision. Belle musique, parfois ample et puissante, de Howard Shore, le compositeur attitré de Cronenberg.

Crédits images : © Filmplan International, Canadian Film Development Corporation

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 6 janvier 2023
Film fantastique spectaculaire de science-fiction et de politique-fiction, au propos ambitieux inspiré par le chapitre d'un roman de E. R. Burrough, adapté et réalisé par Cronenberg.
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Giuseppe Salza
Le 18 septembre 2015
Même s'il est un peu daté aujourd'hui, Scanners reste un film nerveux de David Cronenberg sur la guerre de mutants. Avec deux scènes iconiques : la tête qui explose et la bataille des esprits à la fin.
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Franck Brissard
Le 25 octobre 2014
Pas de commentaire.

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