X (2022) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Ti West
Avec Mia Goth, Jenna Ortega et Brittany Snow

Édité par Kinovista

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Le 23/02/2023
Critique

Film d’épouvante concerté rendant un double hommage à l’histoire du cinéma fantastique et à l’histoire du cinéma érotique.

X

USA, Texas 1979 : la police découvre un carnage dans un domaine rural. Que s’est-il passé ? Retour en arrière, 24H plus tôt : Wayne est le gérant d’un cabaret mais aussi un producteur indépendant de films pornographiques. En compagnie d’un réalisateur cinéphile et de son assistante, de deux actrices et d’un acteur, ils quittent Houston et se rendent dans une propriété isolée, au coeur d’une campagne perdue afin d’y tourner à l’abri des regards un film pornographique 16mm. Ils découvrent trop tard qu’ils sont surveillés par une psychopathe qui a décidé de les punir. La nuit tombe, cauchemardesque, ponctuée de meurtres sanglants. Qui aura la vie sauve ?

X (USA 2022), écrit, réalisé et co-produit par Ti West, est un objet intéressant pour le cinéphile. Il rend hommage, par son esthétique comme par son scénario, à deux périodes précises de deux genres distincts de l’histoire du cinéma américain (le film fantastique d’horreur et d’épouvante de 1970-1980, le film érotique et pornographique de 1975-1980) ici réunis par une étrange histoire. Nombreuses références, concernant le premier genre, à des cinéastes tels que Alfred Hitchcock, Wes Craven, Tobe Hooper, Sean S. Cunningham. Et, concernant le second genre, un élément du scénario (une actrice est la fille disparue d’un puritain) fait écho à l’argument du Hardcore (USA 1979) de Paul Schrader. Sans oublier le rapport du jeune cinéaste (admirateur de la Nouvelle vague) au genre dans lequel il décide d’effectuer ses premières armes : il témoigne assez bien d’une situation historique et sociologique à laquelle furent réellement confrontés, dans les années 1975-1980, un certain nombre de jeunes cinéastes américains.

X

Jusqu’au premier meurtre, la tension de X monte, l’angoisse et la peur s’installent remarquablement, d’une manière à la fois intelligente, intense. Une fois la complicité avérée du vieux couple, l’ambiance paraît brusquement modifiée au profit de ce qui pourrait apparaître comme une comédie macabre : la rupture de ton semble regrettable. Heureusement, l’intrigue sait par la suite rebondir et restituer le climat initial, oscillant entre cauchemar tragique et ironie surréaliste, conférant, au moyen d’un effet de boucle soigneusement construite par le script, une unité finale à l’ensemble. Bonne interprétation, notamment féminine avec Brittany Snow (savoureuse dans le rôle d’une « vamp » désabusée mais assumant avec panache sa condition, à la coiffure blonde oxygénée évoquant autant celles de Seka que de Marilyn Monroe), Jenna Ortega (qui avait joué dans un Wes Craven) et Mia Goth, cette dernière remarquable dans le double rôle d’une jeune fille et d’une femme très âgée, étrange fantôme encore charnel, au maquillage impressionnant.

Ti West avait été remarqué lorsqu’il avait signé Cabin Fever 2 (Cabin Fever 2: Spring Fever, USA 2009) qui était assez sophistiqué sur le plan technique mais qu’il renia par la suite, expliquant que c’était le film des producteurs, pas celui qu’il avait voulu faire. X s’avère non moins brillant sur ce plan : le montage s’inspire, dans les séquences érotiques et fantastiques d’épouvante, des cadrages et des montages d’époque des deux genres ; la direction photo restitue certaines compositions elles aussi typiques des années 1970-1980, sans oublier la texture argentique et colorimétrique des fragments du film 16mm (dont les extraits conservés et montrés au montage sont érotiques « soft », jamais « hardcore »).

X

X de Ti West s’insère dorénavant dans la filmographie de ces deux genres, l’érotisme et l’épouvante, autant par sa volonté de mise en abyme esthétique que thématique. Au premier degré, sa démarche cinéphile serait assez analogue, mutatis mutandis, à celle d’un Edward D. Wood Jr. Au second degré, elle illustre un troisième genre, non moins riche que les deux précédents par sa variété : le cinéma réflexif sur l’histoire du cinéma, se prenant donc lui-même pour sujet, qu’il s’agisse de variations hollywoodiennes, indépendantes ou même underground. Ti West se retrouve, concernant ce troisième genre, successeur de cinéastes aussi divers que Vincente Minnelli (1952 et 1962), Robert Aldrich (1955, 1962 et 1968), Paul Morrissey (1971), John Byrum (1975), John Schlesinger (1975), Paul Schrader (1979), Tim Burton (1994), George Huang (1995), Paul Th. Anderson (1997), Emilio Estevez (2000). La lignée, convenons-en, est honorable.

NB : le personnage de Pearl a donné lieu à un film à part entière - Pearl (USA-Can.-NZ. 2022) de Ti West, écrit par West et l’actrice Mia Goth qui reprend en outre le rôle - constituant la « préquelle » de X, écrit et tourné simultanément à l’occasion d’un confinement en Nouvelle-Zélande pendant la pandémie de Covid-19. L’action débute en 1918 et raconte la jeunesse puis la vie adulte de la tueuse redoutable de X.

X

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray BD50 région B, édité par Kinovista le 16 février 2023. Image couleurs au format 2.40 compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo VOSTF et VF. Durée du film : 105 min. Suppléments : documentaire sur le tournage / « making of » (2022) + The Farmer’s Daughters (1979 / 2022) + Incarner Pearl (2022) + Bande-annonce (2022). Étui et boîtier assez bien illustrés. Avant le menu, bande-annonce de The Innocents.

Bonus - 2,5 / 5

Making of (2022, VOSTF, durée 11 min. 30 sec. environ) : pas trop long, ce qui est bien et d’ailleurs très suffisant pour avoir une bonne idée de la visée esthétique et générique du cinéaste concernant ce titre. Quelques fragments de tournage et quelques entretiens avec les actrices et les acteurs complètent l’ensemble.

The Farmer’s Daughters (2022, VOSTF, durée 5 min. environ) : c’est simplement un montage en continuité des fragments du film 16mm censé être tourné par l’équipe, tels qu’ils sont visibles par instants dans le long-métrage de référence, notamment la séquence (relevant de la catégorie américaine « black and blond » du genre, telle qu’on la nommait dans les années 1975) avec la mignonne Brittany Snow. On ne peut pas vraiment considérer ça comme un supplément au sens strict.

Incarner Pearl (2022, VOSTF, durée 1 min. 30 sec. environ) : l’actrice Mia Goth joue un double-rôle (elle incarne une jeune actrice de X d’une part, une très vieille femme d’autre part) pour lequel on assiste à son long maquillage. Du rapport du maquillage au rôle et rôle du temps de préparation dans la qualité d’interprétation : intéressant.

Bande-annonce (2022, durée 1 min. 35 sec. environ) : sur l’exemplaire reçu, impossible d’activer cette petite section des bonus.

Ensemble léger mais sympathique auquel il manque tout de même une galerie affiches et photos et quelques informations (par exemple l’existence de la « préquelle » tournée la même année 2022).

X

Image - 5,0 / 5

Full HD 1080p AVC, au format large original 2.40 compatible 16/9, en couleurs. Continuité argentique impeccable : les extraits du film 16mm tourné par l’équipe avant son massacre sont au format 1.37 (ici compatible 16/9) et reproduisent bien la texture argentique et la colorimétrie de l’époque. Scènes nocturnes remarquablement définies et précises, surtout en extérieurs naturels.

X

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio 5.1. et 2.0 stéréo en VOSTF (à écouter de préférence) et VF (honnête sans plus) : offre nécessaire mais suffisante pour le cinéphile francophone. Quelques effets sonores et une musiques régulièrement sophistiquée, où des chansons et musiques d’époque sont intégrées à la bande-son.

Crédits images : © A24, BRON Studios, MAD SOLAR

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 24 février 2023
Film d’épouvante concerté rendant un double hommage à l’histoire du cinéma fantastique et à l’histoire du cinéma érotique.

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