Navajo Joe (1966) : le test complet du Blu-ray

Un Dollaro a testa

Édition Collection Silver Blu-ray + DVD

Réalisé par Sergio Corbucci
Avec Burt Reynolds, Aldo Sambrell et Nicoletta Machiavelli

Édité par Sidonis Calysta

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Le 25/04/2023
Critique

Western européen appartenant à l’âge d’or du genre, signé par un de ses meilleurs cinéastes dont l’inspiration flirtait alors parfois avec le surréalisme et le fantastique.

Navajo Joe

Une milice, dirigée par un métisse nommé Duncan, massacre puis mutile une tribu d’indiens Navajo qui vivaient pacifiquement dans leur réserve. L’unique rescapé est Navajo Joe. Il se venge de Duncan en faisant échouer son attaque d’un train transportant un coffre-fort. Nommé shérif du village d’Esperanza, il fait échouer l’attaque de sa banque mais ne peut empêcher un massacre. Capturé par Duncan qui le torture afin de lui faire avouer où est caché l’argent, il est libéré par une métisse indienne : l’affrontement final avec Duncan aura lieu dans les montagnes.

Navajo Joe (Un dollaro a testa, Italie 1966) de Sergio Corbucci (1926-1990) est le sixième western de sa filmographie et l’un des plus importants. Le thème central de son scénario - celui du double maléfique - était déjà celui du dynamique et plastiquement si beau Romulus et Rémus (Ital.1961) de Sergio Corbucci. Son budget bénéficie clairement du succès de Django (Ital.-Esp. 1966) de Sergio Corbucci, distribué un peu plus tôt la même année : ses intérieurs aux détails soignés furent tournés à Rome dans les studios Dino de Laurentis et ses extérieurs le furent dans quatre régions différentes d’Espagne, lui conférant une assez ample variété visuelle. On pourrait rétrospectivement estimer que Les Collines de la terreur (Chato’s Land, USA 1971) de Michael Winner fut plastiquement influencé par certaines séquences de Navajo Joe mais il faudrait savoir si Winner et son scénariste Gerald Wilson avaient visionné ce Corbucci ? Voilà une intéressante question d’histoire du cinéma qui demeure posée.

Navajo Joe

Le goût, alors réel, de Sergio Corbucci pour le fantastique (il avait signé certains titres ou étroitement collaboré au tournage d’autres titres relevant de ce genre au tournant des années 1960) se manifeste, dans Navajo Joe, de plusieurs manières. D’abord par une violence graphique assez élevée qui l’avait fait interdire aux moins de 13 ans à sa sortie cinéma chez nous (une fille est scalpée en ouverture pré-générique) ; aussi par l’aspect parfois inquiétant de la montagne sacrée Navajo (ambivalence typique de l’espace sacré dans la mythologie primitive, y compris dans celle des Indiens d’Amérique du Nord) ; évidemment par les personnages criminels de Duncan (remarquablement interprété par Aldo Sanbrell) et du médecin donnant matière à quelques séquences sadiennes ; enfin par un humour grinçant, une ironie parfois très noire virant alors au surréalisme (par exemple les cadavres des voyageurs massacrés dans le train alors qu’ils se félicitaient de leur arrivée en Amérique).

Autre qualité, commune à l’âge d’or du western européen (1964-1968) : le casting. Celui des films de Corbucci doit certes parfois autant au hasard qu’à l’intuition (souvenons-nous des révélations de Franco Nero et de Ruggero Deodato concernant Django) mais c’est tout de même bien ce cinéaste italien qui donna leur premier grand rôle au cinéma à des acteurs tels que Franco Nero et Burt Reynolds, en cette même année 1966. Notez que Reynolds conservait un très mauvais souvenir du tournage et plaisantait concernant le fait que Sergio Corbucci n’était pas « le bon Sergio » du western européen : de fait, Reynolds avait d’abord cru qu’il tournait pour Sergio Leone. Lorsqu’il constata que ce n’était pas le cas, il voulut renoncer mais le contrat était déjà signé et le producteur Dino de Laurentis tenait à lui car l’acteur avait du sang indien - pas Navajo mais Cherokee - et il avait déjà composé des rôles similaires dans certains épisodes de séries TV américaines. Concernant la plaisanterie de Reynolds, l’histoire du cinéma l’a rendu caduque car elle reconnaît aujourd’hui, dans le genre, trois grands cinéastes prénommés Sergio : Sergio Leone, Sergio Corbucci et Sergio Sollima. Reynolds, ancien cascadeur, aurait exécuté lui-même ses cascades et aurait dirigé les cascades des autres acteurs.

Navajo Joe

Le scénario de Navajo Joe (co-écrit avec Fernando Di Léo) repose sur une base certes puissante, voire shakespearienne mais un peu moins originale que celle sur laquelle reposait Django. Sa forme est davantage novatrice que son fond ; c’est elle qui confère à plus d’une reprise sa modernité stylistique et syntaxique au film : les chevauchées filmées à la longue focale, alternant au montage paysages désolés ou luxuriants avec des gros plans de brutes ; le visage presque karloffien, sous certains angles, de Burt Reynolds ; le bleu du ciel opposé à la pierre d’une manière presque hyper-réaliste lors du combat final ; les scènes d’amour avec Nicoletta Machiavelli (issue de la famille de l’auteur du Prince et des Discours sur Tite-Live) réduisant au minimum les dialogues et la psychologie, les remplaçant par les beaux éclairs des regards. Ce triomphe occasionnel du regard sur le dialogue, cette primauté récurrente de l’image brute sur la séquence, ce qu’il faut bien appeler cette liberté énergique parfois inattendue du style, liberté qui n’exclut pas le raffinement ni la nuance, c’est une des caractéristiques notables de la mise en scène de Sergio Corbucci durant son âge d’or filmographique 1961-1968, quel que soit le genre servi.

Navajo Joe

Présentation - 2,0 / 5

1 Blu-ray BD50 région B + 1 DVD 9 édités par Sidonis, collection Silver Blu-ray, le 07 avril 2023. Image couleurs au format 2.35 compatible 16/9 en 1080p Full HD sur le Blu-ray. Son VF d’époque et VOSTF en DTS HD Master audio 2.0. mono. Durée du film : 92 min. 25 sec. environ sur Blu-ray. Suppléments : présentation par Jean-François Giré + bande-annonce originale. Illustration du surétui et de la jaquette reprenant un fragment des affiches d’époque.

Bonus - 2,5 / 5

Présentation par Jean-François Giré (2023, 12 minutes environ) : Giré avait déjà présenté le film sur l’ancienne édition DVD Wild Side Vidéo, collection Les Introuvables en 2009. Sa présentation 2023 est au courant de l’histoire du cinéma (détail concernant le choix initial de Marlon Brando par Dino de Laurentis) et illustré par quelques extraits du film et une ou deux affiches.

Bande-annonce originale (1966, format large respecté, durée 1 min. 50 sec. environ, VO américaine) : en état argentique moyen (poussières), au grain prononcé, au montage dynamique.

Ensemble honnête sans plus et nettement plus léger que les bonus de l’ancienne édition DVD Wild Side Vidéo de 2009 qui comprenait un précieux jeu de photos d’exploitation d’époque.

Navajo Joe

Image - 4,0 / 5

Format 2.35 TechniScope compatible 16/9, en Technicolor et Full HD sur Blu-ray. L’ancienne édition DVD Wild Side Vidéo de 2009, établie à partir d’une copie américaine, comportait des plans inédits au cinéma en France. Cette édition Blu-ray Sidonis de 2023 les intègre également sur la VF d’époque. Belle direction de la photographie signée Silvano Ippoliti. Copie argentique restaurée (avec générique anglais quelle que soit la version sonore sélectionnée) en parfait état : aucune rayure, aucune griffure, aucune poussière ne subsistent. Sur le plan numérique, étalonnage soigné mais privilégiant le lissage par rapport au grain ; définition de certains rares plans d’ensemble parfois un petit peu moins précise que celle du restant des plans.

Navajo Joe

Son - 2,5 / 5

VF d’époque et VOSTF anglaise internationale : offre suffisante pour le cinéphile francophone mais on peut tout de même regretter l’absence d’un VO italienne d’époque. On se doute que Burt Reynolds y était post-synchronisé mais on aurait entendu, en revanche, très probablement la véritable voix de Nicoletta Machiavelli. Offre sonore d’ailleurs identique à celle de l’ancienne édition DVD Wild Side Vidéo de 2009. Je recommande de privilégier la VF d’époque Dolby Mono (dramaturgiquement soignée) qui est devenue une version intégrale car on lui a directement adjoint au montage, à leur place précise, les séquences et plans autrefois manquants à l’exploitation cinéma en France : on leur a rajouté des sous-titres. Musique à base de choeurs, parfois assez puissante et belle mais parfois un peu répétitive et inutilement lancinante, signée Ennio Morricone (sous pseudonyme au générique américain).

Crédits images : © C.B. Films, Dino de Laurentiis Cinematografica

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 26 avril 2023
Western européen appartenant à l’âge d’or du genre, signé par un de ses meilleurs cinéastes dont l’inspiration flirtait alors parfois avec le surréalisme et le fantastique.

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