Réalisé par René Clair
Avec
Annabella, George Rigaud et Raymond Cordy
Édité par Tamasa Diffusion
Les lampions du bal appellent à la fête. C’est aujourd’hui le 14 juillet. Jean, chauffeur de taxi, et Anna, une jeune fleuriste, s’avouent leur amour.
Quatorze juillet, sorti en 1933, le quatrième film parlant de René Clair après Sous les toits de Paris (1930), Le Million (1931) et À nous la liberté (1931), met en images un scénario original du réalisateur sur le thème tout simple d’une relation amoureuse contrariée par un quiproquo.
Il tournera ensuite Le Dernier milliardaire avant de partir pour les USA où il réalisera, en une dizaine d’années, sept appréciables longs métrages, parmi lesquels Fantôme à vendre (The Ghost Goes West, 1935), Ma femme est une sorcière (I Married a Witch, 1942), C’est arrivé demain (It Happened Tomorrow, 1944) et Dix petits indiens (And Then There Were None, 1945).
Quatorze juillet s’inscrit dans la continuité des trois premiers films parlants, avec, en héritage du muet, une relative économie de dialogues, avec mission pour l’image de raconter l’histoire et communiquer les émotions. Une belle place accordée aux gags visuels et à la musique, avec, en leitmotiv, la belle mélodie de la chanson À Paris, dans chaque faubourg, composée par Maurice Jaubert qui eut le temps de signer une petite trentaine de partitions pour le cinéma, dont celle de Drôle de drame, avant de tomber sous les balles allemandes en 1940, à l’âge de 40 ans.
Quatorze juillet réunit l’équipe des films précédents : Georges Périnal derrière la caméra, René Hubert pour les costumes, Lazare Meerson, toujours assisté par d’Alexandre Trauner, pour les deux beaux décors des rues de Paris, l’un avec des escaliers évoquant la Butte Montmartre.
On retrouve aussi dans la distribution des familiers de René Clair. Annabella (1905-1996) dont le rôle de Béatrice dans Le Million avait lancé la carrière après qu’elle se soit fait connaitre en 1927 par deux rôles secondaires dans le Napoléon d’Abel Gance. Parmi la quarantaine de rôles qu’elle tint avant de se retirer du cinéma en 1952, on retiendra notamment sa contribution à trois films sortis en 1935, La Bandera de Julien Duvivier, L’Equipage d’Anatole Litvak et Veille d’armes de Marcel L’Herbier. Et l’on retrouve, tout au long du film, Raymond Cordy, dans le rôle d’un chauffeur de taxi, Paul Ollivier dans celui d’un vieux beau éméché et Pola Illéry dans celui d’une ex-maîtresse de Jean.
Un nouveau venu dans « la troupe » de René Clair, sous la casquette de Jean, son premier grand rôle : George Rigaud. Pour l’état civil Pedro Jorge Rigato Delissetche, connu en Argentine, là où il est né en 1905, sous le nom de Jorge Rigaud, il fit une de ses premières apparitions sur les écrans français dans le Fantômas de Pál Fejös, en 1932, avant d’entamer une carrière internationale aux USA, au Royaume Uni, en Italie, en Allemagne, en Argentine et, surtout, en Espagne : plus de 200 rôles, d’un intérêt aléatoire, jusqu’en 1982.
Quatorze juillet est ressorti en salles en décembre 2022, en même temps que Sous les toits de Paris, À nous la liberté et Le Million. Les quatre films avaient été édités en octobre 2023 par Tamasa Diffusion dans le coffret Blu-ray/DVD René Clair l’enchanteur, toujours disponible, avant d’être réédités séparément en mars 2024.
Un carton indique que le film a été restauré en 2019 par le laboratoire Hiventy après scan 4K du négatif original nitrate et du négatif son, d’un marron et d’un contretype safety.
Quatorze juillet (91 minutes) et ses suppléments (27 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-25 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un fin Digipack à deux volets.
Le film est proposé au format audio Dolby Digital 2.0 mono.
Sous-titres pour malentendants.
Piste d’audiodescription Dolby Digital 2.0.
Une restauration complexe (2022, Les Films du Désordre, 21’) par Céline Charrenton, responsable des Restaurations et Opérations spéciales chez TF1 Studio. Quatorze juillet a été celui des quatre films du coffret le plus difficile à restaurer en raison du mauvais état des sources : une seule bobine sur onze du négatif nitrate original encore exploitable, un marron sur lequel manquait une bobine, trouvée sur un contretype. Donc un défi à relever : équilibrer les différences entre sources de générations successives, mais sans pouvoir corriger un manque de définition. Pour le son, récupéré sur cinq des onze bobines nitrate et sur le marron, il fallait adoucir la stridence des voix. La restauration se déroule en plusieurs étapes : la réparation mécanique de la pellicule (collures, striures, perforations), la numérisation de l’image (souvent en immersion) et, parallèlement, du son (à l’aide d’une machine appelée « Résonnance »). Puis viennent les arbitrages techniques et économiques, notamment sur la conduite à tenir vis-à-vis des photogrammes manquants. Commence alors la restauration numérique, semi-automatique ou image par image, dans le but d’assurer « un confort visuel et sonore actuel », de révéler les détails dans les noirs et les blancs, en évitant « d’ajouter des défauts aux défauts (…) ou de réinventer le film ». Enfin, l’étalonnage visant l’obtention d’une « image cinéma »
.Bande-annonce 1933 (5’35”).
Teaser de René Clair l’enchanteur (1’31”), un coffret de 4 Blu-ray et 4 DVD édité par Tamasa Diffusion en octobre 2023, encore disponible.
L’image, au ratio d’origine de 1.20:1 (celui des premiers films parlants avec une piste sonore qui grignotait le cadre de l’image, avant que ne se généralise le « format académique » de 1.37:1), donné pour 1.37:1 au dos du Digipack, a été encodée au standard 1080p, AVC. Elle est, dans l’ensemble, de bonne qualité, assez bien stabilisée, débarrassée des plus grosses marques de dégradation de la pellicule et offre une fermeté des contrastes et un agréable dégradé de gris mettant en valeur la beauté de la photographie et des décors. D’excellents résultats obtenus à partir de sources très détériorées !
Le son, au format Dolby Digital 2.0 mono a, lui aussi, été bien nettoyé : peu de bruits parasites, mais un souffle, d’un niveau variable, le plus souvent assez discret. Dialogues et passages musicaux sont restitués avec une bonne clarté. Le principal défaut affecte les passages musicaux, altérés par des stridences et des saturations.
Crédits images : © Films Sonores Tobis