Réalisé par Erwan Le Duc
Avec
Nahuel Pérez Biscayart, Céleste Brunnquell et Maud Wyler
Édité par Pyramide Vidéo
Étienne a vingt ans à peine lorsqu’il tombe amoureux de Valérie, et guère plus lorsque naît leur fille Rosa. Le jour où Valérie les abandonne, Étienne choisit de ne pas en faire un drame. Étienne et Rosa se construisent une vie heureuse. Seize ans plus tard, alors que Rosa doit partir étudier et qu’il faut se séparer pour chacun vivre sa vie, le passé ressurgit.
La Fille de son père, film de clôture de la Semaine de la Critique en 2023, est le deuxième long métrage d’Erwan Le Duc après Perdrix (2019), sur un scénario original qu’il a lui-même écrit, simple avec de beaux dialogues sonnant juste. Il a parallèlement réalisé les six épisodes de la minisérie Sous contrôle, créée par Charly Delwart et diffusée par Arte en octobre 2023.
Le bonheur, c’est un truc tranquille
La Fille de son père s’ouvre sur la courte idylle d’Étienne et Valérie, de la première rencontre à la séparation, résumée en moins de cinq minutes par un enchaînement trépidant de plans très courts pris par une caméra agitée, avant que tout ne redevienne paisible, du moment où Étienne se retrouve seul avec Rosa sur les bras, encore nourrisson. Une tendre complicité se noue entre la fille et son père. Un bonheur tranquille, sans nuages… jusqu’à l’approche du jour où Rosa va s’envoler du nid pour entrer à l’École des Beaux-Arts de Metz.
La Fille de son père doit beaucoup à ses deux acteurs principaux. D’abord Céleste Brunnquell, remarquée à 18 ans, dès son premier rôle, celui de Camille, dans Les Éblouis (Sarah Suco, 2019) qui lui valut d’être nommée pour le César du meilleur espoir féminin. On l’a revue depuis dans une dizaine de rôles, notamment en 2021 dans la saison 1 de la série En thérapie, en 2022 dans le rôle-titre du délicat Fifi de Jeanne Aslan et Paul Saintillan. Et Nahuel Pérez Biscayart, Prix Lumière du meilleur acteur et César du meilleur espoir masculin pour 120 battements par minute (Robin Campillo, 2017), campant un père à mi-parcours entre la sortie de l’adolescence et l’approche de la quarantaine. Ils sont bien secondés par Maud Wyler, dans le rôle d’Hélène, chauffeur de taxi et pianiste à ses heures, et Mohammed Louridi, dans celui de Youssef, l’amoureux platonique de Rosa, investi dans l’écriture d’un interminable poème épique.
La Fille de son père, un film réussi, tendrement émouvant, empreint de poésie, confirme le talent d’Erwan Le Duc. Autodidacte, il a fait ses gammes en réalisant, depuis 2011, cinq courts métrages (dont trois sont proposés en bonus) et sait prendre son temps.
La Fille de son père bénéficie aussi de l’expérience d’Alexis Kavyrchine qui fut le chef-opérateur de Perdrix et de plus de 80 films, dont Adieu les cons d’Albert Dupontel, salué en 2021 par le César de la meilleure photographie. Il met en valeur les décors naturels, notamment les ruelles étroites du vieux Metz.
La composition de Julie Roué pour quatuor à cordes, flûte traversière, harpe et bodhrán, un tambour irlandais, s’accorde harmonieusement à la tonalité du film, dans lequel on découvre incidemment le kalimba, un curieux instrument à lames originaire de l’Afrique subsaharienne.
La Fille de son père (91 minutes) et ses généreux suppléments (98 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier, glissé dans un fourreau.
Le son est proposé dans deux formats, DTS-HD Master Audio 5.1 ou stéréo 2.0.
Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0.
Sous-titres pour malentendants.
Une édition DVD est disponible, au même prix.
Entretien avec Erwan Le Duc par Brefcinema (9’). Interrogé par le critique Olivier Pélisson (Brefcinema, Bande à part), il dit avoir été très occupé en 2023 par la réalisation de deux miniséries pour ARTE France, Sous contrôle et Le Monde n’existe pas, et de La Fille de son père, « une sorte de continuité de Perdrix », Étienne pouvant être le frère de Pierre Perdrix. L’alchimie entre Nahuel Pérez Biscayart et Céleste Brunnquell a permis de « filmer le regard de l’un sur l’autre ». Sans pression commerciale, les courts métrages ont été « un laboratoire » pour lui qui n’était pas passé par une école de cinéma, une possibilité de « pousser tous les curseurs (…), d’ouvrir les vannes de l’onirisme » avec Le Soldat vierge. Suivre La Fille de son père dans les festivals qui l’avaient sélectionné fut « joyeux ».
Trois courts métrages d’Erwan Le Duc :
Jamais jamais (2014, 29’, 1.85:1, DTS-HD MA 2.0 stéréo). Françoise Ruiz et Clémentine Arpinon, lieutenants de police dans le même commissariat, mènent toutes les deux une vie sentimentale compliquée. En fouillant le sac de Clémentine, Françoise découvre un test de grossesse. Elles sont appelées pour faire cesser un tapage nocturne… Avec une illustration musicale composite : Allegro assai du Concerto brandebourgeois n° 2, F**k th Pain Away par le groupe Peaches…
Miaou miaou fourrure (2015, 23’). Un manoir, en Bretagne, l’été. Alice, la soixantaine, fête son anniversaire avec ses deux enfants, Stéphane et Joséphine, qui s’entendent comme chien et chat. Soucieuse de les réunifier, Alice choisit de disparaître. À sa manière, radicale. Un essai surréaliste.
Le Soldat vierge (2016, 37’), sélectionné par la Semaine de la Critique à Cannes en 2016. Jérôme, un soldat grièvement blessé confie à Daniel, son compagnon d’arme, qu’il est vierge et qu’il ne veut pas mourir sans avoir fait l’amour. Un ennemi, son arme pointée sur eux, dit à son colonel ce qu’il lit sur leurs lèvres… Jérôme, dans ses hallucinations, voit Shinigami, la Grande Faucheuse japonaise et Väinämöinen, le barde de l’épopée finlandaise Kalevala.
Bandes-annonces de La Fille de son père (1’41”) et de trois autres films au féminin récemment édités par Pyramide Vidéo : La Vénus d’argent (Héléna Klotz, 2023), Le Théorème de Marguerite (Anna Novion, 2023), sélectionné à Cannes, et Sur la branche (Marie Garel-Weiss, 2023).
L’image numérique, au ratio originel de 1.85:1, encodée au standard 1080p, AVC, finement définie, lumineuse et agréablement contrastée, déploie une palette de couleurs naturelles.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) assure la clarté des dialogues et délivre le bel accompagnement musical avec la finesse attendue. Le cantonnement de l’ambiance sur le plan frontal limite l’effet immersif et les différences entre les deux formats proposés.
Crédits images : © Domino Films