Réalisé par Václav Vorlíček
Avec
Libuse Sáfranková, Pavel Trávnícek et Carola Braunbock
Édité par Artus Films
Fille d’un seigneur, Popelka, reléguée au rang de domestique à la mort de son père par une marâtre acariâtre et Dora, sa fille d’un autre lit, croise par hasard le chemin du prince héritier de la couronne. Sur ordre du roi, il devra choisir sa fiancée parmi les prétendantes invitées à un grand bal. Le prince, peu pressé de se marier, sera pourtant ébloui par Popelka qui a réussi à s’introduire dans la salle de bal, revêtue d’une magnifique robe obtenue par le pouvoir magique de trois noisettes…
Trois noisettes pour Cendrillon (Tri orísky pro Popelku), réalisé en 1973 par Václav Vorlíček, est l’adaptation du conte pour enfants de Božena Němcová (1820-1862), une des variations sur un personnage du folklore médiéval européen, appelé Cendrillon en France, Popelka en Tchécoslovaquie. Il inspira au Napolitain Giambattista Basile La Gatta Cenerentola, publié après sa mort en 1632, à Charles Perrault en 1697 Cendrillon ou la petite pantoufle de verre, à Jacob et Wilhelm Grimm en 1812 Aschenputtel…
Trois noisettes pour Cendrillon met en images une adaptation coécrite par le réalisateur et František Pavlíček, auteur en 1967 du scénario du chef-d’oeuvre de František Vláčil, Marketa Lazarova. Son nom n’apparaît pas au générique : auteur interdit par le parti communiste de 1969 à 1989, il a fait signer le scénario par Bohumila Zelenková.
Trois noisettes pour Cendrillon est le neuvième film de Václav Vorlíček (1930-2019). Cinéaste en marge de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, il s’était fait connaître hors de ses frontières par Qui veut tuer Jessie ? (Kdo chce zabít Jessii? , 1966), Fin de l’Agent W4C par l’intermédiaire du chien de Monsieur Foutska (Konec agenta W4C prostrednictvím psa pana Foustky, 1967) et Monsieur, vous êtes veuve (Pane, vy jste vdova! , 1971), des comédies burlesques, un genre récurrent de sa filmographie avec les contes fantastiques, auxquels il reviendra, notamment en 1978 avec Comment on réveille les princesses (Jak se budí princezny), une adaptation de La Belle au bois dormant.
Trois noisettes pour Cendrillon est une plaisante découverte. Pour l’entrain d’une mise en scène sans temps mort, pour la photographie de Josef Illík, chef-opérateur de l’intéressant Un marteau pour les sorcières (Kladivo na čarodějnice, Otakar Vávra, 1970, une autre sortie inédite d’Artus Films), pour la beauté des paysages et des décors naturels et l’inventive extravagance des costumes, pour la musique originale de Karel Svoboda.
Un autre bel atout du film est, dans le rôle-titre, Libuse Safránková, 19 ans au moment du tournage, popularisée en Tchécoslovaquie par plus d’une centaine de rôles, surtout à la télévision. Elle a aussi contribué à quelques films importants, par exemple à Mon cher petit village (Vesnicko má stredisková, Jiří Menzel, 1985).
Cette première édition française sur disque optique permettra aux cinéphiles de découvrir, en haute définition, Trois noisettes pour Cendrillon, un film qui ne fut pas distribué dans nos salles. Il a été parfaitement restauré en 2015, après numérisation du négatif original, par Magyar Filmlabor à Budapest, sous la supervision des Archives Nationales du Film de la République Tchèque.
Trois noisettes pour Cendrillon (88 minutes) et ses suppléments (32 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9, logés dans un Digipack à deux volets, glissé dans un étui.
Le film est proposé dans sa langue originale, le tchèque, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Linear PCM 2.0 mono.
La Cendrillon de Bohème : Présentation du film par Christian Lucas (Artus Films, 2024, 27’). Après une revue des films majeurs de Václav Vorlíček, cinéaste de la Nouvelle Vague « peu engagé politiquement » qui centra son oeuvre sur la « comédie loufoque », puis sur le fantastique et le merveilleux, également réalisateur de remarquables séries, Christian Lucas rappelle l’origine du conte de Cendrillon, la carrière de Libuse Safránková et de Pavel Trávníček, l’interprète du prince. Il rapporte aussi quelques anecdotes, le remaniement du scénario entraîné par le report en hiver d’un tournage initialement prévu en été, la duplication sur une autre machine à écrire du scénario pour mettre František Pavlíček à l’abri de poursuites… Il souligne le tempérament de l’héroïne, loin de la « potiche » imaginée par Walt Disney, sa connexion avec la nature qui la dispense du secours d’une fée pour réaliser ses voeux, et la beauté de Trois noisettes pour Cendrillon, encore aujourd’hui vu comme le film de Noël dans plusieurs pays est-européens.
Galerie photos : Diaporama (3’) de 6 affiches et 24 photos du film.
Bande-annonce (1’29”).
L’image, au ratio d’origine de 1.37:1, réencodée au standard 1080p, AVC, d’une impeccable propreté, déploie des couleurs ravivées, étalonnées dans une palette évitant tout excès de saturation. Une résolution optimale a été obtenue avec un affinement du grain qui a su s’arrêter juste avant de dénaturer la texture du 35 mm.
Le son mono d’origine, tout aussi propre, au format non compressé Linear PCM 2.0, avec une dynamique et une ouverture de la bande passante appréciées, restitue, avec netteté et dans un bon équilibre, les dialogues et l’ambiance et met en valeur la partition symphonique originale.
Ce constat s’applique au doublage soigné, utile pour un film destiné aux enfants.
Crédits images : © DEFA, Filmové studio Barrandov